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27e dimanche ordinaire C - 3 octobre 2010

 

 

De simples serviteurs?

La puissance de la foi : Luc 17, 5-10
Autres lectures : Habacuc 1, 2-3; 2, 2-4; Psaume 94(95); 2 Timothée 1, 6-8.13-14

 

La Bonne Nouvelle de cette célébration peut laisser perplexe. Deux paroles du Seigneur juxtaposées par l'évangéliste Luc semblent constituer une réprobation adressée aux apôtres. Ceux-ci n'auraient pas assez de foi et leurs services ne méritent aucune récompense. Le Christ semble être ici un maître capricieux et exigeant. Le découragement peut saisir les baptisés à l'écoute de ce message du Sauveur. Il ne faut donc pas rester à la surface des mots de ce texte sacré mais plonger dans son exploration pour y découvrir le véritable sens.

Une existence indésirable

     Dans la seconde partie de son Évangile, Jésus prend une image qu'il utilisera fréquemment pour illustrer les rapports entre lui et ses disciples : le maître et ses serviteurs. Ici il résume une situation où il n'existe qu'une relation professionnelle entre le supérieur et ses subordonnés. Les serviteurs n'ont pas à se glorifier de la bonne exécution de leurs tâches. Cela fait simplement partie de leur mandat. Le patron n'est donc pas obligé de donner des privilèges ou des récompenses à son personnel. Jésus évoque donc ici le cas des gens qui vivent une existence croyante comme une obéissance rigoureuse à des lois divines. À l'époque du Christ, les pharisiens et les scribes fonctionnaient selon cette mentalité. Le respect intégral de la Loi de l'Ancienne Alliance devait être récompensé car la perfection devait servir d’exemple pour inciter les médiocres à rechercher l'excellence.

     Jésus condamne cette attitude. La vie chrétienne n'est pas une école de sagesse où le premier de classe aurait plus de privilèges que les élèves moins performants. Jésus ne veut pas s'embarquer dans un modèle de spiritualité où, à la limite, l'être humain n'a plus besoin de Dieu pour son salut. En observant exactement les règles édictées par la divinité, l'être humain pourrait alors assurer son salut avec ses seules capacités. Le Christ refuse ce régime spirituel où il brille par son absence.

     Le Seigneur propose plutôt une nouvelle alliance basée sur un partenariat affectif entre lui et l'humanité. Au lieu de la Loi, fondement qui est externe à la conscience humaine, le Christ souhaite plutôt une existence religieuse dont le fondement est directement ancré dans l'intériorité de chaque individu.

Le régime de la foi

     Jésus présente cette nouvelle économie spirituelle dans la première partie de la Bonne Nouvelle de cette célébration en exprimant sa puissance et en lui donnant un nom: la foi. Désormais la source pour connaître les intentions divines réside dans le cœur des gens. L'Esprit envoyé par le Christ révèle dans l'esprit de chacun et chacune les desseins de la Trinité. Et l'être humain qui sera dorénavant habité par Dieu a beaucoup plus de potentiel que le pharisien qui agit uniquement à partir de ses propres capacités. Le nouveau partenariat entre Dieu et sa création est tellement puissant qu'un être humain associé à l'Esprit pourrait obliger un arbre bien enraciné à se replanter lui-même dans la mer. La tentation de se fier uniquement à ses propres ressources est encore présente dans l'esprit des baptisés d'aujourd'hui. Les autres lectures de cette célébration évoque cette malheureuse tendance chez nombre de personnes.

