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4e dimanche de Pâques A - 15 mai 2011

 

 

Écouter sa voix

La arabole du pasteur, du voleur et des brebis : Jean 10, 1-10
Autres lectures : Actes 2, 14a.36-41; Ps 22(23); 1 Pierre 2, 20b-25

 

À la fin du récit de la guérison de l’aveugle-né, récit que nous avons lu au quatrième dimanche de carême, Jésus disait : Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles (9,39). Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : “Serions-nous des aveugles, nous aussi ?” Jésus leur répondit : “Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure.”  (9,40-41)

« Le Seigneur est mon berger »

     Ce dimanche, Jésus déclare aux mêmes pharisiens : Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit (10,1). Ici, Jésus ne perd pas de temps avec la mise en scène, il introduit abruptement un personnage qu’il qualifie de voleur et de bandit : « Celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte ». Quand nous lisons ce texte à froid, nous risquons de ne pas saisir de quoi parle Jésus. La Bible compare souvent le peuple de Dieu à un troupeau conduit par son berger. « L’image exprime aussi la relation personnelle de l’Israélite avec son Dieu (cf. Ps 23 [v. 1-2a : Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer ]). La sollicitude du Pasteur est souvent décrite de telle sorte qu’elle concerne à la fois le peuple dans son ensemble et chacun de ses membres. »1 Ainsi, le prophète Isaïe déclare : Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits (Is 40,11).

Le voleur, le pasteur, le portier

     En dénonçant celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte comme un voleur et un bandit (Jn 10,1), Jésus fait écho aux prophètes qui dénoncent vertement « les bergers infidèles qui pressurent les brebis et laissent le troupeau aller à sa perte. » 2 Malheur aux bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes ! […] eh bien, bergers, écoutez la parole du Seigneur : Ainsi parle le Seigneur Dieu : J’interviens contre les bergers. Je leur reprendrai mon troupeau, je les empêcherai de le conduire, et ainsi ils ne seront plus mes bergers ; j’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus leur proie (Ez 34,2a.9-10). Jésus oppose le voleur et le bandit à un autre personnage Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis (Jn 10,2). Comme Jésus parle à la troisième personne, il est difficile de savoir de qui il parle. Qui est ce voleur et ce bandit (10,1) qu’il qualifiera plus loin d’« inconnu » (10,5 ; BJ/TOB : « étranger ») ? Qui est « le pasteur, le berger des brebis » (10,2) ?

     Comme la figure négative est nommée en premier lieu, juste après la mention des pharisiens en 9,40, le lecteur pense immédiatement à eux, « même si l’on ne peut préciser qui est visé par le voleur, le brigand et l’étranger : d’une manière générale, ce sont les ennemis des brebis » 3, donc du peuple de Dieu. Pour compliquer le tout, Jésus ajoute un autre personnage au verset suivant : Le portier lui ouvre (10,3). Il ne sera plus question de ce portier dans le reste du chapitre. Sa fonction semble donc se limiter à reconnaître et à laisser entrer le vrai berger. De sorte que, comme les pharisiens, nous risquons de faire partie de ceux qui ne comprirent pas ce qu'il voulait leur dire (10,6).

Les brebis et les appelés

     Pourtant il importe que nous comprenions. En effet, en tant que membres du peuple de Dieu, nous sommes les brebis de ce troupeau. Or, ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir (10,3). Voilà pourquoi nous célébrons en ce dimanche la Journée mondiale de prière pour les Vocations. Chacun et chacune de nous est appelé par son nom. Pour chacune et chacun, Dieu a un projet spécifique, une vocation propre. Tous les baptisés sont appelés. Et si nous voulons entrer dans le projet de Dieu, il importe que nous nous mettions à l’écoute pour suivre le bon pasteur. Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix (10,4).

     Heureusement, Jésus reprend la parole pour expliquer cette paroimia (10,6), mot grec que le Lectionnaire traduit par « parabole », mais qu’il vaudrait mieux rendre par « similitude » ou « comparaison ». Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés (10,8). Nous voilà donc éclairés sur l’identité du voleur, du bandit, celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit (10,1). Il s’agit des anciens bergers du peuple d’Israël, ceux que fustigeaient déjà le prophètes : Misérables bergers, qui laissent périr et se disperser les brebis de mon pâturage ! » (Jr 23,1)

La porte

     Logiquement, on s’attendrait à ce que Jésus se désigne alors lui-même comme le bon pasteur, le vrai berger (Jn 10,11). Mais il change plutôt la portée de son langage symbolique. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé (10,9). Plusieurs commentateurs pensent que Jésus parle ici des pasteurs de la communauté chrétienne. C’est bien le cas dans d’autres textes bibliques tels Jean 21,15.17 ; 1 Pierre 5,2-3. « Mais notre texte ne va pas dans ce sens. Le v. 7 spécifie “je suis la porte des brebis”, et non celle des bergers. » 4 Grâce au Christ ressuscité, chacun des membres du troupeau « pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. » (Jn 10,9b)

     Nous sommes donc, toutes et tous, les brebis que le Père a données au Fils (voir 10,29). Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir (10,3). En cette quarante huitième Journée mondiale de prière pour les Vocations, il importe de redécouvrir que nous sommes appelés, tous et toutes, quelle que soit notre fonction dans le peuple de Dieu. Mais il faut se demander si nous sommes toujours à l’écoute de celui qui nous appelle par notre nom ? Avons-nous à cœur d’enseigner à la génération qui monte de se mettre à l’écoute et de répondre : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute (1 Samuel 3,9) ? Le passage de ce dimanche se termine par un avertissement de la part du Seigneur : Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance (Jn 10,10). Encore aujourd’hui, il y a des voleurs qui veulent nous éloigner du Christ. Qui choisirons-nous de suivre ? Reprenons notre marche à la suite de celui qui est le chemin, la vérité et la vie. Lui nous donnera les prêtres, les diacres et les consacrés dont nous avons besoin.

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1 Xavier Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean II (chapitres 5–12), (Collection Parole de Dieu) Paris, Seuil, 1990, p. 357.

2 Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean II, p. 357.

3 Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean II, p. 360.

4 Charles L’éplattenier, L’Évangile de Jean (La Bible, porte-parole), Genève, Labor et Fides, 1993, p. 210.

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2273. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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