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chronique du 28 novembre 2008
 

Le monde de la Bible au Louvre

Visiter les pays de la Bible est sans doute le meilleur moyen d’entrer en contact direct avec l’univers biblique, mais il ne faut pas oublier les grands musées et leurs collections proche-orientales. Voici une petite sélection d’artéfacts qui éclairent le monde de la Bible et que l’on peut contempler au musée du Louvre.

Des génies protecteurs.

Des génies protecteurs.
(photo : C. Boyer)

     Dans le Proche-Orient ancien, des génies protecteurs étaient postés un peu partout, aux portes des palais et des temples. Ils étaient les gardiens des lieux et ils en défendaient l’accès aux intrus. Il en existait plusieurs types. Les taureaux androcéphales ailés que l’on voit sur cette photo proviennent de Dur-Sharrukin, la capitale assyrienne du roi Sargon II. Les « chérubins », mentionnés dans la Bible, sont un autre type de génies protecteurs ayant pour fonction de garder les lieux qui leur sont assignés. Ainsi, la Genèse raconte que deux chérubins furent placés par Dieu à l’entrée du jardin d’Éden après qu’Adam et Ève en eurent été chassés (Gn 3,24). Ce sont aussi des chérubins qui gardent la salle du temple érigé par Salomon dans laquelle se trouve l’arche d’alliance (1 R 6,23-30).

Le démon Pazuzu.

Le démon Pazuzu.
(photos : C. Boyer)

     Derrière cette statuette du démon Pazuzu, il est écrit : « Je suis Pazuzu… Le roi des mauvais esprits de l’air, qui sort violemment des montagnes et fait rage, c’est moi! ». L’action des démons, ou mauvais génies, est peut-être la plus vieille explication des origines du mal au Proche-Orient. La maladie, la souffrance, la malchance et à peu près tout ce qui nuit à l’existence étaient attribués aux démons et il existait toutes sortes de rituels pour les chasser.

     Dans le monde juif, le monothéisme aidant, on a fini par ne plus croire beaucoup à ces démons. Mais leur association au mal et à la maladie ne s’est jamais complètement dissipée et cette idée était encore partagée par une partie de la population à l’époque de Jésus. Dans les évangiles, les guérisons que Jésus opère sont souvent présentées comme des expulsions de démons; ceux du Gérasénien (Mc 5,1-20), celui de la fille de la Syrophénicienne (Mc 7,24-30), etc. Ses adversaires iront même jusqu’à l’accuser d’être de pair avec le chef des démons (Mc 3,22).

Le code de Hammurabi

Le code de Hammurabi
(photo : C. Boyer)

     Cette stèle sur laquelle on retrouve près de trois cent lois fait plus de deux mètres de haut. Elle a été gravée au XVIIIe siècle avant notre ère sur l’ordre du roi babylonien Hammurabi, ce grand chef de guerre et diplomate qui unifia toute la Mésopotamie. Il figure dans le haut la stèle, à gauche, devant le dieu Shamash, le dieu de la lumière et de la justice. Son « code » n’en est pas un au sens strict du terme, mais constitue plus vraisemblablement une sélection de décisions justes et sages prises par le roi et présentées sous forme de lois.

     La première qualité d’un roi, dans le Proche-Orient ancien, est d’être juste. Le roi Hammurabi était soucieux que la postérité se rappelle de lui comme d’un roi équitable et protecteur des faibles. D’ailleurs, dans le prologue de son « code », Hammurabi, qui se présente comme un « prince zélé qui craint les dieu », se vante d’avoir « mis la droiture et la justice dans la bouche du pays ». C’est aussi comme un roi juste et sage que la Bible présente le roi Salomon, un roi qui prend les bonnes décisions et qui sait solutionner avec équité les cas qui lui sont présentés, comme on le voit dans le récit des deux femmes qui se disputent un enfant (1 R 3,16-28).

