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Archéologie
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chronique du 17 janvier 2003

 

Ézéchias, fils d’Achaz, roi de Juda

L'automne 2001, je vous faisais part de mon émotion à l'annonce d'une première en archéologie : la signature d'un roi de Juda, Achaz, gravée sur un sceau ancien (lire « Achaz roi de Juda »). Voilà qu'une « deuxième » nous parvient encore toute fraîche et non moins impressionnante. Du même collectionneur, la signature du roi Ezéchias, fils d'Achaz, parfaitement lisible, comme celle du sceau d'Achaz.

La signature

     Au bas du sceau, de droite à gauche comme le veut l'écriture hébraïque on lit : « À Ezéchias (fils d')Achaz roi » et, dans la partie supérieure du motif, entre les ailes d'un scarabée, « Juda ». Normalement, on aurait eu le nom d'Ezéchias en haut. Le tailleur du sceau a-t-il voulu donner plus d'importance au royaume qu'au signataire? Peut-être. À moins qu'il ne s'agisse, tout simplement, d'un manque d'espace : le nom du roi compte sept lettres, et celui du pays, quatre seulement.
 

empreinte empreinte

Empreinte du sceau :
la signature d'Ézéchias et le motif du scarabée.

     Ezéchias (716-687 av. J.-C.) succède à son père Achaz, un roi qui avait déçu au plan politique et encore plus au plan religieux. Le prophète Isaïe ne l'accusait-il pas d'être un poids pour son Dieu autant que pour son peuple (Is 7,13)? Ezéchias fut d'une tout autre trempe, grâce sans doute à Isaïe lui-même qu'il consultait assidûment. Voilà pourquoi « il fit ce qui est agréable à Yahweh, imitant tout ce qu'avait fait David, son ancêtre » (2 R 18,3). Les historiens louent son esprit judicieux. Ezéchias rendit à Juda une prospérité disparue depuis plus de deux siècles; il restaura aussi la foi au seul Yahweh, une foi que son père avait contribué à contaminer.

Le scarabée

     L'empreinte du sceau d'Achaz se limite à l'inscription de son nom, à moins que l'autre face du sceau lui-même n'ait été ornée. L'empreinte du sceau d'Ezéchias présente en son centre un motif bien connu : un scarabée ailé, roulant une petite boule entre ses pattes de devant. Il s'agit, bien sûr, d'un motif d'origine égyptienne, fort répandu autour de la Méditerranée.

     Chez les Égyptiens, cet insecte coléoptère se nommait képrer. Le scarabée naissait et se développait dans des bouses de bovins; sans « père » ni « mère ». Par un heureux hasard, l'expression « soleil levant » se dit Képri, ce qui sonne étrangement comme le nom du scarabée. Le soleil naît de lui-même chaque matin, à l'est, pour traverser la voûte céleste et mourir à l'ouest, le soir. On le représente donc sous la forme d'un scarabée qui pousse, devant lui, sa petite bouse natale, ronde comme un soleil!

     Qu'en est-il de ce motif du scarabée en Israël et en Juda? Impossible de l'associer à Yahweh, qui n'a jamais été représenté par quelque forme animale que ce soit. Seuls des chérubims, en réalité des sphinx, signalent parfois sa présence; mais le sphinx, c'est un être mythique! Vu que les Égyptiens donnaient presque toujours à leurs sceaux la forme d'un scarabée, il se peut fort bien qu'en dehors de l'Égypte, du moins en Israël et en Juda, on en ait fait un simple motif décoratif, sans signification particulière. Le scarabée n'évoquerait alors que la forme du sceau lui-même. Du moins, c'est là mon explication de sa présence sur le sceau d'Ezéchias. Deux signatures royales en si peu de temps, belle invitation au rêve!

Guy Couturier

Source : Parabole xiv/3 (2002).

 

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Bien des surprises et un mystère

 

 

 

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