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             Mieux 
              vaut tard que jamais 
             Celui qui est plus fort que moi vient après moi et je 
              ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière 
              de ses sandales (Mc 1, 7). 
               
              Tolstoy raconte une histoire fascinante à propos d'un homme 
              de carrière appelé Ivan. Celui-ci travaille très 
              fort et se retrouve, au mi-temps de la vie, juge d'un haut tribunal 
              de son pays. Il n'est cependant pas heureux. Sa vie très 
              occupée l'empêche de réfléchir. Il se 
              consacre uniquement aux activités de sa carrière. 
                 Un jour un événement 
              inattendu vient bousculer le monde qu'il avait construit jusqu'à 
              présent. La crise s'est présentée d'une manière 
              très brutale. Il s'est blessé, d'abord légèrement, 
              en tentant d'installer des rideaux dans sa maison. Une douleur commence 
              à se développer. Au début il ignore le problème 
              et tente de vivre comme avant. Mais la douleur persiste et se développe. 
              Il va rencontrer un médecin mais il n'obtient pas de réponse 
              à son problème. La douleur persiste et continue de 
              se développer. Finalement, il apprend que sa maladie est 
              mortelle. 
                 Ivan découvre alors qu'il 
              n'a aucune ressource à l'intérieur de lui pour l'aider 
              à traverser cette crise. Il n'y a aucune trace de spiritualité 
              dans sa vie. Jusqu'à ce jour, il n'avait même pas pensé 
              une seule fois à la mort. Maintenant, il devait l'affronter. 
              Pour empirer les choses, sa vie affective est très pauvre. 
              Son mariage avait été pure formalité. L'amour, 
              si faible au début, s'était depuis longtemps éteint. 
                 Il tombe donc de son piédestal. 
              Au lieu d'être un support pour sa famille, il devient un obstacle. 
              Sa vie est empoisonnée et il a l'impression qu'il empoisonne 
              celle des autres. Le plus douloureux, c'est lorsqu'il regarde en 
              arrière et jette un regard sur sa vie, il découvre 
              qu'il n'a jamais réellement vécu. Les valeurs sur 
              lesquelles il avait construit sa vie étaient fausses. Il 
              a l'impression d'avoir gaspillé tout ce qui lui avait été 
              donné sans avoir maintenant la possibilité de rectifier 
              sa vie. 
                 Il se sent terriblement seul. Il 
              lui semble que personne ne peut vraiment le comprendre. Il n'y a 
              personne pour l'accompagner sur le chemin ténébreux 
              qui s'ouvre à lui. Il doute que l'amour véritable 
              existe vraiment au cur de ce monde faux dans lequel il a vécu. 
              Quand il réalise vraiment l'impossible issue de son fardeau, 
              il commence à gémir. Il pleure et gémit durant 
              trois jours sans arrêt. Il avait vécu une vie de vanité, 
              dépourvue de sens, maintenant il s'apprête à 
              mourir sans dignité. 
                 Cependant, le salut (ou le secours) 
              est venu. Ce salut est venu d'une source totalement inattendue. 
              Un jeune homme, Gerasim, qui travaillait à son bureau, vient 
              le visiter. Gerasim est simple et optimiste devant sa vie même 
              s'il est très pauvre. Il n'a pas peur de la mort. Il reste 
              au côté d'Ivan et le soigne avec amour et désintéressement 
              même dans les tâches plus exigeantes concernant le soin 
              du malade. Il devient pour Ivan la seule source de courage. Mais 
              progressivement, d'autres personnes se joignent à Gerasim. 
              Son jeune fils arrive un jour furtivement dans la pièce. 
              Soudainement, la main d'Ivan entre en contact avec la tête 
              du garçon. Aussitôt que le garçon sent la main 
              de son père sur sa tête il la prend et l'embrasse. 
              Ivan ouvre les yeux et voit que sa femme est aussi dans sa chambre, 
              des larmes coulent sur son visage. Ainsi, au cours de ses derniers 
              instants, il découvre qu'il est vraiment aimé et tout 
              ce qui l'avait tant oppressé commence lentement à 
              disparaître. Il meurt peu de temps après dans la paix 
              (Histoire racontée par Flor McCarthy dans Sunday and Holy 
              Day Liturgies, pp. 8-9). 
             
              LIEN: Ivan ne pouvait pas s'aider lui-même. Sa situation était 
              sans espoir. Bien plus, il n'avait absolument rien fait pour mériter 
              l'aide qu'on lui apportait. Néanmoins, le secours est arrivé 
              et c'est ce qui est le plus merveilleux dans l'histoire de Tolstoy. 
              Dans l'évangile d'aujourd'hui Jean Baptiste annonce au peuple 
              une Bonne Nouvelle longtemps attendue. Le salut est tout proche. 
              Comme le peuple à l'époque de Jean Baptiste, ce n'est 
              pas à cause de nos mérites personnels que le salut 
              vient jusqu'à nous. L'amour de Dieu est gratuit. Nous savons, 
              comme Ivan, que nous ne méritons pas cet amour par des uvres 
              quelconques. Tout ce qui nous est demandé, c'est de l'accueillir. 
             
            
            Chronique 
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              Pourquoi certains arbres sont toujours 
              verts?  
              
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