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Comprendre la Bible
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chronique du 17 septembre 2010

 

Palestine ou Eretz Israel ?

QuestionPourquoi parlez-vous systématiquement de la « Palestine » lorsque vous vous référez à Israël? Que ce soit du temps de Jésus ou aujourd’hui, cette terre est Eretz Israel.

RéponseLa formulation de la question mérite un approfondissement. Dans ce cas-ci, qu’il suffise de dire dès le début qu’il est faux de dire « que ce soit au temps de Jésus ou aujourd’hui, cette terre est Eretz Israel ». Les spécialistes de divers ordres (géologues, archéologues, biblistes, etc.) ont toujours désigné le pays de la Bible par le nom de « Palestine ». En effet, on sait combien le nom d’un pays peut changer au cours de l’histoire. On n’a qu’à penser à certains pays africains qui, au cours du XXe siècle seulement, ont changé de nom plus d’une fois, au gré des coups d’État et des changements de régime.

     Le pays de la Bible n’a pas échappé à cette règle. La succession des empires et la perte de l’indépendance politique ont fait en sorte que le pays a été désigné par plusieurs noms. Par exemple, les Patriarches et leurs fils en Égypte sont appelés « Hébreux » et la terre qu’ils habitent ou vers laquelle ils vont s’appelle « terre de Canaan » parce que les Cananéens y habitaient. Sous les Juges, on parle volontiers d’Israël, mais en insistant sur les tribus d’où étaient issus les différents juges. Sous la monarchie, il est clair que la partie sud, avec Jérusalem comme capitale, s’appelait « Juda » tandis que la partie nord, avec Samarie comme capitale, s’appelait « Israël ». Après l’exil, le territoire est une province perse sous le nom de « Transeuphratène ». C’est sous l’empire grec que le pays vint à être désigné « Palestine », nom qui a été repris par l’Empire romain, ce nom provenant sans doute des « Philistins ». À la chute de l’Empire ottoman, les Anglais ont repris le nom lors du mandat reçu en 1919. Le nom « Palestine » désigne donc une entité géographique enclavée entre, à l’ouest, la mer Méditerranée, à l’est la vallée du Jourdain, au sud le Néguev, au nord les monts de l’Anti-Liban.

     Maintenant, il ne faut pas donner à ces noms anciens le sens qu’ils ont aujourd’hui. La « Palestine » des historiens n’est pas celle habitée par les Palestiniens d’après la fondation de l’État d’Israël en 1948. Personne ne fait cette confusion dans le monde savant.

     Une dernière mise en garde s’impose ici. Il faut se garder de transposer des réalités sociopolitiques contemporaines au monde ancien. Sans vouloir voir trop de choses sous la question, l’affirmation sans nuance de l’Eretz Israel fait penser aux prétentions de l’État moderne d’Israël (avec toute l’idéologie qui la sous-tend), qui n’a pas toujours à voir avec la Bible. Aujourd’hui comme toujours, la foi et la politique ne font pas toujours bon ménage, et il est utile pour l’un comme pour l’autre de maintenir des distinctions. Jésus a dit lui-même de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». C’est toujours valide.

Hervé Tremblay

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