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6e dimanche de Pâques B -21 mai 2006
 

L'amour en héritage

L'image de la vigne et des branches Jean 15, 9-17
Autres lectures : Actes 10, 25-26.34-35.44-48; Psaume 97(98); 1 Jean 4, 7-10


Entendu à la télévision un peu avant la mort de Jean-Paul II : l’animateur demande aux participants d’une table ronde : « Qu’est-ce qui retient l’attention lorsqu’il est question de la religion chrétienne catholique? » Les réponses se suivent presque dans l’ordre : « Les guerres de religions, l’Inquisition, la morale sexuelle, l’amour et le pardon ».

L’amour et le pardon
   J’avoue que cette dernière réponse m’a réconfortée. Comme chaque panéliste devait justifier son choix, le dernier à parler l’a fait en s’appuyant sur ces vies entièrement données aux pauvres de ce monde et le pardon donné à l’ennemi et cela au nom de Jésus. Des noms célèbres dont ceux de l’abbé Pierre, de Mère Teresa, de sœur Emmanuelle, du cardinal Paul-Émile Léger, de Jean-Paul II ont été apportés en preuve. Puis sont venus s’ajouter des noms de missionnaires, inconnus du public, mais dont la vie fut et est encore entièrement consacrée aux exclus de ce monde. L’amour fidélise les gens qui travaillent en son nom.

Des leçons d’universalisme
   Les trois lectures de ce dimanche nous parlent abondamment d’universalisme et d’amour inconditionnel envers nos semblables. Notre fragilité humaine, c’est bien connu, rend souvent effectif le vieux penchant égoïste du « Moi d’abord, les autres ensuite ». Ainsi le peuple d’Israël était un peuple exceptionnellement solidaire et partant, replié sur lui. Mais il lui a fallu sortir de lui-même pour un jour s’intéresser aux autres nations. C’est l’évangile de Jésus qui a fait de l’amour universel la base même de notre religion.

L’invitation aux païens
     Au moment où se pose le problème de l’accession des païens à la foi chrétienne, les premiers disciples hésitent. Pierre tranche le litige. Pourtant, le chef des apôtres était Juif et fortement attaché à la Loi ancienne, mais il ne craint pas d’admettre, comme chrétiens à part entière, des gens qui ne sont pas issus du judaïsme (Actes 10, 34-35)et qui, de ce fait, ne peuvent se soumettre aux prescriptions légales exigées de ses adeptes. L’ouverture d’esprit de l’apôtre est encore un modèle pour nous et cela après plus de 2000 ans!

Le Christ, vie de ses fidèles
     Nous sommes appelés comme baptisés, à nous rassembler, dans l’amour, autour du Christ notre unique chef et modèle : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui (1 Jn 4, 9). Jean, dans la lettre adressée à des chrétiens d’Asie mineure, communautés aux prises avec des divisions, répond à trois questions fondamentales : Qu’est-ce que Dieu? Dieu est amour (v. 8). Qu’est-ce que le salut? C’est l’amour de Dieu manifesté à ses enfants (v. 7). Qu’est-ce que la religion? Elle est l’acceptation du lien qui nous unit au Christ (v. 9). Son but visait à ramener cette Église aux valeurs essentielles qui fondent le christianisme.

L’amour comme un refrain
     L’évangile de Jean est une hymne à l’amour : celui de Dieu, des autres et de nous-mêmes. Si l’amour n’a pas cette triple dimension en nos vies, elle ne peut faire de nous des disciples du Seigneur. C’est là l’originalité du message de Jésus. Lorsque ce dernier s’éloigne du légalisme et relativise les préceptes réducteurs de liberté, c’est pour mieux tracer le profil du chrétien, un profil d’amoureux. La personne en amour rayonne, elle est sensible aux désirs de l’être aimé, elle est attentive à ses moindres gestes. Elle devine plus qu’elle n’exige.

Non pas serviteurs mais amis
     Une belle manière d’expliquer aux siens que le temps de l’esclavage est bel et bien terminé, c’est lorsque Jésus leur annonce que désormais, il ne les appellera plus serviteurs mais amis (Jn 15, 15). Le serviteur ne sait rien ou presque de celui qu’il sert, si ce n’est ses besoins matériels. Mais l’ami partage les secrets de l’ami. Il connaît son cœur, il sait les besoins de son âme. Notre religion, malgré les erreurs inscrites dans son douloureux passé, n’est pas une religion de salariés, de contractuels. Elle en est une de gratuité et de liberté. Elle nous rend partenaires de Dieu.

L’inaccessible perfection
     Je devance les objections en disant tout de suite que ce n’est pas toujours ce qui se vit en chrétienté. Soyons vrais : notre façon d’aimer est marquée par des déviances, des mesquineries, des étroitesses. Pourquoi? Parce que notre cœur est souvent un cœur blessé mais surtout un cœur non guéri. Un cœur avec des cicatrices risque d’être un cœur qui se souvient et qui conserve les leçons des anciennes blessures. Mais un cœur qui saigne ne pense qu’à panser ses meurtrissures. Guérissons d’abord, et nous pourrons mieux aimer ensuite.

Un arbre et un sol à vérifier
     Si nous voulons savoir si les enseignements de Jésus portent des fruits durables en nos vies (Jn 15, 16), regardons ce que deviennent ceux et celles à qui on les offre. Si mon amour fraternel, parental, amical rend heureuse et épanouie la personne qui en est la récipiendaire, c’est que mon arbre de vie est greffé sur le Christ. Si, au contraire, l’autre est victime de mon amour et étouffe ou encore s’il est esclave de mes exigences, alors je dois vérifier ma terre intérieure. Quelque chose l’empoisonne. Un microbe la mine à mon insu.

    Rappelons-nous ces vérités indémodables : Quand on aime, le salaire prend le nom de justice; les reproches sont occasions de croissance; et les fautes sont écrites sur le sable.

    Celui qui a découvert à quel point il était aimé, jusque dans le péché, ne peut plus que demeurer dans cet amour et le rayonner parmi ses frères. Il devient source d’amour et de pardon pour tous; source de joie aussi et d’allégresse pour toujours. (André Louf, Heureuse faiblesse).

Ghislaine Salvail, SJSH, bibliste
Diocèse de Saint-Hyacinthe

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2058. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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