INTERBIBLE
À la découverte du monde biblique

comprendre la biblearchéologiegroupes bibliquesinsolite

off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Comprendre la Bible
  image
Imprimer

chronique du 21 juin 2002

 

La Tour de Babel

QuestionCette histoire de tour... Je ne peux pas croire que des gens aient été un jour rassemblés dans une même plaine. Et puis, pourquoi punir des personnes pour avoir construit une tour? Aujourd'hui, nous essayons d'apprécier positivement les différentes cultures. Là, on présente la diversité des langues comme une punition. Bizarre.

RéponseJe comprends très bien que vous ne pouvez pas croire que des gens aient été un jour rassemblés dans une même plaine, car de fait, cela n'a jamais eu lieu. Pour comprendre cette histoire de la Tour de Babel (Genèse 11,1-9) il faut se rappeler qu'elle fait partie de la section de la Bible qu'on appelle la préhistoire ou le cycle des origines (Genèse 1-11), une section de la Bible qui ne prétend pas être historique ni scientifique. Ces textes réfléchissent sur ce que nous sommes maintenant, ce que nous avons toujours été et ce que nous serons toujours, comme êtres humains.

ziggouratÀ Ur, en Mésopotamie, un des édifices les plus imposants était la ziggourat, sorte de tour bâtie en briques séchées, haute de plusieurs étages, et surmontée d'un temple. La tour de Babel (dans la cité de Babylone) devait avoir une structure semblable. De la ziggourat d'Ur, seuls les étages inférieurs ont été reconstitués.

     L'histoire de la Tour décrit ce désir humain de pénétrer les cieux, en somme de remplacer Dieu. Elle est la réédition du récit du paradis où l'homme et sa femme voulaient aussi devenir comme Dieu (Gn 2-3). Il est remarquable que dans la description du projet humain (vv. 1-4) il n'y a aucune référence à Dieu, c'est un de ces projets, comme on en trouve partout au monde, qui veut montrer que l'être humain peut tout faire. Mais comme on le voit aussi partout, tôt ou tard ces projets aboutissent à la confusion, à la dispersion. Il me semble qu'on peut facilement comprendre l'origine de cette histoire de la Tour par la comparaison suivante. Imaginez quelqu'un d'un petit village de la province du Québec qui ne parle que le Français et qui gagne un voyage à New York. Quelle pourrait bien être son impression sur place et quel serait son rapport en rentrant? Il a vu cette ville immense, avec ses immeubles en hauteur; par ailleurs, il a été aussi frappé par le fait qu'il ne comprenait pas les gens, il a entendu toutes sortes de langues, il juge peut-être aussi que la ville est sale et dangereuse. Non, il n'a aucun désir de vivre dans une telle ville de confusion, Dieu merci d'être rentré dans son village où il connaît tout le monde. L'auteur du récit biblique a une impression semblable de la grande ville de Babylone, la ville orgueilleuse dans la Bible.

     Si vous prenez le temps de lire le chapitre précédent, vous trouverez quelque chose de plutôt surprenant encore. On y énumère les peuples de la terre, les descendants des trois fils de Noé. Après la descendance de Japhet le texte dit : « Tels furent les fils de Japhet, d'après leurs pays et chacun selon sa langue... » (v. 5). Lisez la même chose aux vv. 20.31. Il est dit clairement, à trois reprises, que les peuples du monde parlent des langues différentes. Et alors, tout d'un coup, l'histoire de la Tour de Babel ouvre par: « Tout le monde se servait d'une même langue... » (v. 1). Nous sommes en présence de deux récits d'auteurs différents, qui chacun réfléchit sur la fameuse question de l'origine des différentes langues? Le premier auteur (Gn 10) présente ce fait comme une bonne chose, fruit d'une bénédiction divine. En effet, après le déluge Dieu a béni Noé et ses fils en disant : « Soyez féconds, multipliez, emplissez... » (Gn 9,1). L'auteur de l'histoire de la Tour de Babel voit ce phénomène humain plutôt négatif, comme un châtiment divin. Ces deux positions sont curieuses et on pourrait se demander lequel des deux auteurs a raison? La réponse est très simple: les deux disent vrai. D'une part, la variété de langues et cultures des peuples donne une richesse à l'humanité. Chacun qui a fait l'effort d'apprendre une autre langue, d'entrer dans une autre culture, le sait par expérience, on s'enrichit. Quelle pauvreté ce serait si toute l'humanité parlait la même langue et avait la même culture! Mais, par ailleurs, tout le monde sait aussi comment la différence de langues et de cultures cause bien des frictions et des guerres. Le phénomène humain de cultures différentes est positif et négatif à la fois, les deux récits bibliques le disent d'une façon claire.

Walter Vogels

Article précédent :
Des traces archéologiques des chars de pharaon?