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Célébrer la Parole

 

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28e dimanche ordinaire B - 11 octobre 2009

 

 

Elle est vivante la Parole de Dieu

L'appel du riche : Marc 10, 17-30
Autres lectures : Sagesse 7, 7-11 ; Psaume 89(90) ; Hébreux 4, 12-13

 

Dans La vie de saint Antoine, saint Athanase écrit : «(Antoine) entre dans l’église au moment de la lecture de l’évangile et il entend le Seigneur qui disait à un riche : Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux. Antoine eut l’impression que Dieu lui adressait cet évangile et que cette lecture avait été faite pour lui. Il sortit aussitôt de l’église et donna aux gens du village ses propriétés familiales … Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il distribua aux pauvres la grosse somme d’argent qu’il en avait retirée…».

     Tout le monde n’a pas la vocation de devenir moine au désert mais ce récit de la vocation d’Antoine illustre l’efficacité de la Parole de Dieu, capable de pénétrer au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles (Hébreux 4, 12) et de changer en profondeur le cours d’une existence.

     Certes, Antoine s’est senti interpellé par ce passage d’évangile parce qu’il était déjà sensible à l’importance de la Parole de Dieu dans sa vie. Ce jour-là il prit conscience du fait qu’elle s’adressait vraiment à lui et pas seulement à un personnage passé du temps de Jésus et que c’est lui qui aurait à lui rendre des comptes (He 4,13). C’est ce que l’homme riche de l’évangile n’avait pas compris.

Avoir en héritage la vie éternelle

     Au regard de la Loi, l’interlocuteur de Jésus est un Juif irréprochable, fidèle à l’observance de tous les commandements (v. 20). Bien plus, il est prêt à ajouter d’autres pratiques  si cela peut lui apporter une garantie supplémentaire : Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? (v. 17). La réponse de Jésus est surprenante. L’homme l’interroge sur ce qu’il doit faire et il lui énumère une liste d’interdits (sauf le commandement sur l’honneur dû aux parents v. 19 cf. Ex 20, 12). Les prescriptions ont pour objectif de tracer un chemin précis qui doit être suivi. Les interdits balisent le chemin en indiquant les voies dangereuses ou sans issue; ils laissent au sujet l’initiative de trouver sa route à l’intérieur des limites fixées. Si l’interlocuteur de Jésus espérait se faire donner des recettes susceptibles de le conduire à la vie éternelle, il a été déçu. La réponse qu’il obtient le revoie à son jugement et au bon usage de sa liberté éclairée par la Parole de Dieu. Jésus reconnaît la valeur de la Loi, donnée par Dieu, comme moyen d’entrer dans la vie éternelle, mais ce moyen demeure imparfait. Il lui manque une chose, suivre Jésus : viens et suis-moi (v. 21). Il ne s’agit pas d’ajouter une pratique nouvelle aux anciennes mais de s’engager sur un chemin totalement nouveau.

     Ce Juif fidèle ressemble à Paul avant sa conversion : Quant à la justice que peut donner la Loi, (j’étais) un homme irréprochable (Philippiens 3, 6). Lors de sa rencontre avec Jésus ressuscité, il fait le choix de le suivre : tous ces avantages dont j’étais pourvu, je les ai considérés comme un désavantage à cause du Christ … À cause de lui j’ai accepté de tout perdre, je considère tout comme déchets , afin de gagner le Christ, et d’être trouvé en lui, n’ayant plus ma justice à moi, celle qui vient de la Loi, mais la justice par la foi au Christ, celle qui vient de Dieu et s’appuie sur la foi (Ph 3, 7-9).

     Dans le récit de l’évangile, le changement demandé par Jésus s’accompagne du détachement des biens matériels : Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel (v. 21). Devenir disciple exige de renoncer à toutes les formes d’assurance, celles que procurent les biens matériels comme celles des mérites accumulés en pratiquant la Loi, pour se remettre totalement entre les mains de Dieu. Le détachement intérieur s’accompagne d’un dépouillement qui libère des liens créés par l’accumulation des richesses. Ce choix que Paul et, après lui, Antoine le Grand et combien d’autres ont fait, l’homme riche n’a pas pu le faire. C’est pourquoi sa rencontre avec Jésus se termine dans la tristesse (v. 22).

La parabole du chameau

     La comparaison du chameau est tellement énorme qu’elle retient tout de suite l’attention (v. 25). Au sens premier il s’agit évidemment des richesses matérielles. On comprend l’étonnement des disciples puisque, dans la tradition biblique, la bénédiction de Dieu se traduit souvent par l’abondance de biens (voir, par exemple : Abraham, Gn 13,2). Cependant les Sages, déjà, préféraient la Sagesse à la richesse : J’ai préféré (la Sagesse) aux trônes et aux sceptres; à côté d’elle j’ai tenu pour rien la richesse; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable… (Sagesse 7, 8-9). De toute évidence, cet enseignement n’était pas passé dans la pratique de tout le monde; cette constatation est encore vraie 2000 ans plus tard. Celui dont le cœur tout entier est occupé à acquérir des biens ou à les conserver n’est pas disponible pour accueillir la Bonne Nouvelle. Mais Dieu peut changer les cœurs les plus endurcis; ce qui paraît impossible peut se réaliser car rien n’est impossible à Dieu (v. 27).

     À un autre niveau, la comparaison du chameau peut se comprendre des richesses que sont les bonnes œuvres accomplies. L’interlocuteur de Jésus était sûr d’avoir déjà un bon capital de mérites : maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse (v. 20). Le parallèle avec Paul s’impose de nouveau (Ph 3, 8-9). En lui la grâce de Dieu a été efficace, l’amenant à faire le choix déchirant que le riche de l’évangile n’a pas pu faire.

Nous avons tout quitté… (v. 28)

     Accepter de suivre Jésus – c’est le propre d’un disciple de suivre son maître - signifie vivre à sa manière. Jésus se détache de sa famille humaine pour en retrouver une nouvelle : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu est pour moi un frère, une sœur, une mère (Mc 3, 34-35). La maison et les champs sont remplacés par le monde, terrain de la mission : Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création (Mc 16, 15). Mais ce renversement de situation n’est pas sans risque, il s’accompagne de persécutions (v. 30) puisque les disciples doivent boire à la coupe que Jésus boira et être baptisés du même baptême (Mc 10, 39). Malgré ces difficultés, ce chemin conduit à la vie éternelle (v. 30). Ce que l’homme riche espérait mériter par ses pratiques (v. 17) les disciples le recevront de Dieu comme un don gratuit, à la condition d’avoir renoncé à tout pour suivre Jésus jusqu’au bout. 

 

Jérôme Longtin, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2199. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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