INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

2e dimanche ordinaire B - 18 janvier 2009

 

 

Que cherchez-vous ?

Le témoignage des premiers disciples : Jean 1, 35-42
Autres lectures : 1 Samuel 3, 3b-10.19; Psaume 39(40) ; 1 Corinthiens 6, 13b-15a.17-20

Dans l’évangile de Jean le récit de la vocation des disciples est très différent de ce qu’on trouve ailleurs (comparer avec : Mt 4, 15-22; Mc 1, 16-20; Lc 5, 1-11). Ce n’est qu’indirectement qu’on peut parler d’un récit de vocation puisque les deux disciples de Jean Baptiste suivent Jésus (v. 37) – ce qui est la caractéristique d’un disciple – avant d’avoir été appelés (v. 39). Il ne s’agit pas de déterminer lequel de ces récits est le plus vrai, c’est-à-dire le plus proche de la réalité historique, mais de mieux comprendre quels aspects du mystère de Jésus l’évangéliste a voulu mettre en lumière.

L'Agneau de Dieu (v. 36)

Tout commence par une parole mystérieuse de Jean : Voici l’agneau de Dieu (v. 36). Depuis le début Jean est le personnage central. Déjà annoncé dans le Prologue (Jn 1, 6-8.15), il entre en scène au v. 19 à l’occasion d’une discussion avec des délégués venus de Jérusalem. Le lendemain (v. 29) il voit Jésus et le présente à un auditoire indéterminé : Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (v. 29). L’expression est familière aux catholiques à cause de son usage dans la liturgie. Pour les auditeurs de Jean elle dut paraître mystérieuse. Agneau de Dieu n’apparaît nulle part ailleurs dans la Bible. Le lien avec le pardon fait penser aux sacrifices pour le péché prescrits par la Loi. L’agneau est la victime prévue dans une catégorie particulière de ces sacrifices, appelée « sacrifice de réparation » (cf. Lévitique 14, 12.13.21.24.25; Nombres 6,12). On ne voit pas clairement ce qui distinguait ce sacrifice des autres rites liés à l’expiation des péchés. On peut croire que, par cette formule énigmatique, Jean annonce la valeur expiatoire de la mort future de Jésus. C’est lui la victime qui enlèvera, une fois pour toutes, le péché du monde. Cette interprétation peut aussi s’appuyer sur le Quatrième chant du Serviteur (Isaïe 52,13 – 53,12). Le Serviteur est comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme, devant les tondeurs, une brebis muette (Is 53,7). Quelques lignes auparavant on lit : Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et dans ses blessures nous trouvons la guérison (Is 53, 5).

Lorsque, le jour suivant (v. 35), Jean répète la même expression devant deux de ses disciples (v. 36), ceux-ci décident d’en apprendre plus sur ce mystérieux personnage.

Les premiers mots de Jésus

La première parole de Jésus rapporté dans le quatrième évangile : Que cherchez-vous? ressemble à celle du ressuscité à Marie Madeleine : Pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu? (Jn 20, 15. voir aussi : Jn 18, 4.7 et les premiers mots de Jésus en Lc 2, 49). La recherche de Jésus est un fil conducteur tout au long de l’évangile. La foule le cherche par curiosité (Jn 6, 24; 11,56); ses adversaires ne le trouveront jamais, c’est-à-dire ne comprendront jamais son mystère (Jn 7, 34.36; 8,21). Seul peuvent le trouver ceux qui sont prêts à le suivre jusqu’au bout (cf. Jn 6, 67-69).

La réponse des futurs disciples est aussi en forme de question et elle introduit un autre terme important du vocabulaire johannique : Rabbi, où demeures-tu? (v. 38). L’évangile ne donne évidemment jamais l’adresse de Jésus. Par contre le thème de l’« habitation » y occupe une place importante (plus de la moitié de tous les emplois du verbe demeurer dans le Nouveau Testament se trouve dans l’Évangile et les Épîtres de Jean). Cette idée est développée surtout dans les Discours après la Cène : Demeurez en moi comme moi en vous … celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit (Jn 15, 4.5). Dès la première rencontre l’idée est lancée : la vraie résidence de Jésus est le cœur des croyants.

