INTERBIBLE
À la découverte du monde biblique

comprendre la biblearchéologiegroupes bibliquesinsolite

off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Comprendre la Bible
  image
Imprimer

chronique du 9 février 2007

 

La Bible et la Torah

QuestionQuelle est la différence entre la Bible et la Torah? (Chavand)
 

RéponseVotre question demande un certain nombre de clarifications. Le grand livre que nous appelons « la Bible » est, en fait, une collection de différents livres écrits et rassemblés durant une période qui va du VIIIe siècle avant  notre ère jusqu’au début du IIe siècle de notre ère. Cet ensemble de livres est divisé d’abord en deux grandes sections que l’on appelle – du point de vue chrétien – le Premier ou l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Sans vouloir entrer dans trop de détails, disons encore que le Judaïsme reconnaît comme authentiques les seuls livres du Premier Testament, écrits en hébreu. Ces livres forment ce que l’on appelle communément « la Bible hébraïque ». Le Christianisme gardera, dans sa Bible, l’ensemble de la Bible hébraïque et y ajoutera tous les livres qui portent le témoignage de Jésus comme Christ et Seigneur. Cet ensemble sera appelé « le Nouveau Testament ».

     Venons-en maintenant à la question posée! La Bible hébraïque est traditionnellement divisée en trois parties :

  1. Torah ou l’instruction ou la Loi  ;
  2. « Nebiim » ou les Prophètes ;
  3. Ketoubim ou les  Écrits.

     Comme vous le voyez, la Torah est la première partie de la Bible hébraïque ou du Premier Testament. Elle est composée de cinq livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et enfin le Deutéronome. C’est la raison qui a fait qu’on l’appelle aussi, en référence au mot grec, le Pentateuque ou les cinq livres. Pour le judaïsme, la Torah est le pilier de la foi juive, son coeur, parce qu’elle est la Loi écrite qui se rattache à Moïse. À côté d’elle se mettra progressivement en place une loi orale à partir des commentaires qu’en feront les rabbins juifs. Cette loi orale répondait à des questions concrètes concernant l’application de la Loi écrite, en fonction du temps et des lieux. À l’époque de Jésus, ces commentaires étaient devenus particulièrement compliqués et tatillons. Ils formaient ce que l’on appelait « la Tradition des Anciens » et certains lui donnaient autant de valeur qu’à la Torah proprement dite. C’est ce qui amena Jésus à être parfois très critique contre cette manière de voir. L’exemple le plus connu est certainement la parabole du Bon Samaritain (voir : Lc 10, 25-37).

     Je voudrais évoquer un dernier aspect qui éclaire l’importance donnée à la Torah. Une simple lecture des livres qui la composent, révèle différentes couches rédactionnelles. On est très loin d’un tout homogène. Comment comprendre cela? En 722 avant JC, a lieu une première catastrophe dans l’histoire du peuple d’Israël. Samarie, la capitale du royaume du Nord, est assiégée et conquise par les armées assyriennes et totalement détruite. Une grande partie de la population est emmenée en exil et ira peupler des régions de la Mésopotamie, tandis que d’autres peuplades sont installées sur les terres fertiles du royaume d’Israël. Ceux et celles qui ont pu échapper à l’exil, parmi lesquels des scribes et des lettrés, vont chercher refuge dans le petit royaume Juda, à Jérusalem. Les recherches archéologiques récentes montrent que la ville sainte va connaître une grande expansion à cette époque. Les scribes de la cour de Samarie vont naturellement se mettre au service du roi de Juda. Ils sont arrivés avec leurs propres récits, leurs coutumes et leurs traditions. Une nécessité s’impose alors : il faut unifier cet ensemble de tribus très indépendantes et disparates. Cet objectif se réalisera à travers les premières rédactions de la Torah. Cette parole écrite, que tous peuvent lire, méditer ou entendre la proclamation dans l’enceinte du Temple, va donner à la population une nouvelle unité et lui fournir son identité. C’est autour de la Torah, avec ses réformes successives, que se forgera l’identité juive. Cet aspect sera encore accentué au retour du deuxième exil.

     La Torah sera le livre autour duquel un peuple dispersé va se rassembler, retrouver force et courage et forger son unité religieuse et politique. Pour en avoir une idée, je vous propose de prendre connaissance de ce qui se passe à Jérusalem, vers 450 av. JC. Le livre de Néhémie mentionne l’événement (Ne 8). Esdras le scribe fait une lecture publique de la Torah devant le peuple réuni. L’adhésion de tous à une parole dont chacun porte en lui le souvenir et en médite le contenu, est devenu le point d’ancrage du Judaïsme d’après l’Exil, celui que vivra et connaîtra Jésus. Bonne lecture de la Bible.

Roland Bugnon

Chronique précédente :
« Dieu a pitié de qui il veut et il incite qui il veut à s’obstiner »