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Troisième dimanche de Pâques B - 26 avril 2009

 

 

Jésus ressuscité : une présence bien réelle

L'apparition aux Onze : Luc 24, 35-48
Autres lectures : Actes 3, 13-15.17-19 ; Psaume 4, 2,7,9 ; 1 Jean 2, 1-5a

    

La résurrection du Christ est d’abord et avant tout un passage à un ordre nouveau et non pas, comme souvent nous avons tendance à le penser, un retour à la vie telle que connue avant la mort corporelle.

La résurrection : un passage à un ordre nouveau

     Jésus, ressuscité d’entre les morts est, bien sûr, le même Jésus qui foulait la terre de Palestine mais il est en même temps tout autre. Nous n’insisterons jamais assez : Jésus est passé à une vie complètement nouvelle. Ce mystère, appelons-le ainsi, est évoqué par les auteurs des évangiles lorsqu’ils nous apprennent, discrètement, que les privilégiés des apparitions du Christ ne le reconnaissent pas. Ainsi Marie-Madeleine le confond avec le jardinier (Jn 20, 15), tandis que les disciples d’Emmaüs le prennent pour un pèlerin inconnu (Lc 24, 16).

La résurrection : un passage à un changement définitif

     Dans les récits évangéliques où il est question de résurrections comme celle du fils de la veuve de Naïm (Lc 7, 11-17), ou de la fille de Jaïre (Mc 5, 35-43) ou encore de Lazare, le frère de Marthe et de Marie (Jn 11, 1-43), il s’agit en fait, comme nous l’avons déjà signifié, d’un retour à la vie et non d’une résurrection à proprement parler car ces personnages devront mourir à nouveau un jour. Parler de résurrection en langage théologique donc, c’est parler d’un changement définitif : Le Christ, une fois ressuscité des morts ne meurt plus (Rm 6, 9). Ainsi, chaque personne est appelée par Dieu à participer à cette transformation radicale. Dans la résurrection, la nôtre comme dans celle de Jésus, la vie nouvelle sera éternelle.

Pâques : la fête printanière par excellence

     La fête de la Pâque, autant chez les peuples nomades qui n’étaient pas juifs que chez le peuple hébreux, a toujours coïncidé avec le réveil de la nature. Elle est la fête printanière par excellence. Ainsi la résurrection du Christ, survenue à l’aube de la Pâque juive, instaure et ouvre le printemps de Dieu, le printemps du monde. En elle, chaque homme et chaque femme sont conviés à la fête du renouveau. Ils sont invités à passer mystérieusement mais réellement à l’état de dormance pour fleurir au temps présent mais surtout pour porter des fruits lorsque viendra le temps de la dernière saison. L’Église militante, dont nous sommes, vit son été laborieux. Un jour viendra, la foi nous l’apprend, où la récolte sera engrangée. Pour que cela soit, il nous faut consentir d’abord à des changements successifs vers la plénitude de la vie.

Jésus se montre aux siens frappés de stupeur

     C’est bien moi! Touchez-moi, regardez, un esprit n’a ni chair ni os, et vous constatez que j’en ai (Lc 24, 39). C’est ainsi que Jésus calme la peur de ses disciples lorsqu’il se montre à eux. Ils croyaient voir un esprit (v. 37) ajoute l’auteur. Nous, on dirait : ils pensaient voir un revenant. Les apôtres, il faut les comprendre, ont peur que leur imagination leur joue des tours. Jésus leur manque tant! Ils désirent ardemment le revoir. Pour les sortir de leur torpeur, Jésus intervient. Plus encore, il leur commande de lui toucher. Il veut les rassurer : C’est bien moi! Il veut qu’ils reconnaissent en lui l’homme qu’ils côtoyaient il y a à peine quelques jours. Celui de la vie quotidienne. Celui dont les mains bénissaient et guérissaient. Celui qui leur racontait des paraboles et qui leur enseignait d’aller vers les petits, les malades et les pauvres. Enfin, toujours pour la même raison, il leur demande à manger : Avez-vous quelque chose à manger. Qui songerait à donner à manger à un fantôme?

Jésus stimule la foi de ses apôtres

     Jésus après s’être adressé à leur sens, s’adresse aussi à la foi de ses apôtres. Ces derniers sont en quête de lumière et de compréhension. Alors Jésus, leur Maître, veut les éclairer et l’expression choisie par le rédacteur pour nous le confirmer s’exprime ainsi : il leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures (v. 45). Ces Écritures sont aussi éloquentes que sa présence physique pouvait l’être. Les disciples pourront y lire et surtout comprendre les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés (v. 47).

     Pierre pour sa part rappellera aux gens de Jérusalem qu’ils ont commis une erreur tragique. Le Dieu, Maître de l’histoire, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob vient de le leur prouver en ressuscitant Jésus. Celui-ci est nul autre que le Serviteur dont parle le prophète Isaïe (Is 52 – 53)

Les Écritures à jamais accomplies

     Jésus sait que, une fois le temps des apparitions accompli, ce qui était annoncé de lui dans la Loi de Moïse, chez les prophètes et dans la prière des psaumes (v. 44) restera à jamais gravé dans l’histoire et au-delà de l’histoire. Et ce sont ces Écritures, ces messages de vie que les siens seront appelés à prolonger. Ils devront, sous l’impulsion de l’Esprit, léguer à toutes les nations ce dépôt sacré, cet héritage salvifique. Ce sera l’ultime témoignage avec celui du martyre qu’ils seront appelés à donner au monde.

Le message apostolique à transmettre

     Nous sommes de la génération de ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20, 29). Mais nonobstant cette situation, nous avons une mission apostolique à accomplir. Aucun baptisé ne peut s’y soustraire. Cette mission ressemble étrangement à celle des apôtres : faire connaître et reconnaître le Jésus des évangiles comme étant le Christ, ressuscité d’entre les morts. Chaque baptisé doit pouvoir se dire à soi-même et proclamer aux autres : C’est bien Lui!  Les grands discours des Actes des Apôtres ne cessent de transmettre cette responsabilité chrétienne du témoignage : Lui le chef des vivants, Jésus, vous l’avez tué; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins (Ac 3, 15). Pierre, l’auteur de ces paroles, fort de l’Esprit de Pentecôte, vient de découvrir qui était vraiment ce Jésus qu’il avait suivi. Cette découverte, il s’empresse de la partager aux gens de Jérusalem.

Le témoignage impose une conversion

     Si pour nous Jésus n’est qu’une idée un peu vague et si l’évangile n’est qu’une philosophie comme les autres, nous ne pouvons aspirer à devenir des instruments de transformation du monde. Jésus doit pouvoir être quelqu’un qui s’assoit avec nous à la table de nos vies pour manger du poisson grillé par nos mains (v. 47). La célébration eucharistique  ne peut non plus être un rite comme les autres. Elle doit aboutir à une transformation des choses et des humains. Jésus en demandant à manger veut qu’on lui donne quelque chose à transformer, à convertir. À nous de lui offrir en nourriture l’univers entier pour que « en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit en un seul corps » (épiclèse).

 

 

Ghislaine Salvail, sjsh

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2184. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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