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             La gare 
             Mais ce jour et cette heure, nul ne les connaît (Marc 
              13, 32) 
               
              Quelque part dans notre subconscient, nous avons cette vision idyllique. 
              Nous nous voyons en voyage, un long voyage en train. Par la fenêtre 
              nous contemplons les paysages qui défilent, les enfants qui 
              saluent de la main, les animaux dans les verts pâturages à 
              flanc de colline, les champs de maïs, de blé, les vastes 
              prairies, les vallons et vallées, les montagnes et les coteaux, 
              les gratte-ciel des villes et les clochers des campagnes. 
                 Ce qui habite le plus notre pensée, 
              c'est la destination. Un certain jour, à une certaine heure, 
              nous entrerons en gare. Et là, enfin, tant de beaux rêves 
              deviendront réalité, tous les efforts et les travaux 
              de nos vies se joindront comme les pièces d'un casse-tête 
              pour compléter une belle photo. En attendant, on s'affaire 
              dans les allées du train en attendant l'arrivée à 
              la gare. 
                 Mais quand est l'arrivée en 
              gare? On se dit que ce sera lorsqu'on aura assez d'argent pour acheter 
              une voiture luxueuse et voyager, quand le dernier enfant aura fini 
              ses études, quand on obtiendra la promotion convoitée, 
              quand arrivera la retraite. Enfin ce sera le bonheur sans nuage! 
                 Tôt ou tard, il faut réaliser 
              qu'il n'y a pas une seule gare, une seule place où on arrive 
              une fois pour toute. La vraie joie de la vie c'est le voyage, la 
              gare est toujours plus loin. Vivre aujourd'hui : « Ce jour 
              que fit le Seigneur est un jour de joie ». Ce n'est pas le 
              poids du jour et du travail qui brise la personne, ce sont les regrets 
              par rapport à hier et les peurs concernant demain. Les regrets 
              et les peurs sont les deux voleurs qui nous ravissent notre aujourd'hui. 
                 Cessons d'attendre, de compter les 
              années, la vie doit être vécue tout le long 
              du trajet. Le terminus viendra bien assez vite 
              (Robert J. Hastings). 
            LIEN: Comme les paysages du voyage de l'auteur, le ciel et la terre 
              passeront. La finitude est inscrite dans tout ce qui, matériellement 
              et physiquement, touche nos vies, mais notre vie, elle, est éternelle. 
              Une vie bien remplie est une vie féconde et ce sont ces fruits 
              qui révèlent la présence du Fils. Pouvons-nous 
              savoir le jour, l'instant où le Christ choisira de faire 
              de notre vie le signe de sa présence et de son amour? Non, 
              pas plus que je ne le reconnaîtrai dans les autres si je ne 
              fais que regarder le paysage sans communier avec ma vie, la vie 
              des autres, la vie de ma foi.  
              
            Chronique 
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              Le pot de confiture 
              
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