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27e dimanche ordinaire C - 7 octobre 2007

 

Un cri, bien plus qu'une demande

La puissance de la foi : Luc 17, 5-10
Autres lectures : Habacuc 1, 2-3; 2, 2-4; Psaume 94(95); 1 Timothée 1, 6-8.13-14

À force de côtoyer quelqu’un on finit par le mieux connaître. C’est là une évidence. Mais il arrive aussi que ce compagnonnage nous aide à nous découvrir nous-mêmes. La proximité ou l’intimité sont de bons révélateurs de la personnalité. C’est ce qui semble se produire chez les disciples. Plus ils vivent près de Jésus et l’accompagnent sur les routes de Galilée, plus ils se voient sous un autre angle et pas toujours réjouissant.

Un grand cri du cœur

     L’enthousiasme du début, les dangers et les risques encourus avec courage, apparaissent soudain aux apôtres, sinon dépourvus de sens, du moins objet de questionnement. Sommes-nous certains d’être vraiment à la suite du bon Maître? Le doute, pernicieusement, se fraie un chemin. La foi semble ébranlée. Aussi cet inconfort spirituel pousse les apôtres à s’écrier : Seigneur, augmente en nous la foi! (Luc 17, 5).

Une réponse déconcertante

     Jésus ne répond pas en leur certifiant qu’ils sont sur la bonne route. Ni qu’ils suivent bel et bien le Messie de Dieu. Non. Jésus cherche plutôt à les dépouiller de toute complaisance, de toute recherche égoïste, de tout sentiment de supériorité. Il en va de même d’ailleurs pour toute personne qui nourrit le désir de se rapprocher de Jésus. Car faire l’expérience de son intimité c’est à coup sûr être renvoyé à ses limites, à ses pauvretés d’être. Le regard de Jésus est décapant. Il fait craquer le vernis de notre icône personnelle appliqué souvent avec tant de soins et durant tant d’années.

La cause de la prise de conscience

     C’est parce que les disciples ont été témoins de la relation filiale de Jésus avec son Père (Jean 5, 18) qu’ils ont pu vérifier la petitesse de leur foi. C’est en le voyant prier la nuit après une longue journée de prédication qu’ils ont saisi combien ils ne savaient rien de la prière : Seigneur apprends-nous à prier (Luc 11, 1). C’est en le voyant guérir les infirmes qu’ils ont compris combien boiteuse était leur compassion. C’est en le voyant pardonner à des pécheurs et des pécheresses notoires qu’ils ont réalisé combien était sévère leur jugement (Luc 7, 39). C’est en le voyant s’approcher de leurs contemporains avec bonté et tendresse qu’ils ont saisi combien leur cœur avait besoin d’être réchauffé. Oui, Jésus a bien défini leur foi : plus petite qu’une graine de moutarde! (Luc 17, 6).

La tentation du disciple

     Se faire dire que notre foi n’a même pas la taille d’une infime semence n’est pas chose agréable ni glorieuse à entendre. C’est pourquoi nous pourrions être tentés de nous prévaloir de nos bonnes œuvres, de nos bons coups, de nos longues heures consacrées au service du Christ et de son Église pour nous justifier ou pour sauver, encore une fois, notre image si minutieusement fignolée. Pierre n’a-t-il pas succombé à ce piège? Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi, qu’elle sera donc notre part? (Matthieu 19, 27).

Un long chemin à parcourir

     Puisqu’il est question de Pierre, ajoutons ceci : ce n’est qu’après avoir parcouru, comme lui, le long chemin qu’il a dû faire, chemin qui ira de Béthanie à Jérusalem en passant par le mont des Oliviers et celui du Golgotha, que nous pourrons comprendre ces paroles de Jésus : Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir (Luc 17, 10). L’expérience des disciples restera toujours l’aune à laquelle tout baptisé devra se mesurer. Si les premiers appelés ont découvert la fragilité et la petitesse de leur foi en suivant le Christ, il en ira de même pour nous. Mais c’est au cœur de cette douloureuse découverte que la force du Seigneur nous sera donnée.

La richesse des dons de Dieu

     La découverte de notre fragilité ne doit cependant pas nous faire oublier combien nous sommes riches des dons de Dieu. Combien aussi nous pouvons accomplir de grandes choses avec l’aide de Dieu comme de commander à un arbre cette folle entreprise : Déracine-toi et va te planter dans la mer (Luc 17, 6). Paul aussi était conscient de sa petitesse, mais il était tout aussi conscient d’être habité par la force de Dieu : Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison (2 Timothée 1, 7).

Un dernier mot sur « la graine de moutarde »

     J’aimerais apporter une précision à propos du fait de comparer la foi à une graine de moutarde. Dans nos contrées, paraît-il, on aurait choisi une graine de tabac, la plus petite de nos semences. Où Jésus voulait-il en venir au juste en se servant de cette comparaison? Il voulait faire comprendre à son auditoire que la foi n’est pas toujours visible à l’œil nu mais qu’elle se révèle une fois rendue à maturité : comme par exemple l’impressionnante feuille du tabac ou l’arbre issu de la graine de moutarde. Pour emprunter un langage plus scientifique, disons que la foi, c’est un peu comme un grain d’uranium qui peut déployer à lui seul une énorme énergie qui dépasse des milliers de fois sa taille.

Un dernier mot sur « le serviteur quelconque »

    Je me permettrai également de revenir, en fin de commentaire, sur la phrase qui clôt l’évangile d’aujourd’hui. La raison en est bien simple : qui n’a pas eu à justifier cette phrase un jour ou l’autre devant une assemblée ou lors d’une conversation? : Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir? (Luc 17, 10). Même si cette citation est souvent controversée parce que difficile à accepter, elle dit pourtant quelque chose de fondamental. Elle met l’amour en compétition avec le service. Elle assure qu’on n’a jamais fini d’aimer ni de servir. Personne n’est à la hauteur en ces domaines. Qui le serait deviendrait un mercenaire insolent. L’amour et le service véritables ne s’évaluent pas : ils sont gratuits, constants et fidèles : Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité (Habacuc 1, 4). Et l’on sait que fidélité et foi puisent la sève nourricière avec la même racine.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2112. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Un appel à la conversion