Un apôtre apeuré

     Dans la seconde lecture (2 Timothée 1, 6-8.13-14), Paul tente de raffermir la foi de Timothée. La fragilité intérieure du disciple se traduit dans la peur. En effet, à l'époque de Paul, les chrétiens et les chrétiennes sont victimes de persécutions violentes. Timothée craint les malaises physiques associées aux différentes tortures. Paul lui rappelle que Dieu est avec lui et qu'il ne doit pas craindre. En lui imposant les mains, l'apôtre des Gentils a transmis à son ami une force, l'Esprit du Christ. Et cet Esprit opère toujours dans le cœur du disciple. Il est donc capable avec l'aide du Paraclet de contrer la peur. Timothée était aussi, paraît-il, un homme timide. Grâce au don du Ressuscité, il aura l'audace d'annoncer l'Évangile du Crucifié, un message peu populaire auprès des Romains qui considéraient la crucifixion comme le châtiment criminel le plus honteux. Propager la Bonne Nouvelle d'un criminel de bas étage nécessitait donc une force donnée par l'Esprit.

     Enfin la Bonne Nouvelle connaissait différentes interprétations à l'époque des premières communautés chrétiennes. Rempli de l'Esprit, Timothée était en mesure de faire le tri et de conserver uniquement l'interprétation apostolique transmise par Paul. Aujourd'hui le courage, l'audace et la prudence sont encore les qualités qui habitent le cœur des membres de l'Église. Préservant le contact avec le Christ, ils ne sont plus esclaves du Maître mais ses amis.

Une qualité fondamentale
(Habacuc 1, 2-3; 2-4)

     La première lecture de cette célébration insiste sur une qualité essentielle qui doit exister entre les partenaires de l'Ancienne et de la Nouvelle Alliance: la fidélité. En effet si l'un des alliés quitte le pacte, l'Alliance est brisée. La fidélité exprime cette exigence absolue de la présence des deux associés au sein d'une relation. Et, dans cet extrait, Dieu n'a qu'une seule réponse face au problème de la souffrance humaine : la fidélité. Aujourd'hui cette réponse est la même. Dieu n'a pas voulu que l'être humain souffre. La Trinité désire plutôt accompagner toute personne touchée par la douleur. Le Christ a été confronté au mal. Le Père n'a pas écarté la souffrance de son chemin. Le Seigneur est donc capable de comprendre l'esprit humain souffrant et de le soutenir. Mais la personne qui veut ce soutien doit être prête à prendre le chemin de la foi et à le suivre fidèlement. Ainsi elle saura sauvée et connaîtra le véritable bonheur.

Pour votre information...

Les indulgences

     La pratique des indulgences existe encore dans l'Église catholique. Plusieurs familles chrétiennes considèrent que cette pratique rejoint ce qui est condamné par le Christ dans l'Évangile de cette célébration. En effectuant certains actes de piété (prières, jeûnes et aumônes), un membre de l'Église travaillerait pour son salut. Il accumulerait des mérites comme les pharisiens et les scribes. Plusieurs catholiques mal informés ont encore cette conception des indulgences. Cette manière de penser diffère de la doctrine formulée par les autorités catholiques. D'abord il faut préciser que Dieu accorde le pardon au baptisé qui n'a pas répondu adéquatement aux appels de la Trinité. Celle-ci est seule capable de réparer la brisure relationnelle qui s'est produite entre lui et le pécheur. Mais la communauté croyante a aussi été affectée par les actes manqués d'un enfant de Dieu. La communion des saints exprime cette solidarité qui existe entre tous les membres du Corps Mystique du Seigneur.

     Une démarche visible de réconciliation doit donc être entreprise pour montrer aux yeux de la communauté croyante que le pécheur veut réintégrer l'Église. Et les autorités catholiques considèrent qu'elles sont responsables de gérer ce processus visible de réconciliation. En effet, le Christ a donné à l'Église le pouvoir de lier et de délier les esprits. Il faut remarquer ici que sans ce mandat donné par le Christ à son Église, les indulgences n'existeraient pas. Tout est donc ici marqué par la notion de don. Il n'y a aucun mérite dans cette démarche. Il y a seulement des pas visibles pour que l'Église puisse constater qu'un pécheur a vraiment pris au sérieux le pardon du Seigneur.

 

Benoît Lambert, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2241. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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