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             Il plantait 
            Si vous aviez la foi, gros comme un grain de sénevé 
              (Luc 17, 6). 
            Dans le film « L'homme qui plantait des arbres », 
              mis à l'écran par Frédéric Bach, Jean 
              Giono nous raconte l'histoire d'une rencontre inoubliable. 
                 Parti en escapade dans une région 
              aride des Alpes, il arpentait des terres d'une désolation 
              extrême : terre desséchée, village abandonné 
              sur lequel soufflaient avec brutalité des vents violents. 
              Il y rencontre un berger dont la gravité tranquille et harmonieuse 
              des gestes l'intrigue. Après le partage d'un repas, il l'observe 
              tremper dans un seau d'eau le sac où il avait mis des glands 
              soigneusement choisis et comptés. Puis il le voit planter 
              la tringle de fer qui lui servait de bâton, mettre un gland 
              dans le trou puis reboucher le trou. Il planta ainsi sur la colline 
              les 100 glands avec un soin extrême. Inlassablement, il refit 
              les mêmes gestes le lendemain et les jours suivants. Depuis 
              trois ans, il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait 
              planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille étaient 
              sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié 
              du fait des rongeurs ou de tout ce qu'il y avait d'impossible à 
              prévoir. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser 
              dans cet endroit où il n'y avait rien auparavant.  
                 Il s'appelait Elzéard Bouffier. 
              Après avoir réalisé sa vie, il s'était 
              retiré dans la solitude où il prenait plaisir à 
              vivre lentement avec ses brebis et son chien. Il avait jugé 
              que ce pays mourait par manque d'arbres et n'ayant pas d'occupations 
              très importantes, il avait résolu de remédier 
              à cet état de chose. Si Dieu lui prêtait vie, 
              dans trente ans il en aurait planté tellement d'autres que 
              ces dix mille seraient comme une goutte d'eau dans la mer. 
                 Cinq ans plus tard, la guerre terminée, 
              Giono revient sur les lieux et découvre le spectacle grandiose 
              d'une magnifique forêt de onze kilomètres composée 
              de chênes, de hêtres et de bosquets de bouleaux. La 
              vie avait repris, l'eau coulait à nouveau. Avec l'espoir 
              revenu, sur le hameau, on avait rebâti des maisons crépies 
              de frais, entourées de jardins potagers où poussaient, 
              mélangés mais alignés, les légumes et 
              les fleurs, les choux et les rosiers, les poireaux et les gueules-de-loup, 
              les céleris et les anémones. 
                 Et Giono de conclure : « Quand 
              je réfléchis qu'un homme seul, réduit à 
              ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire 
              surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que malgré 
              tout la condition humaine est admirable. Mais quand je fais le compte 
              de tout ce qu'il a fallu de constance dans la grandeur d'âme 
              et d'acharnement dans la générosité pour obtenir 
              ce résultat, je suis pris d'un immense respect pour ce vieux 
              paysan sans culture qui a su mener à bien cette uvre 
              digne de Dieu » (Tiré de L'homme qui plantait des 
              arbres).  
             
              LIEN : Avec une grande simplicité, ce berger a fait ce qu'il 
              devait. Ainsi, les graines de sa foi quotidienne ont fait reverdir 
              la montagne.  
              
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              Débranche, mon vieux! 
              
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