(Andrew Pons / Unsplash)

D’un récitatif à l’autre…

Hélène BoudreauHélène Boudreau | 11 mars 2024

Le groupe du Carrefour Bruyère à Ottawa se rencontre de façon virtuelle deux mercredis soir par mois. Chaque rencontre dure environ une heure. Les participantes préfèrent apprendre de courts récitatifs. Sœur Bibiane Lavictoire, qui a initié l’animation de récitatifs avec ce groupe, a souvent privilégié cette façon de faire. Découvrons-en la richesse.

Particularités de cette approche

Transmettre de courts récitatifs qui s’enchaînent entre eux représente un défi. Parfois les liens se font par le contenu des récitatifs, parfois par la continuité du cheminement intérieur rendu possible. Cet hiver, les participantes du Carrefour Bruyère passent de Mt 13,44-46 à 2 Co 4,7a à Lc 17,20-21 puis au Ps 103,14-16.

Le Royaume des Cieux est comparable à un trésor…

En janvier, les deux rencontres ont été consacrées à l’apprentissage de Mt 13,44-46 [1] : « Le Royaume de Dieu est comparable à un trésor… » (connu également comme les paraboles du trésor et de la perle). Chacune a nommé pour elle ce qui était un trésor dans sa vie en ce moment. En examinant le contenu des deux paraboles, elles ont découvert que parfois les rencontres, les grâces vécues avec le Seigneur se font de façon fortuite, inattendue, surprenante. Parfois, c’est par les choix personnels quotidiens que se vivent les moments avec le Seigneur. Dans les deux cas, pour acquérir « le trésor » ou « la perle », on choisit de mettre de côté des habitudes, d’autres occupations pour se rendre disponible au Seigneur, au Royaume des Cieux ; pour « vendre tout ce qu’il a », « vendre tout ce qu’il avait » (v. 44.46)

De Matthieu 13 au Psaume 103

En début du mois de février, chacune a examiné ce qu’elle avait « vendu », ce qu’elle avait « acheté ». Dans ces paraboles, l’évangéliste Matthieu fait ressortir l’appel à la conversion , et ce, sur une base continue.

En revoyant les versets 1 à 6 du psaume 103 [2], appris précédemment, chacune était invitée à constater les effets de ces conversions.

« Bénis le Seigneur, mon âme. Que tout en moi bénisse son Saint Nom.
Bénis le Seigneur mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits.
Celui qui pardonne toutes tes fautes, guérit toutes tes maladies
Celui qui rachète de la fosse ma vie, m’entoure de bonté et de compassion.
Celui qui comble de bien tes années, comme l’aigle renouvelle ta jeunesse.
Le Seigneur agit avec justice, et aux opprimés il fait droit. »

Dans la prière d’action de grâce qui a suivi, chacune a nommé une bénédiction récente ou encore une bénédiction qui a profondément changé le cours de sa vie.

Matthieu 13, 2 Corinthiens 4 et Luc 17

À la deuxième rencontre de février, on a passé du temps avec le début du verset « Mais ce trésor nous l’avons dans des vases d’argile » (2 Co 4,7a [3]). Trois arrêts sur geste : « trésor », « avons », « vases d’argile » ont permis d’approfondir le sens de ce verset dans la vie de chacune. Certaines ont ressenti à la fois la richesse de ce que nous offre le Seigneur et la vulnérabilité humaine.

Ensuite, les versets Lc 17,20-21 [4] qui se terminent par les paroles « ... le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » nous ont rappelé que le Royaume de Dieu ne se manifeste pas toujours de façon prévisible ou perceptible. Le groupe s’est interrogé : « ce Royaume, est-il parmi nous comme groupe ou à l’intérieur de chacune de nous ? » En relisant le texte, les explications d’exégètes et en exprimant leur ressenti, le groupe en est venu à la conclusion que, probablement, c’est dans la conjugaison des deux réalités que se vit le Royaume de Dieu.

De 2 Corinthiens 4  au Psaume 103

Au cours du mois de mars, les deux rencontres replongent le groupe dans la fragilité de l’être humain (2 Co 4,7a) et dans sa finitude exprimée dans le Ps 103,15-16 pour mieux retrouver ce don de Dieu, son infinie miséricorde, son Amour incommensurable :

« L’être humain, ses jours sont comme l’herbe. Il fleurit comme la fleur des champs. Le vent passe sur lui, il n’est plus. Même sa place l’oublie pour toujours. »

« Mais la bonté du Seigneur est de toute éternité envers ceux qui le craignent. » (Ps 103,17)

On s’attarde, pendant ce temps de Carême, à certains aspects de notre personne qui semblent parfois faire obstacle au Seigneur. Toutefois, Lui vient à notre rencontre pour nous permettre de mieux le retrouver :

« Pas de procès perpétuel, ni de rancune pour toujours.
Il n’agit pas selon le mal que nous avons commis,
il ne rétribue jamais selon nos fautes.
Oui, aussi haut que le ciel au-dessus de la terre
Sa bonté dépasse ceux qui le craignent.
Comme le lever est loin du coucher du soleil
Nos révoltes, il éloigne loin de nous. »
(Ps 103, 9-12)

Conclusion

Au départ, tous ces versets semblaient détachés les uns des autres. À partir de notre expérience personnelle, on reconnaît des liens en passant d’un verset à un autre. C’est vraiment une Parole de Vie qui se manifeste à nous et nous façonne au fil des jours.

Hélène Boudreau est transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique.

[1] Traduction de Louise Bisson, 2005.
[2] Traduction de Hélène Pinard, 2023.
[3] Traduction de Louise Bisson, 2014.
[4] Traduction de Louise Bisson, 2014.

Jousse

Récitatif biblique

L'Association canadienne du récitatif biblique propose une chronique mensuelle pour comprendre la discipline spirituelle qui rassemble ses membres. Axée sur la Parole et sur son effet sur l'ensemble de la personne, le récitatif biblique est une forme de méditation où tous les sens sont sollicités.