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Archéologie
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LES PHILISTINS (5/7)

 

Les Philistins et leurs dieux

L'archéologie est une des grandes révélatrices de la vie religieuse des peuples de l'Antiquité. A-t-elle bien joué son rôle dans le cas des Philistins? Avouons d'entrée de jeu que l'Ancien Testament et lui seul nous transmet les noms propres de leurs deux grands dieux: Dagôn et Baal-Zeboub. La Bible demeure donc une source de grande valeur à ce sujet comme pour plusieurs faits de leur histoire culturelle.

Sirène mâle?

     Dagôn semble avoir été le chef du panthéon : c'est dans son temple, à Gaza ou à Ashdod, que les Philistins déposent les armes et la tête de Saül, après leur victoire sur les Israélites (1 Ch 10,10). Jusqu'à une date récente, l'étymologie de son nom avait justifié de se le représenter comme une sorte de sirène mâle : un homme à queue de poisson; dâg, en hébreu, signifie en effet « poisson »! Mais jamais on n'avait pu produire une preuve archéologique d'un tel personnage!

     Le mystère est maintenant levé: ce nom correspond de toute évidence à celui de Dâgân, le dieu du blé, très souvent mentionné dans les textes de Mari, grande ville située à la frontière de la Syrie au XVIIIe siècle av. J.-C. Bien connu à Ugarit, sur la côte syrienne, il a son temple tout près de celui de Baal (XIVe-XIIIe s. av. J.-C.). Sa présence en Palestine même est aussi assurée par le nom de Bet-Dagôn donné à des lieux au sud du pays (Jos 15,41) comme au nord (Jos 19,27).

     Les Philistins ont donc adopté un dieu local, protecteur du blé, une denrée si importante pour la survivance humaine et animale; seule la prononciation de son nom subit une légère modification.

     Comment Dagôn était-il représenté? Deux textes pourraient apporter une réponse: le récit de la mort de Samson écrasé sous les débris du temple du dieu à Gaza (Juges 16), mais le texte ne dit mot de la statue! Par contre, en 1 Samuel 5,2-4, quand les Philistins introduisent l'arche de Yahweh dans le temple de Dagôn, à Ashod, ils la placent à côté de la statue. « Le lendemain [...] voici que Dagôn était tombé à terre devant elle, devant l'arche du Seigneur. [...] La tête de Dagôn et ses deux mains, coupées, se trouvaient sur le seuil. » Cette fois, la statue est présente, mais on est encore loin d'une description précise. L'archéologie de Syrie ne nous renseigne pas davantage. On suppose qu'il s'agissait d'une image d'homme, tenant peut-être un épi ou une gerbe de blé dans la main.

Dieu et diable?

     Baal-Zeboub, mieux connu, étonne par la fantaisie de son nom : « Baal (maître)-des-mouches »! Les Israélites avaient bien du mal à ne pas honorer, en même temps que leur propre dieu, Yahweh, (voir Osée 2) ce grand dieu cananéen de la fertilité. Quant aux Philistins, ils le vénèrent à Eqrôn, une de leurs villes, sous cette épithète de « mouche ». L'historien israélite (l'auteur du Livre des Rois) lui attribue une réputation de guérisseur. Après une chute du balcon de son palais (2 R 1,2-16), le roi d'Israël, Ochozias, (vers 853 av. J.-C.) alla le consulter sur ses chances de guérison.

     Grâce aux nombreux textes d'Ugarit (XIIIe s. av. J.-C), on comprend bien l'origine curieuse de son nom: en réalité, il s'appelait Baal Zeboul, « Baal-Prince ». C'est l'historien israélite qui tourna son véritable nom en dérision! D'ailleurs, chose étrange, on se souvient encore de lui au temps de Jésus, mais sous son nom « noble »: Baal-Zeboul, devenu le prince des démons (Mt 10,25; 12,24; Mc 3,22; Lc 11,15-19).

Baal au foudre de Ras Shamra
(Musée du Louvre)

     Si les fouilles en Philistie n'ont encore révélé aucune représentation de ce dieu, nous en avons des centaines, par contre, dans tout le territoire de la Syrie-Palestine : il se tient presque toujours debout, brandissant une massue de la main droite (le tonnerre), et tenant un javelot enflammé (l'éclair) de la main gauche, comme le montre le bas-relief d'Ugarit reproduit ici.

     Les Philistins ont donc encore adopté un dieu local, celui de la fertilité, puisqu'il est le maître de l'orage et de la pluie. Voilà pour les dieux. Qu'en est-il des déesses? Un prochain numéro de Parabole nous le dira peut-être.

Guy Couturier, CSC

Source: Parabole xviii/5 (1996) 16.

Suite de la série :
La grande déesse philistine

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Chorozaïne, jumelle maudite!

 

 

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