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27e dimanche ordinaire A - 5 octobre 2008

 

 

Une parabole juteuse

Parabole des vignerons meurtriers : Matthieu 21, 33-43
Autres lectures : Isaie 5, 1-7 ; Psaume 79(80) ; Philippiens 4, 6-9

La vigne est une image très présente dans la Bible. Elle symbolise la nation sainte : Israël, dans la première lecture, fait clairement cette association. Jésus se situe donc dans une très longue tradition lorsqu’il utilise cette image dans l’Évangile. Et il en profite pour donner à ses auditeurs une histoire sainte du peuple élu et informer ses disciples du sort qui l’attend.

Israël

Le propriétaire de la vigne est Dieu le Père qui voit en Israël une vigne précieuse. Le raisin de cette vigne croît et subit une transformation qui donne un liquide savoureux, un nectar digne des meilleurs palais. La nation sainte, comme le raisin, est une réalité qui grandit, qui s’épanouit. Il y a évidemment sur le plan matériel la démographie mais, dans la perspective divine, Israël devait d’abord croître spirituellement. Malheureusement cette croissance ne s’est pas faite sans heurt. Isaϊe témoigne de perturbations adolescentes dans la première lecture. Le peuple élu devait produire du bon vin. Cette boisson symbolise l’environnement prospère, serein, harmonieux qui aurait dû régner à l’intérieur d’un pays fidèle à Yahvé. Ce contexte n’a pas toujours existé. Les fils et les filles d’Abraham ont délaissé le vrai Dieu durant leur évolution. Ils se sont tournés vers d’autres divinités. Isaϊe emploie des termes très négatifs pour décrire l’atmosphère qui a résulté de cette infidélité : iniquité et détresse. Jésus poursuit dans la veine d’Isaϊe mais il intègre de nouvelles images : les vignerons et le fils du propriétaire de la vigne.

Les vignerons

Dans la parabole, Jésus rend la symbolique d’Isaϊe plus complexe. Le propriétaire est désormais Dieu le Père. Il envoie des serviteurs et son fils pour visiter sa plantation. La vigne représente toujours Israël mais Jésus ajoute un autre acteur : les vignerons. Ce groupe représente les responsables qui avaient la charge de veiller à la croissance spirituelle de la nation sainte. À l’époque du Seigneur, Jésus désigne les grands prêtres, les scribes et les pharisiens. Jésus établit donc ici clairement une séparation. L’israélite peu éduqué, qui fait confiance aux autorités religieuses de sa contrée pour le guider, est moins responsable des conséquences qui touchent le destin de sa société que l’élite savante qui avait pour mission de conduire les gens vers l’épanouissement spirituel.

Le Fils et les serviteurs

Jésus ajoute aussi deux autres éléments à l’illustration rudimentaire de la première lecture : les serviteurs et le fils. Jésus désigne ici les prophètes de l’Ancien Testament et sa propre personne. Tout au long de son histoire, les autorités religieuses d’Israël ont été en conflit avec les envoyés de Yahvé. Souvent leurs intérêts égoϊstes ne correspondaient pas avec la volonté divine. La croissance de la vigne précieuse était donc négligée. Les prophètes étaient les hommes chargés par Dieu de remettre l’harmonie dans la patrie troublée. Les vignerons homicides, les gouvernants religieux, ont parfois réagi avec violence pour protéger leurs acquis. Ils ont assassiné plusieurs envoyés. Maintenant, le fils du propriétaire, Jésus, se présente et les autorités du moment ont la même réaction que leurs prédécesseurs. Ils veulent éliminer ce Fils qui va à l’encontre de leurs intérêts. Mais le contrecoup de ce meurtre sera plus définitif que l’assassinat des prophètes.

L'Église

Jésus n’y va pas avec le dos de la cuillère dans la conclusion de la parabole. Le propriétaire va confier sa vigne à un autre peuple pour qu’il lui fasse produire du fruit. Les mauvais vignerons vont donc se retrouver avec une vigne délaissée par son propriétaire. Malgré les meilleurs soins, la vigne sans un propriétaire qui investit dans son développement va dépérir et perdre toute vigueur. L’Église, apparaît comme le peuple nouveau qui s’occupe de la vigne de Dieu. Jésus, rejeté par les bâtisseurs, deviendra la pierre angulaire, fondatrice de ce nouveau peuple. L’Église est donc appelée dans cette parabole à produire un bon raisin qui, pressé, donnera un nouveau vin, un nouveau monde harmonieux, juste et pacifique.

Une parabole

Il serait tentant d’affirmer que ce récit s’achève avec la naissance de l’Église. Le Corps du Christ connaît une croissance difficile qui n’est pas terminée. Jésus, le Fils, est encore rejeté. Plusieurs serviteurs de Dieu sont encore assassinés. Les vignerons homicides sont encore parmi nous. Un baptisé qui ne respecte pas les commandements du Père (aimer Dieu et aimer son prochain) peut tuer le Christ autour de lui et déranger la croissance de la nouvelle vigne. Ainsi cette parabole ramène chacun à sa propre situation. La fidélité au propriétaire entraîne justice et espoir tandis que l’infidélité conduit vers l’iniquité et la détresse. Chaque enfant de Dieu peut regarder sa conscience et constater sa propre condition spirituelle. Ainsi il pourra réparer ce qui est brisé.

Une bonne vigne
Philippiens 4, 6-9

Paul, dans l’épître de ce dimanche, explicite les caractères d’une Église qui produirait de bons fruits. Ainsi les gens du monde entier pourraient boire son bon vin. D’abord les baptisés doivent démontrer leur amour pour Dieu. La prière, dans cet extrait, constitue l’outil privilégié pour exprimer cette affection. En plus, les membres de l’Église doivent cultiver des rapports d’amitié entre eux. Tous les qualificatifs énumérés par l’apôtre renvoient à des attitudes qui traduisent l’amitié. La vérité représente la loyauté dans les rapports humains. La justice signifie la bonne mesure, l’équilibre dans les diverses relations entre personnes. En appliquant les commandements de l’amour de la Nouvelle Alliance, l’Église sera une bonne vigne. Paul l’a perçu et les baptisés ont encore aujourd’hui la mission de concrétiser les préceptes légués par le Seigneur.

Pour poursuivre la réflexion…
Le comportement des vignerons homicides peut sembler étrange aujourd’hui. Il faut se rappeler que dans le droit de l’époque, une terre revient à ses premiers occupants si le propriétaire de la terre n’a pas d’héritier. Des vignerons locataires des champs, pouvaient s’imaginer prendre possession de la vigne si l’héritier mourait. Son assassinat semble donc moins bizarre quand il est éclairé par les dispositions légales de l’époque.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2155. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Conversion oblige