|  
             Ici on 
              n'efface jamais 
             
              Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? ... Sois le pasteur de mes 
              brebis (Jean 21, 16). 
             
            Cette petite fille était vraiment très 
              ennuyée : je n'avais pas de gomme à mettre à 
              sa disposition. Or la trace sur le papier n'était jamais 
              ce qu'elle voulait : « C'est pas bien », « c'est 
              pas comme je voulais ». J'ai dit : « Ici, tu vois (ici, 
              c'est-à-dire dans mon bureau de psychanalyste, dans le lieu 
              de la thérapie), ici on n'efface jamais. On arrange, on change, 
              on transforme - mais on n'efface pas. On se sert de ce qu'on a fait. 
              » 
             Plus tard j'ai aussi expliqué que c'était 
              l'intérêt de l'usage direct du feutre, puisqu'on sait 
              qu'on n'effacera pas. Et peu à peu elle a compris qu'en effet 
              ici on n'efface pas le passé. On cherche plutôt à 
              le conserver, à le reconnaître, à l'utiliser. 
              « Qu'est-ce qui ne va pas pour ton 
              cheval ? Qu'est-ce que tu aurais voulu effacer pour le faire autrement 
              ? 
              - C'est sa patte. Elle n'est pas comme 
              il faut.  
              - Il aurait voulu avoir une patte comment 
              ? »  
              Finalement elle imagine comment elle aurait 
              voulu le faire, ce cheval... Et nous sommes devant l'image du cheval 
              ancien « pas comme il faut », et celle, mentale, du 
              cheval comme i1 faut, réparé en somme. Naît 
              l'histoire d'un petit cheval qui avait eu des ennuis mais qui maintenant 
              court dans la prairie. On pourra parler de ces parts d'elle-même, 
              de ces morceaux de sa vie dont rien jamais ne pourra faire qu'ils 
              aient été autres, mais avec lesquels on peut apprendre 
              à vivre. Si le passé ne saurait être modifié, 
              le regard sur le passé, lui, peut changer. L'avenir peut 
              se construire sans que s'efface le passé (Nicole Fabre, dans 
              Le sacrement du pardon entre hier et demain, Desclée, 
              1993). 
            LIEN : Pierre ne pourra jamais faire comme s'il n'avait 
              pas renié Jésus ; les disciples ne pourront jamais 
              vivre comme s'ils n'avaient pas fui pendant l'arrestation et la 
              passion de Jésus. On n'efface jamais le passé. Mais 
              l'avenir peut se construire sans que s'efface le passé. Et 
              c'est précisément ce qui arrive en ce beau matin, 
              sur le lac et sur la rive où se trouve Quelqu'un qui connaît 
              tout et qui ouvre l'avenir. « Jetez le filet à droite 
              de la barque, et vous trouverez. » Cessez de ruminer le passé. 
              On fait du nouveau. « Venez déjeuner.» Chacun 
              est accueilli dans la communion de ce brunch improvisé où, 
              de nouveau, tout est partagé. « Pierre, m'aimes-tu?... 
              Sois le pasteur de mes brebis.» À travers Jésus 
              coule une source infinie d'amour qui touche d'abord Pierre et les 
              disciples et qui veut se répandre grâce à toutes 
              les personnes qui sont appelées à accueillir et à 
              répandre la Bonne Nouvelle...  
             
              
            Chronique 
              précédente : 
              Le reflet de Dieu 
              
              |