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32e dimanche ordinaire C - 11 novembre 2007

 

L'espérance têtue des croyants

La résurrection des morts : Luc 20, 27-38
Autres lectures : 2 Martyrs d'Israël 7, 1-2.9-14; Psaume 16(17); 2 Thessaloniciens 2, 16 — 3, 5

« Novembre, mois des morts » disait-on autrefois... Aujourd’hui, avec les martyrs du Premier Testament, avec le regard de Jésus, nous osons regarder la mort en face. Elle devient frontière transparente, grande ouverte sur les larges horizons de l’amour de Dieu. Parce que Dieu est fidèle, parce qu’il est source de résurrection, de relèvement d’entre les morts, il est la source de toute espérance.

     
  Les textes bibliques de ce jour semblent loin de nos préoccupations quotidiennes. On passe d’une histoire de jambon, dans la première lecture, à un problème de mariage à répétition, dans l’évangile. On est bien prêt à renoncer au jambon si cela peut nous éviter quelques calories, mais de là à mettre notre main au feu... Quant au mariage à huit ou au mariage pour l’éternité, cela ne semble vraiment pas la préoccupation du jour. La moitié des mariages nouvellement conclus risque de finir en catastrophe. Pour les couples qui s’aiment, c’est un choc d’apprendre que la relation sera différente, une fois de l’autre bord!

La certitude des Martyrs d’Israël
(2 M 7, 1-2.9-14)

  La première lecture n’est pas précisément le genre d’histoire à raconter aux enfants avant le sommeil. La demande du roi et ses réactions traduisent une affaire politique grave : les envahisseurs grecs, les successeurs d’Alexandre le Grand, qui avaient essayé d’amadouer les Juifs aux coutumes païennes passent soudain à la confrontation.

  Manger ou non du porc est alors plus qu’un choix diététique. C’était un symbole des coutumes païennes, des sacrifices rendus aux idoles par les peuples païens qui environnaient les terres du peuple de Dieu... Les envahisseurs païens s’en servaient pour contester les observances des Juifs, ce que nous appelons « les lois » de la Torah. Cet enseignement portait sur l’identité de Dieu, toujours en lien avec son peuple, et la nécessité pour le peuple d’avoir des signes immuables de son appartenance. Cette fermeté portait ombrage aux rois grecs prétentieux.

De bonnes questions

  Mourir pour ne pas manger de porc... cela paraît disproportionné et ridicule! Ce qui est en jeu, c’est l’anéantissement de la foi et de la culture juives. On arrache à sept frères leur langue physique... pour essayer de leur faire renoncer à leur parole forte et originale. L’envahisseur veut imposer une autre façon de voir la vie et de vivre... sans priorité pour le Dieu des pères, le Dieu des vivants!

  Les jeunes Juifs déclarent ouvertement leurs convictions. Ils témoignent, ils apportent au sens strict un « martyre » au sujet de leur perception du rôle de Dieu, le Roi du monde, source de vie éternelle. Ces jeunes gens disent leur certitude : le corps continue d’exister au-delà de la mort, ce qui était une grande nouveauté pour l’époque!

Des questions
pour aujourd’hui

  Ce témoignage familial pose de bonnes questions. Par exemple, quand nous pensons à l’outre-tombe, sommes-nous paralysés par la frayeur ou soutenus par la certitude d’une présence qui nous y attend? Qu’est ce qui passe en premier dans notre vie? Quels sont nos critères de décision? Y a-t-il encore des certitudes qui valent le prix de notre vie?

  Oui, affirme le témoignage des martyrs du XXe siècle. Jean-Paul II a béatifié ou canonisé souvent des martyrs qui ont refusé l’illusion nazie : Maximilien Kolbe qui prit la place d’un père de famille condamné, le journaliste hollandais Titus Brandsma qui résista en Hollande à la propagande nazie, la juive convertie Édith Stein...

  Le martyre est un témoignage nécessaire en notre époque rongée par l’angoisse. Tenir bon peu importe la persévérance requise suscite tôt ou tard des questions salutaires. Dans la première lecture, le martyre des jeunes Juifs eut un effet choc sur les politiciens envahisseurs : Le roi et sa suite furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances (v. 12).

Un grand cri du cœur

  Les Sadducéens qui tendent un piège à Jésus sont membres de l’élite des prêtres de Jérusalem. Ce sont les matérialistes du temps. Très sûrs d’eux-mêmes, ils contestent les efforts des Juifs pour garantir leur descendance. Ils se moquent de la conception de « la vie comme bénédiction », qui obligeait une famille à des efforts légaux pour que la lignée d’un croyant juif se continue. À l’époque de Jésus, les Sadducéens rejetaient ce qui semblait alors une nouveauté : la foi en une résurrection. Voilà pourquoi Jésus, dans sa réponse, les fait remonter bien au-delà de l’époque récente où les sept frères de la première lecture ont été massacrés (l’époque des Maccabées) : Jésus les entraîne jusqu’aux origines les plus lointaines du peuple juif.

  Les contre-exemples utilisés par Jésus se nomment Abraham, Isaac, Jacob, trois patriarches qui ont construit la nation malgré la stérilité de leurs épouses. Chacun des « fils de l’impossible » a donné naissance à un autre fils de l’impossible. Bref, ils ont reçu leur fécondité de Dieu lui-même. C’est en rappelant la mémoire de ces trois ancêtres du peuple juif que Dieu se fera connaître à Moïse : il est le Dieu de la vie plus forte que tous les obstacles.

  Enfin, les anges de la Bible sont les messagers de la présence de Dieu qui intervient dans le cours des événements. Dire des enfants du monde qu’ils deviennent comme des anges revient à dire qu’ils ont un contact direct avec Dieu et qu’ils collaborent directement aux projets de Dieu.

Un évangile
foisonnant d’espérance

  Trois éléments vont nous aider à apprécier le message actuel de la Parole de Dieu.

  D’abord, examinons la déclaration de Jésus sur le mariage. En dépassant le point de vue étroit des Sadducéens, Jésus annonce un autre type de relation dans la vie éternelle. Ce n’est plus en voulant résoudre soi-même le problème de descendance par des mariages répétés, afin d’assurer une descendance au moins légale, que la vie va continuer. C’est en faisant le pari suprême de la recevoir de la part de Dieu. Jésus parle d’une vie totalement renouvelée, d’une renaissance (donc plus qu’une survie!) qui permet un contact de qualité supérieure avec Dieu. La relation est vraiment positive, puisqu’il s’agit d’un contact de fils, d’héritiers, contact semblable à celui dont jouissent déjà les messagers privilégiés de Dieu, les anges.

  Ensuite, examinons le nom donné à Dieu par Jésus : Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Dieu est le protecteur des pères, des ancêtres de la nation juive, qui ne sont certainement pas en perdition, mais qui sont au contraire protégés par Dieu au-delà de toute leur vie aventureuse dans ces pays de sable et de steppe.

  Enfin, les derniers mots (en grec) de l’extrait d’évangile sont d’une riche ambiguïté : « Tous vivent en effet pour lui » peut signifier « vivre pour le rejoindre, lui », ou « vivre de lui, au moyen de lui, grâce à lui... » La vie humaine, malgré toutes les apparences, n’est pas un fouillis d’événements sans orientation. Tout converge vers le Dieu de la vie, tout peut conduire vers la rencontre du Dieu fidèle. Et cette rencontre n’est pas l’affaire d’un instant; c’est une occupation pour la vie, pour la vie éternelle.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2117. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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