Ce verset réveille en moi de vieux souvenirs que je ne suis certainement pas seul à avoir connu. Il fut un temps, dans notre Église catholique, où certains gestes banals étaient proscrits à celui qui voulait aller communier. Il ne devait rien manger, ne rien boire, pas la moindre goutte d’eau, ne pas toucher l’hostie avec la dents... Le désir ou le souci de « rester pur devant Dieu » nous laissait dans une situation où l’on ne pouvait finalement communier qu’après avoir reçu le sacrement de pénitence et beaucoup parmi nous vivaient dans la hantise d’avoir oublié de dire quelque « péché mortel »... La culpabilisation accomplissait une oeuvre mortifère et Dieu devenait – ou est resté parfois – dans beaucoup d’esprits, « ce Dieu qui voit tout et ne manquera pas de nous punir pour nos fautes. »
Cette idée d’un Dieu qui surveille chacun de nos actes et s’apprête à nous punir pour le moindre manquement, est finalement source de névrose. L’homme qui vit à ce niveau, connaît une peur quasi permanente et, dans beaucoup de cas, finit par le rejeter. Jésus est conscient des lacunes de la loi qui concerne le pur et l’impur. Il dénonce l’orgueil des «purs» ou des justes et fait bon accueil aux « pécheurs », lit-on par ailleurs. Dans ce passage évangélique, il invite ses disciples à prendre un autre point de vue. La pureté n’est pas liée à des questions de nourriture, ou de pratiques particulières, mais à ce qui vient du coeur. Si ce dernier est bien la source de l’amour donné, il peut, dans certains cas, laisser surgir la colère, la haine, la convoitise et d’autres désirs destructeurs. Si l’être humain se laisse guider par cette «face obscure de son être», il est « impur » ou, dit autrement, fort éloigné de la transparence de l’amour, celle que Jésus nous a révélée par l’ensemble de sa vie. Il revient à chacun de rester libre par rapport à ses propres peurs, mais de se souvenir que l’amour de Dieu pour nous est premier. Il nous aime tels que nous sommes et nous invite à nous laisser saisir par lui. La miséricorde divine est seule en mesure de nous purifier de tout ce qui est trouble en nous.