À son tour Jésus introduit deux termes qui reviendront souvent par la suite : Venez et vous verrez  (v. 39). On vient à Jésus par curiosité ou par intérêt (Jn 3,2.26; 6,5) mais la véritable venue est une grâce accordée par le Père (Jn 6, 44.45.65). Celui qui vient à Jésus n’aura plus jamais faim (Jn 6, 35) et il ne sera pas rejeté (Jn 6, 37). Il s’agit de beaucoup plus que d’un déplacement physique, c’est toute la personne qui se met en état d’accueillir le message du salut.

Le thème de la vision est plus ambigu. On pense évidemment à la parole de Jésus à Thomas : Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu (Jn 20,29). La vision peut être un préalable à la foi : Il vit et il crut (Jn 20, 8); inversement, la foi peut être une condition nécessaire à la vision : Si tu crois, tu verras le gloire de Dieu (Jn 11, 40). La vision est aussi la source du témoignage (cf. Jn 1,34; 3, 11.32 et surtout 1 Jn 1,1-4).

En quelques phrases, en apparence assez banales, l’évangéliste pose les fondations de plusieurs éléments importants du reste de son œuvre.

Nous avons trouvé le Messie (v. 41)

Tout a commencé par le témoignage de Jean (v. 36). André, après avoir suivi Jésus et être demeuré auprès de lui (v. 39) se fait témoin à son tour. Il sert d’intermédiaire entre son frère Simon et Jésus. Le quatrième évangile, c’est bien connu, ne développe pas beaucoup la dimension missionnaire mais il l’illustre par des exemples : ceux qui ont vraiment trouvé Jésus ne peuvent faire autrement que de partager leur découverte (cf. Jn 1, 45-46; 4, 28-30; 20, 18).

Parle... ton serviteur écoute (1 Samuel 3, 3b-10.19)

À côté du récit sobre, presque banal, de la première rencontre de Jésus avec ses futurs disciples, voici une autre histoire de vocation, certes plus mystérieuse, mais quand même empreinte de discrétion. Pas de buisson ardent comme lors de l’appel de Moïse (Ex 3, 1-6) ni de vision grandiose comme celle que vit Isaïe (Is 6, 1-4); simplement une voix qui interpelle quelqu’un par son nom : Samuel, Samuel (v. 10). Pour la reconnaître, Samuel doit être guidé par le prêtre Éli (vv. 8-9). Celui-ci joue auprès de Samuel le même rôle que Jean Baptiste auprès de ses disciples, et que André auprès de Simon. L’appel du Seigneur, à toutes les époques, a besoin d’être relayé par des témoins. Ils servent d’intermédiaires et permettent de comprendre la parole et de mieux discerner les chemins à prendre pour y répondre.

Votre corps est le temple de l'Esprit (1 Corinthiens 6, 13b-15a.17-20)

Parmi les multiples complications survenues dans la jeune Église de Corinthe, certaines avaient rapport avec la conduite sexuelle des nouveaux chrétiens. La réaction de Paul se fonde sur la dignité de la personne humaine, rachetée, corps et âme, par le Christ (v. 20). Le corps lui-même est destiné à la résurrection glorieuse (v. 14). Ce corps appartient au Christ dont il est l’un des membres (v. 15) et le Saint Esprit y habite (v. 19). Toutes ces raisons commandent de respecter le corps humain dont la destinée est d’être pour le Seigneur (v. 13). Ainsi la vocation chrétienne se traduit par une réponse concrète qui embrasse toutes les dimensions de la personne, y compris la vie sexuelle.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2170. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Si loin, si proche !