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25e dimanche ordinaire A - 21 septembre 2008

 

 

La bonté de Jésus face à l'oeil malveillant

Les ouvriers de la onzième heure : Matthieu 20, 1-16a
Autres lectures : Isaïe 55, 6-9 ; Psaume 144(145) ; Philippiens 1, 20c-24.27a

La parabole est un moyen de communiquer qui permet le surgissement de la vérité. Quelle vérité les « envoyés » de la première heure ont-ils à découvrir ? Le travail de l'homme et de la femme n'est-il qu'une marchandise à vendre ? Dans la vie familiale, sociale et économique, les critères de comportemet doivent-ils être basés sur la compétition, la concurrence, le mérite proportionnel à l'effort ? Ou plutôt sur la solidarité ? Le maître de la vigne a-t-il le droit de vouloir le bien de tous ? Ce maître qui symbolise Dieu peut-il manifester gratuité et générosité ?

Les employés de la première heure

Ils sont embauchés, et, avec le maître, ils conviennent d'une pièce d'argent pour la journée (v. 2). Or, à la fin du jour, ils reçoivent la somme telle que convenue. Oui, mais un autre groupe de travailleurs récolte en partage une même pièce d'argent. Les premiers, jaloux, se rebiffent, s'indignent, crient à l'injustice. Tout d'un coup, ils apparaissent enfermés dans leur bon droit, à l'étroit dans leur incontestable justice. En réailté, quelle est la valeur de leur équité ? ne serait-elle qu'un prétexte pour obtenir un supplément de salaire, en fait, une faveur escomptée comme un dû ? On note au verset 12 une inégalité flagrante : ces hommes passent du eux au nous. Se reconnaissent-ils une certaine solidarité avec leurs compagnons de travail ? Cette même attitude malveillante s'exprime en Luc 15, 30 lorsque le fils aîné retrouve son père et lui reproche le bonheur qu'il exprime et la prodigalité manifestée au retour du fils cadet. La question qui surgit est celle-ci peut-on faire de la gratuité un droit ?

Le maître de la vigne : Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi (v. 14)

Si les ouvriers se situent dans l'ordre du bon droit et d'une justice distributive, le maître, lorsqu'il demande à son intendant de rémunérer les uns et les autres de manière identique, se tient dans la sphère de la générosité et de la gratuité. Le maître leur parle en employant le mot camarade, compagnon, (v. 13), rendu dans la traduction liturgique par ami. Il se situe dans le registre de la relation du je-tu (vv. 13-15). Dans son discours, le maître de la vigne (v. 8) fait un rappel du contrat tenu et affirme son échelle e valeur : Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi : n'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ?

À ce moment, la pensée des ouvriers - et la nôtre aussi - ne se résume-t-elle pas à considérer cette attitude comme arbitraire ? Leur viendrait-il à l'idée qu'un défi est posé à quiconque sait entendre et voir ?

Il convient de le constater, la parabole se déroule à deux niveaux : celui de la réalité, avec ses paroles et ses actes, et celui de la pensée avec ses appétits. Il est donné aux premiers ouvriers de reconnaître leur envie, leur jalousie, leur désir de revendiquer davantage. S'ils avaient été payés en premier, ils n'auraient pas été avisés de la libéralité surabondante du maître de la vigne. Cette vigne, évoquée fréquement dans le Premier Testament, renvoie au peuple de l'Alliance.

Des disciples de Jésus à la communauté de Matthieu

L'évangéliste insère la parabole dans la section de la montée de Jésus à Jérusalem; elle explicite le retournement auquel il faut consentir pour accéder au Royaume. Déjà, les disciples ont confessé leur foi à Jésus, le Christ, l'Oint, sans comprendre encore totalement l'essentiel de sa mission et de son mystère. Au chapitre 19, d'aucuns sont intéressés à savoir ce qui leur reviendra s'ils suivent leur Maître (v. 27); aussi, la mère des fils de Zébédée veut que ses fils obtiennent les premières places. Mais si eux sont attachés au prophète d'autres refusent, tels les publicains. L'attention bienveillante de Jésus, qui se rend proche de ceux qui n'observent pas les pratiques rituelles et légales, chatouille l'arrogance des bien-pensants. Les paumés, les sans-instruction, les malades, les rejetés les exclus reçoivent gratuitement la tendresse compatissante du thaumaturge. La situation conflictuelle entre les publicains et les pécheurs, que tous les évangélistes relatent, reçoit un éclairage par le biais de cette parabole.

Par ailleurs, vers la fin du 1er siècle, la communauté formée de chrétiens d'origine juive se rend compte de l'accueil fait par les païens à la bonne nouvelle de Jésus Christ. Ces derniers sont appelés comme les premiers qui ont bénéficié d'un héritage religieux précieux. Les premiers, fidèles observateurs, conscients de leurs mérites, ont-ils droit sur Dieu et son action ? Peuvent-ils admettre la bonté de Dieu à l'égard de ces nouveaux venus ?

Changer son regard

Les premiers ouvriers sont invités à comprendre la bonté du maître de la vigne. Dans l'Église, les chrétiens, appelés à comprendre en profondeur l'attitude de Jésus, doivent s'ouvrir aux autres dans une fraternité et une solidarité réelle. Le royaume de Dieu ne suppporte pas ceux qui, par arrogance, méprisent autrui; ceux qui veulent réduire les pensées de Dieu à leurs pensées mesquines et à leur agir intéressé; ceux qui départagent la communauté et revendiquent un droit qu'ils ne reconnaissent pas aux autres, jugés méprisable. À eux, ces ouvriers envieux, il revient de répondre à la question posée (v. 15). L'heure est arrivée : celle de consentir à être « renversés », « retournés », c'est-à-dire la conversion.

Tous les chrétiens, les premiers et les derniers sont appelés à jouer un rôle actif dans la Vigne du Seigneur. La récompense à recevoir ne se mesure pas à l'aune humain, mais se situe dans l'amour personnel du Christ pour chacun et chacune. Une faveur incomparable qui fait vivre et rayonner.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2153. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Un regard qui guérit