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3e dimanche de Pâques C - 22 avril 2007

 

Un pardon, un second appel, une même mission

Le Seigneur ressuscité apparaît au bord de la mer de Tibériade : Jean 21, 1-19
Autres lectures : Actes 5, 27b-32.40b-41 ; Psaume 29 (30); Apocalypse 5, 11-14

Le récit de ce dimanche pourrait s’intituler : la seconde vocation de Pierre. Vocation qui fut définitive pour l’apôtre. Entre le premier appel, qui se situe au début de la vie publique de Jésus, et celui qui nous occupe, il y a une évolution parallèle. Examinons donc ces ressemblances, elles nous aideront à mieux saisir le thème privilégié pour ce dimanche.

L'appel définitif

      Dans les deux circonstances vocationnelles, il y a un signe miraculeux : une pêche abondante, imprévue et subite. Lors de la première rencontre, l’appelant est un jeune rabbi qui demande à Pierre de lui prêter sa barque (Luc 5, 3). Dans la seconde, l’appelant est un individu qui n’est pas immédiatement reconnu par Pierre, le chef du groupe des pêcheurs (Jn 21,4). Lors des deux événements, c’est le coup de filet inespéré et surabondant qui permet la reconnaissance. Cette reconnaissance suscite d’a-bord chez Pierre un acte d’adoration (Lc 5, 8). Puis, lors de la seconde pêche miraculeuse, elle se manifeste par un cri du cœur : C’est le Seigneur! (Jn 21, 20)

L’envoi en mission

       Entre ces deux appels de Jésus à Pierre, trois années se sont écoulées. Trois années fécondes en enseignement. Trois années où la suite de Jésus s’est transformée en belle et solide amitié. Le Maître et le disciple ont appris à se connaître et même à se deviner. D’ailleurs le récit d’aujourd’hui en témoigne. C’est pourquoi il est bon d’ajouter ici une autre ressemblance entre les deux événements : celle de la mission. Dès le premier appel, Jésus indique à Pierre que ce sera désormais des hommes qu’il prendra (Lc 5, 10). Et il en est ainsi dans le second : Pais mes brebis (Jn 21, 17). Ce qui est différent dans cette dernière rencontre, c’est l’allusion discrète au péché de Pierre.

Une faute engloutie par l’amour

      Lorsque le jeune Pierre se rend compte du miracle de la pêche, il reconnaît son indignité et sa condition pécheresse : Seigneur éloigne-toi de moi car je suis un homme pécheur (Lc 5, 8). Lorsque l’apôtre sera témoin de la seconde pêche miraculeuse, le rappel de cette même condition pécheresse se fera à travers un dialogue répétitif. Ce rappel est tellement voilé que les témoins de la scène ne semblent pas l’entendre. Mais Pierre, lui, à cause de cette intimité qu’il a avec Jésus, a saisi le doux reproche. Aussi il se montre attristé (v. 17) lorsque son Seigneur lui pose trois fois l’unique et même question : Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci? (v. 15). Mais ne nous y trompons pas, cette demande réitérée poursuit un but bien précis : engloutir la faute du triple reniement de Pierre par sa triple protestation d’amour envers Jésus.

Un geste de confiance

      Aimer d’avantage parce que l’on a péché grandement : voilà ce qui enracine la maturité spirituelle. C’est pourquoi Jésus n’hésite pas à confier son Église à Pierre en l’instituant Berger (v. 18), c’est-à-dire responsable du troupeau si cher à son cœur. Jésus a prié pour cet instant : Simon, j’ai prié pour que ta foi ne défaille pas (Lc 22, 31). Et cette parole s’est réalisée dans l’humilité de la faiblesse humaine et dans les larmes de la repentance.

Un regard de tendresse

      Si les paroles de Jésus ont permis à Pierre de lui prouver son amour et sa fidélité, c’est son regard de tendresse qui l’a remué jusqu’au fond de l’âme. Ce genre de regard lui a permis non seulement de se relever mais de se tenir debout, bien droit, dans la lumière de ce petit matin qui prend l’allure de l’apothéose de l’Amour. Comme tous ceux-là à qui Jésus avait pardonné les péchés, Pierre voit son cœur s’agrandir comme un filet de pêche où aucune déchirure ne se voit (v. 11) même si l’abondance d’amour qui le remplit risque de le faire éclater. Pierre laisse ce cœur à découvert : Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime (Jn 21, 17).

Une expérience universelle

      Jésus n’est plus. Pierre et les siens éprouvent le vide de l’absence. Celui qu’ils avaient côtoyé familièrement depuis près de trois ans leur a été ravi. Car, on le sait, plus les rapports sont amicaux et sincères plus l’absence est difficile à supporter. Alors pour combler la béance, s‘installent le souvenir des joies et des peines. Alors aussi s’amènent les regrets, les impossibilités de dire les mots affectueux trop souvent retenus. Mais l’absence fait aussi surgir des images qui ne pourraient venir au jour sans cette inaccessibilité définitive de la personne disparue. Une bouffée de tendresse émerge alors, un pardon accordé monte aux lèvres, des gestes de bonté, tel un banal petit déjeuner, prennent une ampleur qu’ils n’avaient pas lorsqu’ils furent posés dès le lever du jour. Le souvenir rend souvent plus réelle la présence de l’être qui nous manque.

L’héritage chrétien

      Nous qui n’avons pas connu le Jésus historique, ni contemplé les traits, ni entendu sa voix et ses paroles, nous avons cependant un trésor à conserver : celui de notre héritage chrétien. Ce dépôt précieux consiste à croire en la résurrection de Jésus sans avoir vu (Jn 20, 29). C’est là le fondement de notre foi. C’est pourquoi l’on s’étonne de constater que des chrétiens lorgnent vers d’autres croyances, telle la réincarnation si chère à la tradition bouddhiste mais incompatible avec la nôtre. L’évangile de ce jour veut nous faire entrer un peu plus dans ce mystère de la vie du Ressuscité et ainsi raffermir notre foi.

L’autre présence

      Après la mort de Jésus rien ne peut empêcher les apôtres d’enseigner le nom et la vie de Jésus : Nous sommes les témoins de tout cela, diront-ils devant le grand conseil (Actes 5, 32). C’est donc sur cette foi des témoins que repose la nôtre. Des témoins qui ont subi le fouet (Ac 5, 40) et qui subiront le martyre pour avoir choisi d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (Ac 5, 29). Nous sommes de leur race. Avec eux nous vivons de sa présence autrement. Dans la résurrection de Jésus, toutes les créatures ont vaincu la mort avec lui. Elles sont conviées à entourer le Trône de l’Agneau immolé en prenant part à la multitude des vivants à jamais (Apocalypse 5, 11-13). Les 153 poissons, dont le filet est rempli, sont le symbole de l’universalité du salut en Jésus.

Les traces de sa présence

      Le rôle des chrétiens consiste justement à révéler les traces de sa présence. D’abord en le faisant connaître par les évangiles et les Écritures. Puis en redisant ses paroles pour réconforter et interpeller au besoin. Ne pourrait-on pas dire, à propos d’un baptisé qui refuserait de se comporter ainsi, que son baptême ne lui a donné qu’un prête-nom au lieu d’une identité personnelle?

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2097. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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