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Archéologie
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LE SAINT-SÉPULCRE (2/8)

 

Un tombeau enseveli

On le sait maintenant (voir la chronique précédente). Le tombeau de Jésus se trouve à l'intérieur des remparts de Jérusalem, à partir de l'an 44 de notre ère. De ce fait, il subit les contrecoups du développement urbain et surtout les effets dévastateurs des guerres romaines. La ville s'est peu construite autour du tombeau vu le caractère accidenté d'anciennes carrières. Le lieu du gibet et de la sépulture de Jésus a dû ainsi rester visible.

Épargné

     Par contre, deux guerres romaines ont laissé de profondes cicatrices dans la Ville sainte. La première, dirigée par Titus en 70, a transformé Jérusalem en un gigantesque monceau de ruines. La région du Temple et du palais d'Hérode le Grand fut particulièrement touchée. Le tombeau de Jésus se trouvait à mi-chemin entre ces deux zones de destruction. Il ne devait pas attirer l'attention, vu la discrétion de la communauté chrétienne.

     Rome domine sévèrement sur toute la Palestine pendant une soixantaine d'années (70-132). C'est au cours de cette période que les évangélistes rédigent leurs récits de la passion et de la résurrection du Seigneur. Sur les détails des lieux de la crucifixion et de la sépulture, leurs témoignages concordent. Ces lieux étaient donc toujours connus, et visibles.

     En 132, soulèvement des Juifs que Rome ne tarde pas à mâter. Pour écarter tout risque de nouvelle révolte, Hadrien fait raser Jérusalem; il expulse les Juifs et les Arabes leur interdisant l'approche de la ville dans un rayon de cinq milles. Une autre décision impériale vise à tuer dans l'oeuf toute révolte éventuelle: c'est la reconstruction à la romaine de la Ville sainte. Son nouveau nom d'Aelia capitolina lui vient du Capitole de Rome où siège le panthéon. Un nom latin bien justifié, puisque des lieux de culte romains remplacent tous les lieux de culte juifs démolis. Ainsi, l'empereur fait raser jusqu'au roc l'emplacement du Saint des Saints du Temple. Il y dresse ensuite la statue de Jupiter, chef du panthéon, et sa propre statue, le divin Hadrien!

Enfoui

     Fait remarquable: dans la zone de carrières et de tombeaux où devrait se situer la tombe de Jésus, Hadrien élève une immense esplanade, ou forum, après avoir nivelé et remblayé ce secteur très accidenté. Dans la partie ouest de l'esplanade, il érige un temple en l'honneur des trois grands dieux de Rome: Jupiter, Junon et Vénus! Quel lieu de culte veut-il supprimer à cet endroit? On ne peut penser qu'au Sépulcre ou au Golgotha!

     Ces dernières années, des travaux de restauration de l'église du Saint-Sépulcre ont contraint les architectes à vérifier l'état de ses fondations. On s'est vite rendu compte que l'édifice chrétien repose en partie sur les ouvrages d'Hadrien, inconnus jusqu'alors (voir le plan). Les lignes noires pleines indiquent ces ouvrages encore existants: on remarque le gros mur de l'esplanade (Temenos), et le temple à trois chapelles, à l'ouest, au-dessus d'une tombe que l'on veut dissimuler! Là devaient se réunir les fidèles pour la célébration de rites qu'Hadrien veut bannir!

     L'action d'Hadrien fut efficace. Les juifs n'ont jamais reconstruit le Temple de Jérusalem. Pour ce qui est de l'emplacement de la tombe de Jésus, en 326, Constantin ordonna d'y construire son Agia Anastasis (« Sainte Résurrection »). Depuis Hadrien jusqu'à Constantin, il faut noter le silence absolu qui plane sur cette tombe. Au moins quatre récits de pèlerins datent de cette période. À ces pèlerins, on montre divers lieux où Jésus a enseigné ou opéré quelque miracle; jamais on ne leur présente un Golgotha ni un Sépulcre. Ou bien ces lieux sont inconnus -- ce qui est peu probable --, ou ils sont présentement invisibles et même inaccessibles! Un temple romain les dissimule. Après l'histoire, que nous révélera l'archéologie?

Guy Couturier, CSC

Source : Parabole, novembre-décembre 1997, vol. XX numéro 2

 

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Constantin et le Saint-Sépulcre

 

 

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