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3e dimanche ordinaire C - 21 janvier 2007

 

La clé du trésor

Première prédication de Jésus : Luc 1, 1-4; 4, 14-21
Autres lectures : Néhémie 8, 1-4a.5-6.8-10; Psaume 18(19) ; 1 Corinthiens 12, 12-30

Dès les premières lignes, l’introduction à l’évangile nous fournit des pistes qui nous aident à saisir l’objectif poursuivi par Luc ainsi que les moyens mis en œuvre pour l’atteindre. Elle nous apprend également quels sont les lecteurs éventuels qu’il prévoie atteindre. C’est pourquoi les propos de Luc sont l’œuvre d’un historien qui ne prend rien à la légère : Après m’être informé sérieusement de tout depuis les origines (Luc 1, 3). Cette rigueur dans l’élaboration de son récit a pour but d’enraciner dans la foi les amis de Dieu (sens du nom Théophile) récemment gagnés au Christ.

     
Un choix judicieux

    Jésus, revient à Nazareth, village où il a grandi. Il se rend à la synagogue comme il en avait l’habitude (Lc 4, 16). Cette petite incise nous apprend que Jésus se comportait comme un fidèle disciple du judaïsme de son temps. Et voilà que le chef de la synagogue, tout fier de ce qu’un des leurs se démarque dans toute la région (v. 14), le choisit pour faire la lecture à haute voix d’un passage de l’Écriture. Ce rite de lecture publique n’a rien d’inusité cependant. En effet, cette tradition est déjà bien établie au temps de Jésus, le chapitre 8 de Néhémie nous en donne un bel exemple d’ailleurs. On remet donc à Jésus le livre du prophète Isaïe pour qu’il en proclame un passage. C’était le livre prophétique le plus souvent utilisé dans les synagogues parce que le plus disponible. Les rouleaux étant dispendieux, les synagogues ne disposaient souvent que des cinq rouleaux de la Torah, des psaumes et du livre d’Isaïe auquel on ajoutait quelques rouleaux des douze « petits prophètes » appelés ainsi à cause de la brièveté de leurs écrits.

Le choix de l’Esprit

    Rien ne nous indique exactement pourquoi et comment Jésus trouve le passage en question (Isaïe 61, 1-2), passage qui semble lui convenir tout à fait maintenant que l’on connaît la suite des choses. Je n’oublierai jamais la réflexion d’une petite fille mémorisant ce texte pour un récitatif biblique : « Comme ça a bien tombé! » disait-elle naïvement. En effet, tomber sur ce passage dans un rouleau de plusieurs mètres relève plus du choix de l’Esprit que d’une banale coïncidence. Cependant, nous pouvons penser que Jésus l’a retenu parce qu’il était en harmonie avec le thème sabbatique et aussi en harmonie avec sa mission messianique dont il voulait en faire pressentir la venue aux gens de son entourage.

Le personnage anonyme

    Le passage que s’apprête à lire Jésus met en scène un personnage anonyme qu’il est convenu d’appeler le « troisième Isaïe ». Cet individu est habité par l’Esprit du Seigneur car il a reçu l’onction (en hébreu il est fait messie; en grec Christ). Par cette onction il est chargé d’une mission originale : proclamer la Bonne Nouvelle ou, dans la traduction grecque, proclamer l’évangile (v. 18) aux pauvres, surtout à tous ceux-là qui sont accablés par les fardeaux des impôts romains et qui sont injustement jetés en prison pour n’avoir pas de quoi s’en acquitter. Ces pauvres n’ont aucun recours et aucun droit.

