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             Une histoire 
              de limaçons  
             
              Les Juifs discutaient entre eux 'Comment cet homme-là 
              peut-il nous donner sa chair à manger' ? (Jean 
              6, 52). 
                 Nous avons tous connu des jardiniers 
              passionnés de leur jardin. Mais celui-là les dépassait 
              tous. Chaque fleur, il la connaissait, avec le papillon adapté 
              à chacune. 
                 Et le soir, quand la brise balançait 
              tendrement le feuillage des bouleaux, le bon jardinier jouissait 
              du bonheur de chacune dans ce coin de paradis. 
                 Mais un jour, tout se détraqua 
              : dans le fond du jardin, notre homme vit des limaçons malheureux 
              et mécontents. 
                 N'avaient-ils pas de quoi manger? 
              Vite, il planta une belle salade pour chacun. 
                 Rien à faire! Trois se disputaient 
              la même laitue, laissant les autres pourrir sur place. 
                 Et quand l'une des limaces rencontraient 
              l'autre, elle lui faisait les cornes et exprimait son mépris 
              en répandant une énorme bave. La paix avait déserté 
              le cur du bon jardinier : « Est-ce possible? Dans mon 
              jardin... ». 
                 Alors le jardinier se mit à 
              parler à chaque limace. 
                 Mais les limaces n'entendent pas 
              le langage des jardiniers. 
                 Alors, le brave homme soupirait : 
              « Ah! si je pouvais devenir limaçon à mon tour! 
              Je leur parlerais alors dans leur propre langue, doucement, paisiblement 
              et avec tant de conviction qu'ils trouveraient enfin le bonheur 
              dans mon jardin...». 
            LIEN : Faut-il en dire davantage? Sinon qu'il y a infiniment plus 
              de distance entre Dieu et l'homme qu'entre le bon jardinier et les 
              limaçons. Et que ce qui est impossible aux hommes, est possible 
              à Dieu. Mais il y faut un amour déroutant à 
              la taille de Dieu même (Jacques Faizant et Jacques Loew, Paraboles 
              et Fariboles, p. 80). 
              
            Chronique 
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              Sauvetage en mer 
              
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