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Épiphanie du Seigneur B - 8 janvier 2006
 

Jésus, l'étoile de Bethléem

La visite des mages Matthieu 2, 1-12
Autres lectures : Isaïe 60, 1-6; Psaume 71(72) ; Éphésiens 3, 2-3a.5-6


Quoi de plus spectaculaire que l'apparition d'une étoile brillante dans le ciel? Par une nuit dégagée, à la campagne, loin des villes et de leurs lumières électriques, la voûte céleste nous livre un spectacle inoubliable. Par ailleurs, les médias savent bien que la moindre nouveauté sur notre firmament nous captive. Chaque éclipse, chaque passage d'une comète, chaque débris qui tombe du ciel fait les manchettes. Pas étonnant que dans le langage courant, le mot « étoile » soit devenu synonyme de « vedette », qu'il s'agisse d'un athlète, d'une chanteuse populaire ou d'un comédien « brillant » . Quand nous manquons de ces « étoiles », nous en fabriquons à souhait de nos jours, grâce à la télé-réalité... Décidément, le lever ou la montée d'une étoile nouvelle nous fascine!

Astre royal
     À vrai dire, nous n'avons rien inventé sur cette Terre. Déjà le prophète Isaïe se moquait du puissant roi de Babylone, qui se prenait pour une étoile montante sur le firmament politique de son époque (Isaïe 14,3-15). Le tyran, cette « étoile du matin », ce « fils de l'aurore », tombera comme une étoile filante, assailli par les Perses (Isaïe 14,12). Par voie de contraste, un disciple du prophète Isaïe présente Dieu comme le seul astre digne de se lever sur Jérusalem (Isaïe 60,1-2). Et c'est seulement lorsque la population suivra la voie de la miséricorde, que sa lumière éclatera comme l'aurore, une aurore digne de Yahvé (Isaïe 58,6-12).

     Comme jadis le roi de Babylone, Louis XIV de France aimait à se voir comme le Roi-Soleil de l'Europe. Mais selon la Bible, alors que les idoles de ce monde se prennent pour des lumières, le véritable astre qui se lève pour régner, c'est Dieu ou son envoyé, le Messie. L'oracle prophétique livré par l'étranger Balaam annonce qu'un astre issu de Jacob devient chef; un sceptre se lève, issu d'Israël (Nombres 24,17). Dans cette prophétie, « astre » et « sceptre » sont synonymes, illustrant que le Messie à venir est un « brillant » roi, un Roi-Lumière, le seul qui soit.

     À la lumière de ce contexte littéraire, il serait inutile de chercher avec le télescope Hubble quel aurait été ce mystérieux astre perçu par les mages dans la nuit du premier Noël... En effet, tout indique qu'il s'agit d'une image employée par Matthieu pour exprimer la dignité royale de Jésus, le Messie tant attendu, la seule « lumière du monde » (Jean 8,12), l'unique « étoile radieuse du matin » (Apocalypse 22,16). Il est grand temps qu'on se le dise donc, une fois pour toutes : l'étoile de Bethléem, c'est Jésus!

Lumière des nations
     Jésus est présenté par Matthieu comme le roi qui nous est envoyé par Dieu pour illuminer notre route. Il brille tellement fort, ce Jésus, que même d'illustres étrangers s'en aperçoivent au loin et font le voyage pour lui rendre hommage. Entendons-nous bien : aucune ambassade de la sorte n'a été consignée comme telle dans l'histoire de Jérusalem. Les mages, vous le devinez, sont à chercher ailleurs. Ils nous font signe aux deux derniers versets de la première lecture de ce dimanche (Isaïe 60,5-6). On y lit que les trésors d'au-delà des mers afflueront vers Jérusalem, portés sur des foules de chameaux, et que les étrangers apporteront l'or et l'encens en reconnaissance de la lumière qui brille à Jérusalem. Lorsque Matthieu introduit les mages dans son récit, il veut signifier que l'espérance d'Isaïe, celle de voir un jour les autres nations reconnaître et respecter le Dieu vivant dont Israël témoigne, cette espérance se réalise avec Jésus. Ainsi, les mages sont aussi une figure littéraire représentant les croyants du monde entier qui, grâce à Jésus, ont maintenant accès au Dieu d'Israël. À ce titre, vous et moi (à moins que vous ne soyez d'origine juive), nous comptons aussi parmi les mages du récit de Matthieu!

     Ces mages, ils ne sont plus ni trois (comme l'a suggéré par après la tradition) ni ne viennent exclusivement d'Orient. Nous sommes rendus des millions de chrétiens d'origine non-juive, issus des quatre coins du globe, à croire en Jésus et à trouver grâce à lui la lumière vive du Dieu d'Israël. Même dans ses rêves les plus fous, Matthieu n'aurait osé espérer une meilleure « finale » à son histoire... Aujourd'hui que nous fêtons cette lumineuse «manifestation» de Jésus au monde (l'épiphanie), vous pouvez vous inclure dans le récit des événements et dire vous aussi, avec fierté : Nous avons vu se lever son étoile (Matthieu 2,2).

La lumière du Seigneur se lève
Isaïe 60, 1-6
Les ténèbres couvrent les peuples; mais sur toi se lève le Seigneur et sa gloire brille sur toi. Les notions marcheront vers ta lumière.

     Il est évident que Matthieu s'est inspiré entre autres de ce beau texte d'Isaïe pour composer son récit. On gagnera donc à relire Isaïe attentivement après s'être imbibé de l'Évangile. Le contraste des ténèbres et de la lumière qui se lève, ainsi que la fabuleuse marche des nations vers Jérusalem, apportant leurs richesses en offrande, préfigurent les principaux éléments du récit de Matthieu. Celui-ci s'est approprié sa tradition littéraire et religieuse pour l'enrichir par la suite de sa propre contribution. Sachant maintenant que nous figurons parmi les mages de Matthieu, comment pouvons-nous faire nôtre le texte et poursuivre le travail créatif de l'évangéliste? Quelles offrandes, quels cadeaux apporterons-nous au Roi de la vie?

Le mystère du Christ
Éphésiens 3, 2-3a.5-6
Les païens sont associés au même héritage dans le Christ, par l'annonce de l'Évangile.

L'extrait de la Lettre aux Éphésiens touche à la participation des étrangers à côté des Juifs dans la formation d'un seul corps, un seul héritage, une seule communauté de foi qu'est l'Église. L'auteur présente cela comme un mystère, tenu caché pendant des siècles, qui finit par être dévoilé pour tous. Nous comprenons souvent la volonté de Dieu après-coup, en revenant et en méditant sur le sens des événements. Matthieu lui-même comprend Isaïe autrement, depuis qu'il voit les étrangers adhérer de plus en plus nombreux au Christ dans sa communauté. La vie lui a ouvert les yeux sur quelque chose qu'il ne percevait pas auparavant. Ouvrons, nous aussi, les yeux sur le monde qui nous entoure, et peut-être percevrons-nous les nouvelles actions de Dieu que même Matthieu ne pouvait voir en son temps... Quelle épiphanie aurons-nous alors!

Rodolfo Felices Luna, bibliste
Iles-de-la-Madeleine

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2039. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Le salut a un nom : Jésus