L’année de bienfaits

    À ces laissés pour compte, Jésus, par le prophète, promet une année de bienfaits. Les auditeurs ont peut être saisi qu’une nouvelle époque allait naître, qu’une ère nouvelle serait enfin instaurée. Cette année se prolongera-t-elle? Reviendra-t-elle après un cycle défini comme celle du jubilé? Rien n’est précisé si ce n’est qu’elle apportera la lumière aux aveugles et qu’elle sera accordée par le Seigneur (v. 19). Elle sera donc un don de Dieu. Quoi qu’il en soit, depuis la rédaction de ce passage prophétique datant du 6e siècle, on n’a cessé de s’en servir, de le commenter, de le réinterpréter. S’il a suscité beaucoup d’espoirs, il a aussi déçu bien des attentes. C’est pourquoi une question est sur toutes les lèvres : « Quand donc arrivera ce temps béni? » Jésus, comme bien des Juifs croyants avant lui, relit à son tour pour la nième fois la prophétie d’Isaïe. Mais ce qui semble nouveau, c’est que pour la première fois elle sera actualisée par le lecteur dans l’aujourd’hui du temps, dans l’aujourd’hui de sa personne. Cet enfant du pays se sait consacrée par l’onction (v. 18). C’est pourquoi il affirme que cette parole de l’Écriture s’accomplit (v. 21).

La clé qui ouvre le trésor

   Jésus a refermé le livre ce jour-là mais tous, avaient les yeux fixés sur lui (v. 20). Comme s’il allait le voir en commencer une rédaction nouvelle et leur promettre un nouvel avenir. Et nous savons d’expérience qu’il n’a pas renié sa promesse. L’énigmatique Parole a trouvé son accomplissement en la vie de Jésus de Nazareth. En effet, tout au long de son parcours terrestre il a eu un amour préférentiel pour les pauvres de toutes catégories. C’est pourquoi depuis ce temps, Jésus nous sert de clé pour actualiser le trésor des Écritures, pour en comprendre le message, pour les réaliser en notre temps. Il nous fait découvrir quelle Bonne Nouvelle est parvenue jusqu’à nous en sa personne. Et surtout comment cette Bonne Nouvelle est encore capable de nourrir l’espérance et de rendre justice aux victimes innocentes. Le grand désir de Jésus cependant c’est de nous apprendre à être Bonne Nouvelle pour les autres.

Les membres d’un seul corps

   Saint Paul explique bien le rôle de chaque baptisé dans l’unique Esprit (1 Corinthiens 12 13). C’est à nous, justement, que revient la mission de porter et de répandre l’Évangile car nous avons été baptisés dans l’unique Esprit sans distinction de races ou de statuts : Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres (v. 13). Nous sommes maintenant les ambassadeurs du Christ. À nous revient de faire advenir et de prolonger cette année de bienfaits en ayant le souci les uns des autres (v. 25). L’apôtre est clair : il nous faut souffrir de la souffrance des autres, nous réjouir de la joie des autres (v. 26). Non seulement nous sommes les membres mais nous sommes le « corps » du Christ (v. 27).

Une parole rassembleuse

   Quand un peuple chrétien a un urgent besoin de se ressaisir, c’est autour de la Parole de Dieu qu’il faut le réunir. Quand des baptisés ne comprennent plus l’engagement de leur baptême, c’est en relisant la Parole qu’ils le saisiront à nouveau. Quand des disciples du Christ ne savent plus parler la langue de leurs Pères dans la foi, il faut mettre entre leurs mains des outils de compréhension adaptés. En un mot, il faut les aider à réapprendre les Écritures et à réactualiser l'Évangile. Quand ce peuple aura mieux compris parce qu’il aura été mieux aidé et accompagné, alors il saisira combien la joie du Seigneur est son rempart (Néhémie 8, 10). On le sait, plusieurs efforts sont posés, plusieurs parcours sont mis en marche. Des personnes nombreuses se dévouent auprès de groupes bibliques ou dans les parcours pour catéchumènes et c’est là une source d’espérance. Aussi le Seigneur ne saura rester sourd à tant de gestes désintéressés où l’œil, la tête, la main, les pieds (1 Co 12, 21) sont mis à profit dans l’Église, Corps du Christ.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2084. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Les noces de Dieu