La stèle de Mésha

La stèle de Mésha
(photo : C. Boyer)

     Cette stèle de victoire découverte en Jordanie est un des rares témoignages externes sur des épisodes précis de l’histoire d’Israël relatés dans la Bible. Les rois faisaient souvent ériger des stèles pour commémorer leurs victoires et rappeler leurs haut-faits. Celle-ci a été gravée au IXe siècle sur l’ordre du roi de Moab, Mésha, qui se vante d’avoir vaincu Israël. Le conflit entre Israël et Moab est relaté en 2 R 3,4-27.

     Il ne fait pas de doute que le texte biblique et celui de la stèle font référence au même épisode, et pourtant il existe dans leur récit quelques différences importantes. Notamment : chaque camp présente le conflit comme s’il en était sorti victorieux! La stèle moabite va même jusqu’à affirmer qu’« Israël a été anéanti à jamais ». Pourtant, selon la Bible, les Israélites « battirent les Moabites, qui s’enfuirent devant eux; et ils allèrent de l’avant, les taillant en pièces (2 R 3, 24). La réalité : Moab cessa d’être vassal d’Israël, qui perdit de son influence dans la région.

Le transport de cèdres par flottage

Le transport de cèdres par flottage
(photos : C. Boyer)

     Ce relief illustre le transport de cèdres au VIIIe siècle par le roi assyrien Sargon II pour l’édification de la nouvelle capitale de son royaume, Dur-Sharrukin. Le relief, qui est composé de trois panneaux (sur la photo : celui du centre), fait plus de trois mètres de long et deux de haut; le transport par flottage et en grande quantité de ces troncs de cèdres est ici présenté comme un exploit. Dans le Levant, ce n’était que dans la région du Liban que l’on pouvait se procurer le cèdre, cet excellent bois de charpente utilisé pour la construction de grands bâtiments.

     Quelques siècles avant Sargon II, le roi Salomon avait lui aussi eu besoin de faire venir des cèdres du Liban pour la construction du temple de Jérusalem. Il avait fait appel à Hiram, le roi de Tyr, peut-être comme intermédiaire dans les négociations, ainsi qu’à des bûcherons phéniciens, dont Salomon vante l’habileté (1 R 5,20). Si l’on croit le deuxième livre des Chroniques, le bois a été transporté par flottage, comme l’illustre le relief assyrien (2 Ch 2,15).

Le dieu cananéen Baal

Le dieu cananéen Baal.
(photo : C. Boyer)

     Baal signifie littéralement « Seigneur », mais le terme a fini par désigner précisément un dieu très vénéré au Proche-Orient : le dieu de l’orage. La très grande popularité d’un tel type de divinité dans tout le Levant, notamment en Canaan, n’est pas surprenante; l’orage, c’est aussi la pluie, tellement rare durant les saisons chaudes en ces contrées! Le dieu Baal y faisait la pluie et le beau temps, c’est le cas de le dire!

     Le dieu cananéen Baal est souvent mentionné dans la Bible, car il fut un rival important de Yahvé, le dieu d’Israël. Il apparaît pour la première fois dans le livre des Juges, alors que Gédéon doit faire le choix entre Baal, le dieu vénéré par son père, et le dieu d’Israël; Gédéon obéit à l’ordre de Yahvé de lui ériger un autel et de détruire celui de Baal, mais il dut le faire de nuit, craignant la population qui était favorable à Baal (Jg 6, 25-32). À l’époque du prophète Élie (IXe siècle), le roi Achab, qui avait épousé une princesse cananéenne, Jézabel, fit ériger un autel à Baal dans sa capitale Samarie (1 R 16, 31-32); le culte à Baal donnera lieu au fameux duel entre Élie et les prophètes de Baal sur le mont Carmel (1 R 18, 20-40). Le culte à Baal reviendra constamment dans l’histoire d’Israël et sera toujours combattu par les prophètes.

Chrystian Boyer

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Des fouilles à Kinneret

 

 

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