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Vingt-quatrième dimanche ordinaire A - 15 septembre 2002
 
L'impossible pardon?

Le pardon entre frères (Matthieu 18, 21-35)
Autres lectures:Ben Sirac le Sage 27, 30 - 28, 7; Ps 102 (103); Romains 14, 7-9

Dans la région de Québec au début de l'année, une femme a causé la mort d'une fillette en la soumettant à une longue douche froide. Elle a écopé d'une peine de quatorze années de pénitencier. La sentence prononcée, la mère de la petite aurait déclaré : «Dans quatorze ans je serai là et je ne la laisserai pas sortir ». Sans porter de jugement sur l'attitude de la dame, une conclusion s'impose: pardonner ne va pas de soi, surtout dans des circonstances aussi pénibles. Et même pour les fautes mineures, le pardon n'est ni automatique ni naturel. Aussi, beaucoup de chrétiens et de chrétiennes ressentent un malaise à prononcer ces mots du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Si nous demandons à Dieu de pardonner comme nous-mêmes, ça promet!

     Notre parabole aide à dénouer l'impasse. Il y est question de dettes. Une dette, dans le Nouveau Testament, peut aussi désigner les fautes commises envers le prochain. Traduit littéralement, le Notre Père se lirait d'ailleurs : «Remets-nous nos dettes comme nous les remettons nous-mêmes...» (Mt 6, 8). Dans la parabole, un serviteur doit à son maître l'immense montant de soixante millions de pièces d'argent. Autant dire qu'il n'arrivera jamais à rembourser cette fortune. Le maître accepte néanmoins de lui remettre la dette. Or, à peine le dos tourné, le serviteur s'attaque à un de ses emprunteurs et le fait jeter en prison. La dette de cet homme ne s'élevait pourtant qu'à cent pièces d'argent! Voilà qui soulève la colère du maître qui venait de poser un geste d'une exemplaire bonté. L'intransigeance du serviteur se retourne contre lui : il est livré aux bourreaux.

     Quel portrait cette parabole donne-t-elle de Dieu? 1- L'initiative du pardon vient de Dieu : le maître est le premier à décider de remettre la dette. 2- Le pardon de Dieu atteint des proportions démesurées. Le montant de la dette est symbolique : il montre que Dieu pardonne au-delà de l'imaginable. 3- Dieu pardonne afin d'inspirer le pardon, d'inciter ses enfants à se montrer à leur tour miséricordieux envers les autres. 4- Le refus de pardonner empêche le pardon de Dieu de se réaliser vraiment. C'est se condamner à une perpétuelle souffrance. Car le pardon, même s'il n'a rien d'automatique et d'immédiat, fait partie d'un processus de guérison.

     La demande du Notre Père s'éclaire à présent d'un nouveau jour. Il ne s'agit pas d'implorer Dieu de pardonner à la manière humaine. La parabole le montre bien : Dieu pardonne le premier et dans une mesure inconcevable pour nous. Nous lui demandons plutôt de trouver dans son pardon la force de pardonner comme lui. Ou peut-être plutôt la force de nous approcher un tant soit peu de l'insondable richesse de son pardon.

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1892. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Un Nom en héritage