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5e dimanche de Carême B - 2 avril 2006
 

C'était son Heure!

La venue des Grecs vers Jésus indique l'arrivée de l'heure Jean 12, 20-33
Autres lectures : Jérémie 31, 31-34; Psaume 50(51); Hébreux 5, 7-9


Le passage johannique de ce dimanche situe l’évènement après l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et juste avant la dernière cène. Donc vers la fin de la vie terrestre de Jésus. Elle nous met en présence d’un Jésus venu adorer Dieu durant la Pâque (Jean 12, 20) avec des centaines de ses contemporains dont des Grecs, sympathisants de la religion juive. Cette péricope est considérée comme un texte sommet. En effet, tout l’Évangile de Jean est orienté vers l’Heure de la mort de Jésus dans laquelle l’évangéliste voit sa véritable glorification. C’est pourquoi Jésus parlera clairement de cette Heure qui justifie son séjour au milieu de nous.

Une nouvelle Alliance offerte à tous
   Cette nouvelle Alliance offerte en son Fils par Dieu le Père n’est pas réservée aux Juifs mais à toute l’humanité : Car tous me connaîtront des plus petits jusqu’aux plus grands, affirme le prophète en parlant du Messie (Jérémie 31, 34). C’est pourquoi lorsque des non-Juifs, par l’intermédiaire de Philippe et d’André, veulent rencontrer Jésus, ce dernier saisit que l’Heure est venue pour lui d’accomplir en son sang cette Alliance. Cependant, pour que cette Alliance Nouvelle soit effective, Jésus, bien qu’il soit le Fils (Hébreux 5, 8), devra passer par cette obéissance dont parle l’Épître aux Hébreux et aussi par cette angoisse insondable qui le fera s’écrier : Père, délivre-moi de cette heure (v. 27), pour enfin s’abandonner entre les mains de ce même Père, car c’est pour cela qu’il est parvenu à cette Heure-là (v. 27).

Une image familière et champêtre
    Ce mystère du passage de la mort ignominieuse à la résurrection glorieuse, cette Pâque du Fils, il nous est donné de la mieux saisir dans la belle allégorie du grain de blé, si facile à comprendre encore aujourd’hui : Si le grain de blé ne meurt pas, il reste seul mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (v. 24). La leçon enseignée est simple et peut se comprendre ainsi : toute véritable fécondité doit passer par la souffrance. Cela est vrai et dans la nature et dans la vie. Toute germination, toute naissance doit briser son enveloppe pour accéder à la lumière; rien ne vient au grand jour sans d’abord avoir expérimenté les ténèbres. C’est là une loi à laquelle même le Fils de Dieu a dû se soumettre. Mais cette soumission fera de Jésus le premier-né d’entre les morts. Et son retour vers le Père ouvrira une brèche, un chemin par où toute personne est appelée à passer. C’est ce que veut signifier cette parole :  Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes (v. 32).

Une vie tendue vers l’Heure
    Comme la vie de Jésus est tout orientée vers son kaïros, l'Heure où il doit être glorifié (v. 28), ainsi notre carême doit tendre vers le Vendredi Saint pour accéder à la Pâques chrétienne. Plus nous approchons de ces jours, plus il nous faut emprunter l’attitude qui convient à ceux et celles qui ont compris qu’un passage obligé est en train de s’accomplir. Pâques est plus qu’un rappel, il est le mémorial d’un mystère qui s’actualise constamment en nos vies. Avec Jésus, nous tendons vers cette Heure, celle de notre rachat, celle de notre délivrance, celle de notre glorification. C’est pourquoi Pâques est la fête choisie pour renouveler nos promesses baptismales. Si ces engagements se traduisent par des gestes réels et visibles, c’est parce qu’ils sont bel et bien inscrits au fond de notre cœur, selon la volonté du Père Je mettrai ma Loi au plus profond d'eux-mêmes; je l'inscrirai dans leur cœur (Jérémie 31, 33).

Un désir à cultiver
    Nous voulons voir Jésus (v. 21) : cette demande des Grecs, adressée aux deux apôtres, peut sembler anodine, mais l’on sait qu’il en est tout autrement. La notoriété de Jésus l’a précédé. Son personnage fascine et attire. Leur demande donc nous interpelle encore aujourd’hui. Ce désir de vouloir le rencontrer doit nous habiter au plus profond de notre être. Nous devons, à l’instar de ces bien-pensants, faire la même demande aux personnes qui sont près de Jésus par leur passion de servir au cœur de leur ministère ou par leur évidente sainteté. Une véritable proximité avec Dieu se sent et se devine. Elle ne peut tromper. Ces personnes sont porteuses d’un charisme, c’est à nous de nous en enrichir. C’est pourquoi nous ne devons pas craindre d’aller vers elles en toute humilité et en toute confiance. Et, de même que Jésus avait dit aux premiers disciples qui lui demandaient : Où demeures-tu? (Jn 1, 38), Jésus nous répondra : Venez et voyez (Jn 1, 39) ou encore : Suivez-moi, et là où je suis , là sera mon serviteur (Jn 12, 26). Alors s’ouvrira pour nous une lumineuse espérance.

Le don de sa vie
    Si le désir de voir Jésus peut susciter la rencontre intérieure, d’autres conditions permettent aussi cette rencontre : elles nous sont posées par Jésus lui-même : Celui qui garde sa vie la perd, celui qui perd sa vie en ce monde la gagne pour la vie éternelle (v. 25). Ce langage est hermétique à nos raisonnements calculateurs mais en creusant on découvre la pensée de Jésus. En effet, l’évangile nous amène à faire une distinction entre aimer sa vie et aimer la vie. Jésus aime la vie au point de la donner pour les autres. Il ne s’enferme pas, ne se replie pas sur lui-même mais s’ouvre à l’autre. Sa mort sur la croix peut être perçue comme un échec mais ce n’est là qu’apparence. Elle deviendra au cours des siècles, le symbole d’un grand amour, d’un don de soi ultime. Elle sera objet de fierté. Aimer quelqu’un conduit toujours à faire des choix, à prendre des risques. Aujourd’hui la Bonne Nouvelle nous trace la route vers Celui que nous désirons voir et que nous contemplerons éternellement.

Pour votre information...
    L’Heure est un des mots-clés dans l’Évangile de Jean. Il le traverse d’un bout à l’autre. Il revient 19 fois. La première situation où ce mot est mentionné c’est au noces de Cana (Jn 2, 4). Il est à remarquer à propos de l’Heure de Jésus, qu’il y a deux temps chronologiques (kronos) qui permettent de diviser en deux étapes la mission de Jésus. Un temps qui précède : Le livres des Signes (1-11) et un autre où se réalise son Heure (kaïros) : Le livre de l’Heure (12-19).

Source : Ghislaine Salvail, À la recherche de la Lumière, p.24.

Soeur Ghislaine Salvail, SJSH, bibliste
Saint-Hyacinthe

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2051. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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