Nazareth, la patrie de Jésus
 

Nazareth est la plus grande ville de la Galilée, et probablement aussi la plus fréquentée par les touristes chrétiens. Selon les évangiles, il s'agit de la « patrie » de Jésus et, comme ailleurs en Terre sainte, les chrétiens n'ont pas manqué de chercher à établir des rapprochements avec certains passages bibliques.
 

La ville de Nazareth vue du nord-est
(photo : BiblePlaces.com)

Grotte et puits

     L'endroit le plus visité à Nazareth est la basilique de l'Annonciation, érigée sur le site que la tradition chrétienne, depuis l'époque byzantine, a associé à celui de l'apparition de l'ange Gabriel à Marie (Lc 1,26-38). La basilique est constituée de deux églises superposées. Dans celle située au niveau inférieur, se trouve la « grotte de l'Annonciation », où Marie aurait vécu. Dans l'église à l'étage, où se réunit la communauté chrétienne catholique de Nazareth, ainsi que sur le mur d’enceinte du parvis de la basilique, on peut admirer de belles fresques contemporaines qui proviennent de partout à travers le monde et qui représentent la Vierge et l’enfant Jésus.
 

Représentations vietnamienne et thaïlandaise de la Vierge
(photo : C. Boyer)

     La construction de la basilique date du milieu du XXe siècle. Lors des travaux, des fouilles archéologiques ont eu lieu et ont mis au jour les vestiges d'une église croisée (XIIe siècle), d'une église byzantine (Ve siècle), ainsi que quelques vestiges datant peut-être du Ier siècle, comme des fondations d'habitations, des aires d'entreposage, des silos et des presses à huile. La basilique a été construite de façon à ce qu'il soit possible d'observer ces restes archéologiques depuis l’esplanade.
 

Une partie du site archéologique sous la basilique
(photo : C. Boyer)

     Une autre tradition chrétienne situe ailleurs le lieu de l’Annonciation : l'ange Gabriel serait apparu à Marie alors qu'elle puisait de l'eau à un endroit appelé aujourd'hui « le puits de Marie ». Une petite église grecque orthodoxe, l'église Saint-Gabriel, y a été érigée.
 

L’entrée de l’église Saint-Gabriel
(photo : C. Boyer)

     Ces rapprochements entre certains lieux et des récits évangéliques n'ont évidemment aucun fondement historique. C'est le cas aussi des cavités qu'on peut observer dans le sous-sol de l'église Saint-Joseph et qui auraient constitué l'atelier du père de Jésus. Même chose pour l'église de la synagogue où Jésus aurait prêché et d'où il aurait été chassé (Lc 4,16-30).

Un modeste village

     On possède des traces archéologiques qui montrent que le site actuel de Nazareth a été occupé dès le 2e millénaire avant notre ère. Mais à l'époque de Jésus, Nazareth n'était encore qu'un modeste village. D'ailleurs, il n'est mentionné nulle part dans l'Ancien Testament, et n'apparaît que dans les évangiles. Au IIe et IIIe siècle de notre ère, Nazareth paraît avoir été le centre d'activités missionnaires pratiquées par des judéo-chrétiens. L'un d'eux, Conon, exécuté en Asie Mineure, aurait affirmé lors de son procès : « Je suis de Nazareth en Galilée et de la famille du Christ à qui je rends un culte depuis l'époque de mes ancêtres ».

     La légende s'est rapidement emparé de Nazareth. Un pèlerin du VIe siècle rapporte que les femmes de ce village étaient les plus belles du pays, et que celles-ci affirmaient avoir pour ancêtre la mère de Jésus. Ce pèlerin relate aussi avoir vu le banc de la synagogue où Jésus s'assoyait enfant, le cahier dans lequel il aurait pratiqué son alphabet, ainsi que des vêtements ayant appartenu à Marie et qui étaient devenues la source de beaucoup de miracles.

Controverse et tensions

     Aujourd'hui, Nazareth est la ville où l’on retrouve la plus grande communauté arabe en territoire israélien. La population se composait surtout de chrétiens jusqu'à l'arrivée de réfugiés majoritairement musulmans suite à la création de l'État d'Israël. Les chrétiens et les musulmans de Nazareth entretiennent habituellement de bonnes relations, mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a quelques années, une importante controverse a pris naissance concernant l’édification d’une mosquée en contrebas de la basilique de l'Annonciation, un projet auquel les chrétiens se sont opposés. Les travaux de construction ont été suspendus et le sujet reste toujours source de tensions.
 

Les fondations de la mosquée et, en arrière plan, la basilique de la Nativité
(photo : C. Boyer)

     C’est entre Arabes et Juifs que les tensions sont les plus importantes. Elles sont causées principalement par la création, à proximité de Nazareth, d'une municipalité juive appelée Nazareth Illit (« Nazareth la Haute », en hébreu) et vers laquelle a été déplacée la majorité des institutions et des services gouvernementaux. Les habitants de Nazareth se plaignent qu'on leur ait soutiré des terres pour construire cette ville et que l'espace attribué à Nazareth Illit soit de quatre fois supérieur à celui de Nazareth alors que sa population se révèle pourtant de moitié inférieure.

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