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3e dimanche de l'Avent B - 11 décembre 2011

 

 

Tressaillons de joie dans le Seigneur

Jean, témoin de la lumière : Jean 1, 6-8.19-28
Autres lectures : Isaïe 61, 1-2a.10-11; Cantique : Luc 1, 46-48,49-50,53-54; 1 Thessaloniciens 5, 16-24

En toute modestie, Jean est celui qui sait s’éclipser pour témoigner de la vérité de Jésus. Il s’affirme devant les autorités religieuses de l’époque, puis devant le roi. Plus tard, il donnera sa vie, fidèle à Dieu et à sa mission. Comment ne pas voir en filigrane un parallèle avec Jésus qui, en toutes circonstances, est au service du Père, ainsi que du prochain rencontré sur les routes de Palestine, en somme avec tous ceux et celles que le Père lui a donnés. Et, à la fin, il meurt sur la croix où triomphe la vie sur la mort.

     Comment percevons-nous Jean, cet homme envoyé par Dieu, le cousin de Jésus de Nazareth? Pour certaines personnes qui ont vu défiler sur un char allégorique un enfant aux boucles dorées, il y a eu peut-être une méprise sur la personnalité réelle du Baptiste. La  représentation qu’on en faisait dans les années ‘50, au Québec, est fort éloignée du personnage biblique à la personnalité engagée et vraie, d’une force intérieure inimaginable comme en parle le Nouveau Testament. Celui-ci le présente comme étant le plus grand des prophètes qui  joue un rôle vital dans l‘histoire de l‘alliance conclue entre Dieu et les humains. Comme tous les prophètes antérieurs, Jean annonce que Dieu vient visiter son peuple, et celui-ci doit lever les obstacles. Ne pensons donc pas à Jean, fils d’Anne et de Zacharie, en termes de pouvoir, de puissance et de gloire, mais en terme d’extrême effacement; considérons sa vocation en s’appuyant sur l’étymologie du mot: « Le Seigneur fait grâce » celui qui révèle les événements et annonce leur aboutissement.

Jean, une voix
Jean, le témoin

     Le récit évangélique présente Jean en dialogue avec des prêtres et des lévites de Jérusalem, ainsi que des pharisiens. Ceux-ci réclament de leur interlocuteur qu’il décline ses titres officiels, qu’il présente ses « lettres de créance ». Ils ont une question à lui poser sur son identité et sur le baptême qu‘il donne : Pourquoi baptises-tu?  Et ils évoquent Moïse (Deutéronome 18, 15), le Messie et Élie (Malachie 3, 22-23). La réponse vigoureuse de Jean est reprise trois fois plutôt qu’une : Ce n’est pas moi, je ne suis pas le messie.... Cette parole indique à quel point le Baptiste a su vaincre ses peurs, apaiser ses rêves et ses ambitions; avec fermeté, il ne manifeste aucune prétention, se désapproprie de lui-même afin que transparaisse Celui qui EST (Jean 8, 58). Le contraire de cette conduite apparaît dans l’évangile de Marc. Rappelons-nous la demande faite à Jésus de la part des fils de Zébédée qui se soucient d’être à  la droite et à la gauche du Seigneur, dans le Royaume.

     Cette parole dit la juste vérité du Baptiste, son authentique humilité par rapport à Celui qui vient. Il arrête son regard sur l’essentiel et mesure toute la distance qui existe entre lui et Jésus. Lui, Jean, sa mission se résume à  être le serviteur de Jésus,  la voix qui crie... (v. 23), une voix pour la Parole; il sera modestement l’instrument de Dieu, le témoin qui rend témoignage à la Lumière (vv. 6-8), dans le quotidien des pauvres et des captifs, dans le présent très concret de la Palestine d‘alors, sous la domination romaine. Jean ne s’attribue que ce qu’il a reçu de Dieu. Il est, peut-on dire, un lieu de passage, un pont pour aller à Jésus, LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE, affirmation que l’évangéliste Jean met dans la bouche de Jésus (Jean 14, 6).

Mais au milieu de vous se tient celui
que vous ne connaissez pas.

     Cette parole de Jean le Baptiste, comment a-t-elle résonné aux oreilles des personnes qui entendaient le prophète? Ce qui est certain, elle résonne avec vérité et vigueur à nos oreilles. Nous avons toujours à cheminer dans la connaissance et la profondeur de Celui qui vient aujourd’hui dans notre monde et qui viendra dans la gloire un jour. Nous avons sans cesse à percevoir, dans la foi, ce qui est en jeu pour la vie de la grande famille humaine, lorsque nous nous assemblons pour l’eucharistie et lorsque nous nous engageons pour la justice.

     En contemplant l‘œuvre du Baptiste et des prophètes, on ne peut faire abstraction de la force des médiations humaines. De générations en générations, les prophètes du Premier Testament  expriment et consolident la longue et patiente attente du peuple hébreu. En ce dimanche, le témoignage du Baptiste fait écho à celui d’Isaïe. Soyons convaincus de la médiation des croyants actuels et des pasteurs de notre Église. Ils se révèlent des témoins précieux qui transmettent  une parole de réconfort et de compassion afin que la vie surabonde.

Dieu attend notre foi et notre joie,
notre action de grâce et notre témoignage

     La crise économique du début du 21e siècle, les secousses vécues au sein des peuples arabes, les désillusions du monde occidental peuvent plonger  les uns et les autres dans la désespérance. Au cœur des difficultés, les Écritures invitent toujours le peuple croyant à cultiver et à affirmer son espérance. Dans le livre d’Isaïe, chacun est appelé à l’amour des pauvres et au service  des estropiés, des réfugiés et des prisonniers. Par leurs actions, les croyants d’hier et d’aujourd’hui transfigurent le monde, car de même que la terre fait germer ses semences...ainsi le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange... (Isaïe 61, 11). Dans la lettre de Paul, l’appel à l’espérance s’enracine solidement et repose toujours sur le salut donné gratuitement, dans le Christ Jésus qui revêt le baptisé de la richesse de sa tendresse. L’allégresse se faufile dans les cœurs alourdis et blessés. Une aube nouvelle dès lors se lève, ici et maintenant; les doutes et les accablements laissent la place à l’amour débordant et vivifiant du Seigneur: Soyez toujours dans la joie, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus...  Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela, il l‘accomplira (1 Thessaloniciens 5, 16-24).

Le baptême de Jean… en bref

     Les chefs des prêtres se demandent de quel droit Jean peut-il baptiser. Pour eux, son baptême ne peut-être légitime que s’il est l’envoyé des derniers temps. Le baptême de Jean le Baptiste consiste en un geste qui exprime la conversion. Il s’accomplit dans le Jourdain, ce fleuve d’entrée dans la Terre Promise. En s’y plongeant, le pécheur fait revivre un nouvel exode. Quelques versets de l’évangile mentionnent la distinction entre le baptême de Jean et le baptême chrétien : Moi, je baptise dans l’eau (v. 26), et Lui baptise dans l’Esprit saint (v. 36).

 

Julienne Côté, CND

Source: Le Feuillet biblique, no 2294. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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