|  
             Le visage 
              de Dieu 
            Il leur répondit : « Donnez-leur 
              vous-mêmes à manger » (Luc 9, 13). 
             
                  En 1987, un photographe journaliste a été 
              envoyé en Équateur pour couvrir le tremblement de 
              terre qui avait détruit une partie du pays. Au milieu des 
              souffrances causées par cette catastrophe, il fut témoin 
              d'une simple scène de compassion qui le remua profondément. 
              Le photographe écrivit ceci : 
                « La file était longue mais 
              avançait rapidement. Et dans cette file, à la toute 
              fin, se tenait une petite fille d'environ 12 ans. Elle attendait 
              patiemment, pendant que ceux qui étaient en avant, recevaient 
              un peu de riz, une conserve et un petit fruit. Lentement, mais sûrement, 
              elle avançait tout près du comptoir de distribution, 
              plus près de la nourriture. De temps en temps, elle jetait 
              un coup d'il vers la rue. Elle ne remarquait pas l'inquiétude 
              croissante de ceux et celles qui distribuaient la nourriture. La 
              nourriture se faisait de plus en plus rare. Leur anxiété 
              était visible mais la petite fille ne s'en apercevait pas. 
              Son attention semblait toujours être tournée vers ces 
              trois figures sous les arbres de l'autre côté de la 
              rue. Au moment où elle put enfin recevoir sa nourriture, 
              il ne restait qu'une seule banane. Les travailleurs étaient 
              gênés de lui avouer que tout était déjà 
              distribué. Elle ne semblait pourtant pas agressive ni amère 
              de n'avoir qu'une seule banane. Avec précaution, elle prit 
              le précieux cadeau et courut de l'autre côté 
              de la rue où trois enfants l'attendaient, peut-être 
              ses deux surs et son frère. Elle pela la banane et 
              la divisa très soigneusement en trois parts égales. 
              Elle plaça le précieux fruit dans les mains des trois 
              enfants en disant : « une part pour toi, une part pour toi 
              et une part pour toi ». Puis, elle s'assit. 
                À ce moment là, je le jure, 
              j'ai vu le visage de Dieu (John Jackson, ). 
            LIEN: Tant de besoins frappent à nos écrans, nos 
              journaux et parfois jusqu'à notre porte. Des enfants, des 
              femmes, des hommes dont nous perdons le visage dans la foule anonyme, 
              « renvoyés » de nos mémoires, dépersonnalisés 
              par le sentiment d'impuissance ou plus simplement par indifférence. 
                Pourtant, comme nous, ils font partie de 
              cette foule harassée par la marche de la journée portant 
              au creux du ventre leur faim de pain, au creux du cur leur 
              faim de tendresse, leur faim de dignité, leur faim de sens. 
              Le partage commence simplement avec ce que nous avons à portée 
              de mains et de cur.  
              
            Chronique 
              précédente : 
              « Nous sommes trois, vous êtes 
              trois ... » 
              
              |