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Septième dimanche ordinaire C - 18 février 2001
 
Aimer ses ennemis

L'amour pour les ennemis (Lc 6,27-38)
Autres lectures: 1 S 26,2.7-9.12-13.22-23; Ps 102; 1 Co 15,45-49

 

Au palais de justice cette semaine un jeune comparaissait pour vol par effraction. Dans la salle voisine, un citoyen se voyait condamner pour un retard dans le paiement des intérêts d'un emprunt. Au même moment, un journaliste attendait dans un corridor la sentence pour diffamation dans une poursuite intentée contre lui par une vedette de la télé. Si les recommandations de Jésus entendues en ce dimanche étaient appliquées à la lettre, tout ce beau monde se retrouverait dehors! Une solution à l'engorgement des tribunaux? Peut-être... Mais imaginons un peu si nous avions rédigé nos codes civil et criminel en appliquant ces paroles à la lettre... La porte ne serait-elle pas ouverte aux pires abus, aux injustices de toutes sortes? Le message de Jésus se résume-t-il à se laisser manger la laine sur le dos? Ou bien, ses paroles visent-elles un idéal inaccessible, une utopie absolument irréaliste qui se réalisera, peut-être, dans un monde meilleur?

     Essayons d'y voir un peu plus clair en examinant la première des recommandations. Que signifie «Aimez vos ennemis»? Le terme grec, agapè, traduit ici par « aimer », ne désigne pas l'amour passionné entre un homme et une femme. Ni même l'affection qui règne dans une famille ou entre amis. Il s'agit plutôt d'une attitude de bienveillance et d'estime envers l'autre. Autrement dit, Jésus invite ses disciples à voir au delà des comportements répréhensibles du prochain. La personne qui commet un geste malheureux demeure un être humain et, à ce titre, elle mérite respect et... amour!

     Comment un tel amour se vit-il au quotidien? Je peux avoir l'impression que c'est bien loin de moi tout ça, que je ne satisferai jamais à une telle exigence. De manière individuelle, ça représente en effet tout un défi. Collectivement cependant, notre société s'est donné des outils pour s'en approcher. Je pense à notre système carcéral qui offre aux détenus de notre pays des conditions supérieures à celles des autres à travers le monde. Au risque d'en offusquer plusieurs, j'oserais dire que voilà un moyen d'empêcher l'Évangile de demeurer des paroles en l'air! Je pourrais aussi évoquer la loi sur les jeunes contrevenants du Québec, plus humaine que les mesures drastiques prônées par les tenants d'une certaine idéologie. Et que dire de la peine de mort, heureusement abolie ici depuis quelques décennies. Où va une société qui choisit de répondre à la mort par la mort?

     Bien sûr, le drame des victimes, directes et indirectes, est absolument terrible. Même la peine la plus sévère à l'endroit des malfaiteurs ne saura soulager leur douleur. Mais, justement, puisqu'il en est ainsi, pourquoi chercher à punir de plus en plus lourdement? Les rapports humains gagnent-ils en santé lorsque vengeance se confond avec justice?

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1828. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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