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23e dimanche ordinaire A - 7 septembre 2008

 

 

La correction fraternelle

La correction fraternelle : Matthieu 18, 15-20
Autres lectures : Ézéchiel 33, 7-9 ; Psaume 94(95); Romains 13, 8-10

Jésus dit : Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. Cela signifie qu’avec l’autorité d’un maître en Israël, le Christ prescrit la correction fraternelle. Il étend à ses disciples une activité qui singularisait déjà maints personnages de la Bible. Les prophètes l’ont fait dans le Premier Testament, Jean Baptiste l’a fait également d’après les évangiles.

Une tentative héroïque

Quand le précurseur de Jésus a appris qu’Hérode Antipas, le gouverneur de la Galilée vivait avec la femme de son frère, il est allé le trouver et lui en a fait le reproche. La Bible ne précise pas si pour Jean Baptiste, il était facile de rencontrer cet homme de pouvoir seul à seul, mais des exemples antérieurs, comme la rencontre de Nathan avec le roi David, laissent croire que les chefs politiques de l’Antiquité étaient aisément accessibles.

Toute la communauté d’Israël se sentait affectée par la faute d’Hérode Antipas. C’était un péché d’adultère, les deux partenaires étant tous deux mariés, comme aussi un péché d’inceste puisque Hérodiade était sa belle-sœur et sa nièce.

La rencontre eut lieu. À Jean Baptiste, mal lui en prit : l’aventure l’a mené à la mort. Hérode avait fait arrêter, enchaîner et emprisonner Jean (Matthieu 14, 3). Y avait-il eu maladresse de la part du prophète ? Tout est dans la manière. A-t-il été téméraire en osant corriger un souverain ? Hérode Antipas n’a pas éprouvé la repentance de David. Par ailleurs, Jean Baptiste a agi sous une inspiration divine très probablement, mais la raison d’une parole âpre demeure mystérieuse.

La correction fraternelle en Église

Restreignons notre vision des choses à l’auditoire de Jésus. Il a donné ses instructions sur la correction fraternelle à ses disciples. C’est au chapitre 18 de Matthieu, dans le discours communautaire ou ecclésiastique, que l’on situe cet enseignement sur l’idéal de la vie ensemble.

Le berger cherche la brebis égarée

Un modèle est donné au disciple qui veut aller au secours de son frère, c’est celui du berger. La parabole se trouve dans les lignes qui précèdent immédiatement l’extrait d’évangile d’aujourd’hui. À votre avis, si un homme possède cent brebis et qu’une d’elles vienne à s’égarer, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes pour s’en aller à la recherche de l’égarée (Matthieu 18, 12-14). L’exemple à imiter est celui de Jésus, le vrai berger, qui a donné la priorité au secours de la brebis perdue.

La parabole décourage toute forme de tolérance qui équivaudrait à de la paresse. Le berger devra fouiller les buissons, les grottes, les trous dans la paroi rocheuse afin de retrouver la brebis perdue. Le berger aura à dépenser ses forces et le disciple qui désire en sauver un autre aura à faire de même avec ingéniosité et persévérance.

La correction fraternelle : comment faire aujourd'hui ?

Dans la société d’aujourd’hui, si soucieuse de laisser à l’individu son espace de vie privée, il faut du tact et de l’imagination pour ramener quelqu’un à une vie droite. On peut convaincre quelqu’un de participer à une marche silencieuse dans un genre de pèlerinage, à un  groupe  de réflexion biblique, à une retraite ou à une liturgie pénitentielle…

La récompense viendra

Une récompense est promise à celui qui réussit à convertir le pécheur. Jésus dit : S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. Le mot traduit par écouter pourrait être rendu par obéir et l’expression gagner ton frère suppose que le gain est celui d’une amitié de caractère familial. Bengel, un exégète britannique, commente : « Le corps guéri d’un homme malade ne devient pas la propriété du médecin soignant; la maison ne devient pas la propriété de celui qui éteint le feu qui l’endommage… Mais la personne que j’ai gagnée devient en un certain sens la mienne ».

La communauté peut aider la démarche

Le reste de l’évangile reproduit la discipline de la réconciliation qui existait dans les groupes juifs fervents de l’époque de Jésus : prends avec toi une ou deux personnesdis-le à la communauté. À cela s’ajoute la prière : si deux personnes se mettent d’accord pour demander quelque chose… car il faut prier pour changer une personne qui s’enfonce dans l’erreur.

En régime chrétien, la présence de Jésus ressuscité est acquise selon les mots de son enseignement : Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. Dieu touche les cœurs; la conversion, ils l’obtiendront, dit Jésus, de mon Père qui est aux cieux.

Les qualités nouvelles de la correction fraternelle

On reconnaît dans la façon dont Jésus décrit la correction fraternelle une mansuétude qui manquait peut-être aux prophètes de l’Ancien Testament. Des délais séparent nécessairement toutes les étapes de l’approche. Après un premier contact, il pourra y en avoir un autre, puis un autre. Celui qui veut persuader son frère d’opérer un virage dans sa vie doit y mettre de la patience.

On imagine les douces remontrances de Monique qui voulait attirer son fils Augustin au baptême chrétien. Elle a sûrement sollicité l’appui d’amis à la  foi semblable à la sienne qui, par amour de Dieu et par amour de leur frère, ont usé de longanimité devant leurs efforts qui échouaient. Tirer un être humain de certains pièges du mal requiert une grande vertu. Par ailleurs, Augustin parle dans les Confessions des prières de sa mère demandant sa conversion. Ces prières ont duré des années. La prédication d’Ambroise à Milan a été ensuite décisive.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2151. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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