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Comprendre la Bible
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chronique du 21 avril 2000

 

Les massacres dans l'Ancien Testament, parole de Dieu?

QuestionAu partage évangélique de vendredi soir dernier, un participant m'a demandé comment on pouvait justifier les massacres qu'on trouve dans l'Ancien Testament, massacres commis semble-t-il au nom de Dieu. Pour donner un pays à son peuple, le Seigneur a-t-il vraiment pu promettre à Moïse d'exterminer tous les habitants du pays devant lui? Il semblerait que pour Dieu la fin justifie les moyens... Mais je suis mal à l'aise avec une telle idée qui ne s'accorde pas avec la bonté infinie de Dieu... (N. Thibodeau) 

RéponseOn ne peut jamais justifier des massacres et encore moins pour la plus grande gloire de Dieu. La compréhension de la Bible, et donc aussi de ces passages, exige de se rappeler constamment que la Bible est Parole de Dieu, mais aussi parole humaine. Il faut donc bien prendre au sérieux ce point: les passages ont été écrits par des êtres humains.

     Malheureux constat : partout au monde, les gens aiment chanter leurs victoires sur leurs ennemis. Et la tentation est forte de « gonfler » la défaite de l'autre. Encore aujourd'hui, il suffit de lire les rapports de guerre et surtout de les lire dans les journaux des deux camps: les chiffres des morts ne sont pas identiques! Il en est de même dans l'Écriture. Après une guerre, le texte dit que tout le monde a été tué, « femmes et enfants inclus » (Jg 21,10). Il n'y a donc pas beaucoup d'espoir pour l'ennemi de se relever. Pourtant à l'une des pages suivantes, on lit que les Israélites imitèrent la conduite idolâtrique de leurs voisins... qui devaient tous être morts. Et la page suivante parle encore d'une guerre et de nouveau tout le monde est massacré, « femmes et enfants inclus ». Par conséquent, à chacun de lire ces passages avec un grain de sel, comme on a appris aussi à lire des rapports de guerre dans nos journaux!

     Ces massacres sont décrits comme étant commandés par Dieu. Il y avait ce qu'on appelle la guerre « sainte », curieux qualificatif pour parler d'une guerre! Beaucoup de peuples croyaient et croient encore, que la victoire ne dépendait pas uniquement de leur force militaire mais aussi -- et surtout -- de l'assistance de leurs dieux. Il en était ainsi pour le peuple de la Bible. Israël aussi croyait que ses défaites étaient une punition de Yahvé, et que ses victoires étaient un don de Yahvé. La conséquence pour eux? Israël n'avait pas le droit de s'enrichir grâce à une guerre. Tout le butin, et donc aussi toutes les personnes, ne lui appartenaient pas; les captifs devaient être sacrifiés à Dieu qui avait donné la victoire à son peuple. Ceci peut nous sembler bien curieux, mais si on regarde l'histoire, on constate que bien des guerres ont été menées « pour la gloire de Dieu ».

     Le christianisme a fait de telles guerres: pensons aux Croisades. Encore aujourd'hui, certains musulmans fondamentalistes mènent ce genre de guerre; pensons aussi à certaines sectes qui croient plaire à Dieu en commettant un suicide collectif. Ce que les gens croient être la « volonté » de Dieu ne l'est pas nécessairement. Trouver la volonté de Dieu dans nos vies n'est pas facile.

     En dernier lieu, ajoutons que la Bible n'est pas en tout temps un livre de prescriptions de « savoir vivre ». Elle parle d'expériences humaines dans lesquelles on trouve une croissance, une évolution, une recherche de Dieu. Tout n'est pas parfait dès le début; comment se comporter vis-à-vis des ennemis n'est pas chose facile. La comparaison entre l'attitude de Lamek (Gn 4,23-24) et celle proposée par Jésus (Mt 18,21-22) illustre bien qu'il reste du chemin à parcourir pour tous.

Walter Vogels

 

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