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Troisième dimanche ordinaire A - 23 janvier 2005
 
Un bon départ

Première prédication de Jésus (Matthieu 4, 12-23)
Autres lectures : Isaïe 8, 23b - 9, 3; Ps 26 (27);
1 Corinthiens 1, 10-13.17

 

Jésus a choisi la Galilée comme territoire de mission. C'était un petit territoire de 80 kilomètres de longueur et 35 de largeur. Vaut mieux au début limiter ses objectifs que de voir trop grand. Des routes importantes traversaient la Galilée, par exemple celle qui s'étend de Damas en Syrie au nord jusqu'en Égypte et en Afrique au sud. Petite, donc, mais bien située. On a dit : « La Judée est un chemin vers nulle part, la Galilée un chemin vers le monde ».

     La qualité principale de Jésus, quand il a commencé à parler en public, était la certitude de ce qu'il disait. Pas de « peut-être » ou de « si je peux donner mon opinion ». Il avait mûri son message dans le silence de Nazareth, il s'était fait une idée en écoutant les lectures de la synagogue, maintenant il était prêt à parler avec calme et aplomb. C'est ce qui a attiré les foules et c'est ce qui a permis aux apôtres de le suivre sans arrière-pensée. Les gens qui sont remplis de doutes sur eux-mêmes ne convainquent personne, car ils ne font que transmettre leurs hésitations. Goethe, le grand penseur allemand, disait : « Dites-moi vos certitudes; en ce qui concerne les doutes, j'en ai plein la tête ».

     Jésus a donc donné le coup d'envoi à sa vie publique par l'évangélisation de la Galilée. Il a réalisé ce que dit l'Écriture au sujet du messie : « Une lumière s'est levée ». Son succès a été grand, mais il n'a pas été total. Serait-ce là un encouragement à ceux qui font la mission dans les territoires résistant aux plus beaux appels? L'influence païenne explique sans doute l'apathie de Capharnaüm, de Chorazeïn, de Bethsaïde, toutes villes de Galilée (Matthieu 11, 21-24). Le succès de Jésus, même le sien, a été partiel.

     Un personnage charismatique soulève les foules à lui seul. Jésus, même s'il est incroyablement doué pour le faire, n'agit pas en solitaire. Il choisit des assistants, qu'à une autre époque on appellera prêtres. Quelques-uns sont probablement travailleurs de la terre. C'est à leur sujet que Jésus dit : Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson (Matthieu 9, 38). Toutefois les plus connus sont des pêcheurs. Les rabbins, les maîtres spirituels d'Israël, étaient choisis par des élèves qui se mettaient à leur suite. Dans le cas de Simon-Pierre, d'André, de Jacques et de Jean, c'est l'inverse. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis (Jean 15, 16).

     Les premiers apôtres étaient des pêcheurs. Jésus a eu une bonne idée, car ce métier donne des habitudes de patience et de persévérance. Ça ne mord pas toujours. À la pêche à la ligne, il faut choisir des appâts différents pour les sortes de poissons qu'on veut prendre. Le pêcheur, s'il fait de l'ombre, fait fuir sa proie. Les apôtres n'ont pas fait ombrage à Jésus. Ils ne se sont pas interposés entre lui et les auditeurs. Ils l'ont laissé parler du Royaume de Dieu.

     Apparemment les premiers apôtres étaient des jeunes. Jacques et Jean travaillaient encore avec leur père. Plus loin, leur mère intercédera pour eux auprès de Jésus comme s'ils n'avaient pas la maturité pour le faire eux-mêmes (Matthieu 20, 20-23). Jésus crée pour eux l'expression « pêcheurs d'hommes ». Il ne se contente pas de leur enseigner des choses, il les envoie en mission. Une parabole dit en quoi elle consiste : Quand le filet est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils s'assoient, recueillent dans des paniers ce qu'il y a de bon et rejettent ce qui ne vaut rien (Matthieu 13, 48). Les Douze sont associés au jugement. Ils sont associés surtout à la pastorale de la miséricorde, qui libère du pouvoir du démon, avec le mode autoritaire de leur maître. Rien de comparable au prêtre moderne soucieux de respecter la liberté des gens! Autres temps, autres mœurs.

Pierre Bougie, PSS
Professeur Grand Séminaire de Montréal

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1998. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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