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2e dimanche de l'Avent A - 9 décembre 2007

 

Un appel à la conversion

La prédication de Jean Baptiste : Matthieu 3, 1-12
Autres lectures : Isaïe 11, 1-10; Psaume 71(72); Romains 15, 4-9

Alors que l’un est le Sauveur et l’autre seulement son précurseur, Jésus et Jean Baptiste sont souvent présentés par les quatre évangélistes selon leurs ressemblances. Matthieu en particulier se plaît à montrer le parallélisme de leurs vies. Les deux hommes disent des choses semblables comme : Tout arbre qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu (Matthieu 3, 10 et 7, 19). Les deux s’opposent aux Pharisiens et aux Sadducéens avec des paroles cinglantes : Engeance de vipères (3, 7 et 12, 34 ). Les deux s’adressent à la même génération pour la presser de se convertir avec un message de joie, mais qui en revanche suscite la réprobation (11, 16-19). En outre les deux agissent au nom de la même autorité, celle du Dieu du ciel (21, 23-32). Les deux sont vus comme des prophètes par le peuple (11, 9; 14, 5; 21, 11. 26.46). Les deux sont rejetés et exécutés comme des criminels (14, 1-12; 26-27). Et les deux sont ensevelis par leurs disciples (14, 12; 27, 57-61).

     Comment expliquer ces similitudes? En fait selon l’histoire, Jésus et Jean ont subi le même sort. Ils étaient tous les deux des prophètes qui ont connu le rejet et souffert une mort violente aux mains des autorités civiles du pays. Jusque là leurs vies se prêtent à une présentation littéraire presque identique. Néanmoins l’évangéliste Matthieu est allé plus loin, étant le seul à les désigner en train de proclamer tous les deux le Royaume des cieux. Il place Jean Baptiste durant le temps du Royaume des cieux, il se distingue en cela des prophètes de la Première Alliance. D’où le fait que pour Matthieu, Jean Baptiste et Jésus appartiennent à la même étape dans le déroulement de l’histoire du salut. Ils proclament le même Royaume et ils interpellent Israël avec les mêmes mots. Ils ont le même message sur la fin des temps.

     C’est donc avec cette idée dans son patrimoine liturgique, que l’Église braque son projecteur sur Jean Baptiste durant l’Avent.

Un prophète singulier

     L’enseignement de Jésus a comporté du radicalisme dans la résistance aux tentations : Quelqu’un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Déjà, Jean Baptiste, avait montré une discipline de vie qui le préparait aux réflexes héroïques. Son habillement, un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins, indiquait l’amour de la pauvreté et le choix d’une vie dépouillée. On acquiert ainsi la patience envers les pauvres.

     Sa nourriture : Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage (v. 4). Il se contentait des aliments très peu sophistiqués qu’on trouve au désert. Les sauterelles sont encore aujourd’hui la denrée commune des indigents d’Arabie, de Syrie ou des Bédouins du désert en général. Ils consomment des locustes et des sauterelles crues, rôties ou bouillies selon qu’ils peuvent en trouver. Des manuscrits plus tardifs font de Jean Baptiste un végétarien en remplaçant les sauterelles par du lait ou des légumes. De toute façon, on a compris la tendance! La tolérance envers les échecs de la cuisinière peut exister moyennant l’acceptation habituelle de menus frugaux.

     Il portait une ceinture de cuir autour des reins (v. 4). La « ceinture » a souvent donné lieu chez les maîtres en ascétisme à des conseils sur la chasteté. Notons que Jean vit seul, sa tenue paraît semblable à celle du prophète Élie, familier lui aussi des déserts où les distractions sont rares et les démons nombreux.

     Les apparences un peu insolites de Jean Baptiste ont suscité la curiosité, puis un attrait certain : Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui (v. 5). L’évangéliste parle de Jérusalem, bien qu’elle soit incluse dans la Judée mentionnée juste après. C’est attirer l’attention du lecteur sur la grande notoriété de Jean. Il n’est pas un homme de Dieu quelconque. Il est connu jusque dans la capitale, là où on échange des idées. La conversion peut se vivre loin du Temple de Jérusalem où l’on offre les sacrifices pour le péché. Son cri Convertissez-vous dépasse les particularismes. Il n’est pas nécessaire de pouvoir dire : Nous avons Abraham pour père, pour écouter l’appel à la conversion. La relation de l’être humain à Dieu est définie à l’avenir par l’appartenance à l’humanité, et non plus par les liens biologiques avec le peuple de l’alliance ou avec tout autre groupe.

     En réfléchissant à l’allure extérieure de Jean Baptiste, on pourrait étirer nos conclusions et croire qu’il agit déjà en disciple de Jésus. Celui-ci dira dans le sermon sur la montagne : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? Votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela (6, 25. 32).

Des délais plus longs

     De fait, Jean reconnaît sa subordination au Christ en confessant : Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu (v. 11). La fin des temps est nettement établie en perspective. Elle est inévitable, il y aura un avant et un après. Le temps fait partie du plan divin mais les délais prévus par Jean ont paru trop courts : Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres (v. 10). Jésus dans la parabole du figuier s’exprime par la bouche du maître de la vigne, une année de grâce, symbole du temps sacré donné à l’Église, se passera en gestes de pardon et de miséricorde (voir Luc 13, 6ss).

     Notre ignorance de l’heure du jugement ne doit pas nous laisser dans la mollesse et dans l’imprévoyance. La vie humaine est bien courte, on n’a qu’à demander l’opinion des centenaires. Le temps presse. Il faut se convertir. Chacun de nous. L’appel à la repentance est adressé par Jean Baptiste à tout le peuple. Il n’est pas le privilège d’une secte comme celle des moines esséniens des bords de la mer Morte. Il est dirigé même aux chefs religieux du peuple qui étaient souvent figurés par des arbres dans la langue populaire d’Israël; qu’ils donnent du fruit.

     Il acculait au changement les Pharisiens, ce parti politique devenu plus tard un parti religieux et qui réconfortait ses adhérents en leur faisant vivre la pureté des prêtres dans le Temple. Même les Pharisiens devront revoir leur système et s’ouvrir à la grâce. Les légendes juives de l’époque décrivaient Adam se baignant dans le Jourdain à la suite de son péché aux conséquences si funestes. Il manifestait alors son désir de pureté et sa contrition. Peut-être Jean Baptiste a-t-il voulu nous faire revivre dans le jardin d’Éden, époque de bonheur paradisiaque que les promesses du Christ nous font rêver de surpasser.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2121. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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