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Célébrer la Parole

 

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2e dimanche de Pâques C - 11 avril 2010

 

 

Le début des temps nouveaux

Jésus apparaît à ses disciples : Jean 20, 19-31
Autres lectures : Actes 5, 12-16; Psaume 117(118); Apocalypse 1, 9-11a.12-13.17-19

 

Au fil des siècles, l’Esprit a peu intéressé les croyants et les croyantes. Cependant, surtout dans la famille protestante, l’intérêt  pour l’Esprit a augmenté à  partir des années 1960. De nombreux faits attestent cette préoccupation. Un mouvement spirituel, le Renouveau charismatique, désormais implanté dans plusieurs familles chrétiennes insiste sur le rôle de l’Esprit dans la vie chrétienne. Plusieurs chansons et prières sur la troisième  personne de la Trinité ont été composées  par des membres du Renouveau. Des communautés chrétiennes connues sous la dénomination de « communautés nouvelles » (communauté des Béatitudes, communauté du Lion de Juda, etc.) ont émergé de ce courant spirituel. Cette effervescence a suscité une réflexion théologique plus soutenue autour de l’Esprit. Et cette théologie a pris racine dans l’Écriture. Il serait approprié d’explorer les textes de cette liturgie de la Parole et de dégager ce qu’ils nous enseignent sur l’Esprit.

Une communication                                                                                                                                        

     L’Évangile de cette liturgie nous indique que le Christ est à l’origine du don de l’Esprit. Il le communique aux apôtres réunis le soir du Premier jour de la semaine. L’Esprit peut donc se transmettre et cette transmission est un don. Les gens ne peuvent pas acheter l’Esprit. Le Christ distribue la grâce sans condition aux gens qui l’acceptent. Dans l’épisode relaté durant cette célébration, les apôtres qui accueillent l’Esprit représentent aussi l’humanité qui est aussi conviée à partager le cadeau reçu par les disciples. La première lecture confirme les propos de l’Évangile. Les gens suivent Pierre pour être guéris.  Et les premiers dépositaires de l’Esprit seront suivis par d’autres témoins au fil des siècles.

Les effets individuels                                       

     Le souffle divin transforme toutes les dimensions de l’être humain. Il transforme sa dimension intellectuelle. La deuxième lecture de cette célébration atteste de ce fait. Jean perçoit le réel d’une manière différente lorsque l’Esprit s’empare de son intellect. En effet, Jean précise au début du livre de l’Apocalypse qu’il considère la situation des communautés croyantes de son époque à la lumière de l’Esprit : C’était le jour du Seigneur; je fus inspiré par l’Esprit, et j’entendis derrière moi une voix puissante, pareille au son d’une trompette. Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure (Apocalypse de Jean 1, 10-11). Il peut percevoir le monde à la façon du Christ à cause de son Esprit.

     L’Esprit du Seigneur transforme le cœur des gens qui l’acceptent. Et cette transformation prend la forme d’une guérison. Dans le domaine de la foi, ce rétablissement prend aussi le nom de pardon. En  donnant son Esprit, Jésus répare dans la conscience des personnes le lien rompu par le péché entre le Père et son enfant. Dans l’Évangile proclamé aujourd’hui, ce sont les apôtres qui reçoivent le mandat de pardonner, de transmettre l’Esprit qui guérit : Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jean 20, 22-23). Jésus charge aussi ses envoyés de juger si l’être humain est en mesure d’accueillir la grâce. Ils ont le pouvoir de ne pas réconcilier si le cœur du pardonné résiste à l’action du souffle divin. Cette mission délicate a été prise avec grand sérieux dans la famille catholique. La réconciliation individuelle est la norme habituelle pour tous les catholiques qui doivent adresser leur demande de pardon au ministre ordonné, une personne qui a reçu la responsabilité de dispenser ce sacrement.

L’unité                                                      

     La première lecture (Ac 5, 12-16) présente un effet communautaire de l’Esprit : l’unité. L’auteur des Actes des Apôtres souligne que les baptisés, qui se réunissaint dans le Temple de Jérusalem, s’y tenaient « d’un seul cœur ». Une force unique habitait la conscience des gens qui avaient décidé de suivre le Ressuscité : l’Esprit. Il faut remarquer que le don de la grâce s’accompagne toujours d’une mission. Les enfants du Père sentent qu’ils ne doivent pas garder le cadeau du Fils pour eux. Les apôtres ont reçu la charge de pardonner. Les autres chrétiens et chrétiennes de Jérusalem ont reçu la tâche de témoigner. Leurs assemblées dans le Temple sont publiques. Les gens sont impressionnés par la qualité de leur rassemblement. Ils font l’éloge de ces personnes qui adressent leur louange à un Crucifié. Plusieurs décideront aussi, en voyant ces témoins, de suivre le Seigneur.

La science et l’Esprit                              

     Aujourd’hui les critiques pleuvent sur le phénomène religieux. Les gens qui adhèrent à un culte organisé seraient des individus superstitieux qui croient à des balivernes issues d’un temps où les connaissances scientifiques étaient rudimentaires. Les institutions religieuses sont considérées comme des reliques d’une ère révolue. Le discours éthique de ces institutions serait sans valeur puisque les gens chargés de proclamer certains principes moraux ne les respectent pas. Toutes ces critiques virulentes oublient l’essentiel : la spiritualité, la vie intérieure des croyants et des croyantes. Les athées, les agnostiques et les autres critiques ont rarement écrits des textes dénonçant l’Esprit car sa réalité ne peut pas être mesurée par la science. La grâce agit dans notre monde puisqu’elle habite l’intériorité des baptisés. L’Esprit appartient au Royaume des cieux, un monde radicalement différent de notre univers matériel qui peut être quantifié, mesuré. On connaît les exigences de Thomas qui a voulu comme les scientifiques observer de ses propres yeux le Christ. Mais il a compris devant le Christ ressuscité, qui s’était plié à sa demande pour devenir un sujet d’observation, que l’expérimentation s’avère inutile devant les réalités issues du Royaume. L’Esprit a envahi le cœur du disciple incrédule et, ainsi, il a eu accès à une compréhension profonde du mystère chrétien. Il a découvert que cet homme revenu à la vie est aussi Dieu. Ce saut de l’observation scientifique à la foi est aussi le défi de tous les êtres humains de notre époque fortement imprégnée par la science. Comme Thomas, il reste à espérer que les hommes et les femmes de bonne volonté de notre temps sauront, sous la mouvance de l’Esprit, faire cette déclaration de foi à propos du Christ : Mon Seigneur et mon Dieu.

 

Benoît Lambert

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2225. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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