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6e dimanche ordinaire C - 11 février 2007

 

Quel bonheur à l'horizon?

Des foules viennent à Jésus : Luc 6, 17.20-26
Autres lectures : Jérémie 17, 5-8 ; Psaume 1(2) ; 1 Corinthiens 15, 12.16-20

Certaines situations difficiles trouvent grâce aux yeux de Jésus : elles ouvrent la porte sur le bonheur. Mais d'autres situations lui font pousser des Hélas! bien sentis... Ce ne sont pas des malédictions, au sens de « promesses de malheur ». Ce sont des constats de situations déplorables.

     
Tout le monde est malheureux. Vraiment?

  Cette manière de Jésus de parler du bonheur et du malheur nous dérange. Nous sommes habitués à entendre le chapelet de promesses de bonheur racontées à la manière de l'Évangile selon Matthieu. Jésus se répète par huit ou neuf fois. Huit fois « heureux »... On s'y intéresse facilement. Dans l'Évangile selon Luc, la structure du texte est bien différente. Deux fois quatre affirmations. Quatre sur le bonheur, quatre sur le malheur. Ainsi se construit son discours sur l'essentiel dans notre vie. Jésus parle directement aux disciples, qu'il regarde... Avec ce regard, avec cette parole, c'est nous qu'il touche.

  Jésus parle de pauvreté, Jésus parle de persécution. Si nous avons pris la peine d'écouter cet évangile, cela devrait suffire à nous donner le goût... de nous sauver. Si nous n'avions pas confiance en Jésus, ce serait sans doute déjà fait. Mais nous croyons en lui, comme nous croyons que notre avenir, et l'avenir de notre chair aussi, se joue avec sa résurrection. Nous cherchons où il veut nous conduire, avec son éloge de la persécution et la pauvreté.

  Chose certaine, Jésus ne veut pas nous enfoncer dans une mentalité défaitiste, ni au point de vue économique, ni au point de vue de notre réputation. Cette piste constructive surgit de l'affirmation catégorique : « Le Royaume de Dieu est à vous ». Nous la déduisons aussi de la transformation positive entrevue avec certitude pour l'avenir : « Vous serez rassasiés; vous rirez... ». Le présent n'est pas si noir, l'avenir encore moins. Essayons donc de voir où Jésus veut en venir.

La persécution

  Si l'on s'en tient au nombre de mots employés, à l'espace occupé dans le texte d'évangile par ce thème, Jésus insiste surtout sur la haine et le rejet du nom jugé méprisable à cause du Fils de l'homme. Le Fils de l'homme, c'est le juge des temps qui sont les derniers, les temps finaux...

  Jésus trouve triste que des disciples soient admirés pour eux-mêmes, donc sans référence à lui : c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes. Selon Jésus, le bonheur est possible si et seulement si les disciples acceptent d'être liés à la vie à la mort avec lui. S'ils acceptent d'être prophètes, donc porte-parole de Dieu.

  Jésus a su montrer qu'il était le porte-parole de Dieu par excellence. Il a versé son sang pour qu'on comprenne son rôle irremplaçable. Dans sa mort, qui fut la mort de quelqu'un qui n'était coupable de rien, il a finalement été reconnu par tous ceux qui étaient autour de lui. C'est ce que nous proclamerons au dimanche de la Passion.

  Les propos de Jésus contestent notre société. Elle se décrit comme un supermarché du spirituel. On croit n'importe qui, du moment que cela ressemble un peu à ce qui nous intéresse pour le moment. Puisque toutes les libertés de religion sont libres, on pourrait croire que nous aurions le droit de dire tranquillement nos options de foi et qu'on nous respecterait comme nous respectons les autres. Ce n'est pas ce qui se passe. Si nous avons le malheur de dire que nous préférons la qualité prouvée de nos croyances sur la résurrection de Jésus et sur la nôtre (1 Corinthiens 15, 12. 16-20), et non les à-peu-près et les mélanges incohérents du marché, on se moque de nous.

  On nous regarde de travers comme si nous nous limitions à fréquenter l'épicerie du coin, alors que le centre d'achats du spirituel est si bien garni. Oui, la réaction de moquerie contenue mais évidente revient à dire que nous sommes persécutés si nous refusons de suivre un autre que Jésus, si nous tenons à affirmer que c'est la foi en Jésus ressuscité qui nous mène quelque part.

  Ce n'est pas la première fois que les croyants au Dieu agissant sont montrés du doigt. A l'intérieur du peuple de la première alliance, le problème se posait déjà. Jérémie (17, 5) déclare sans nuance : Maudit soit l'homme qui met sa confiance dans un mortel, qui s'appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Celui qui faisait une telle bêtise, on le comparait aux gens confinés dans des terres inhabitables, les terres de sel où rien ne pousse.

  Par expérience, on savait que celui qui met sa confiance dans le Seigneur voit venir le bonheur. Il est vivant comme cet arbre qui bouge jusque dans ses racines, qui sait durer en pleine sécheresse, parce qu'il va chercher l'eau où elle se trouve : Il ne redoute pas une année de sécheresse, car elle ne l'empêche pas de porter du fruit (Jérémie 17, 8).

La pauvreté

  Et si les années que nous traversons étaient des saisons de sécheresse pour la vie de foi? Et si nous devions nous faire à l'idée que le vent des doctrines farfelues non éprouvées allait pour un bout de temps encore nous obliger à vivre l'expérience du désert? À trouver le bonheur au coeur du désert actuel? N'est-ce pas assumer une réelle pauvreté? Parler de cette présence de Dieu au cœur de nos échecs, cela nous amène à parler du sens donné à la pauvreté.

  La Bible ne fait pas la promotion de la pauvreté. La Bible fait la promotion de l'abondance reçue. Un des signes de la présence de Dieu, dans le premier Testament, c'est l'abondance enfin possible pour les plus démunis.

  Malgré toutes nos illusions, notre société n'assure pas cette abondance à tout le monde. Malgré tous nos beaux principes, il faut toujours de la charité pour colmater les brèches. Ce que Jésus dénonce, c'est la fermeture de ceux qui sont repus, remplis maintenant, qui ont du plaisir égoïste maintenant. Quand on a tout ce qu'il faut pour vivre, penser à équilibrer la richesse, c'est loin d'être évident. Ceux que Jésus déclare comme encore capables de bonheur, ce sont ceux qui vivent actuellement des limites et qui peuvent donc connaître l'expérience de recevoir.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2087. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Laissant tout, ils le suivirent