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chronique du 13 février 2009
 

Paul n’écrivait pas ses épîtres lui-même

À la toute fin de la lettre aux Romains, au milieu des dernières salutations que Paul offre à différents membres de la communauté chrétienne de Rome, surgit une phrase plutôt curieuse : « Moi aussi, Tertius, qui ai écrit cette lettre, je vous salue. » (16,22)

Saint Paul

Saint Paul dans la synagogue de Thessalonique
(gravure : Gustave Doré)

     Qui est ce Tertius, et que vient-il faire ici? N’est-ce pas Paul qui a écrit cette lettre? Eh bien non : Paul, de qui on a conservé plusieurs épîtres écrites à différentes communautés chrétiennes, n’écrivait pas ses lettres lui-même.

     Pourquoi? On a la réponse à la fin de la lettre aux Galates où on peut lire une autre notice insolite, cette fois rédigée de la propre main de Paul : « Voyez quels gros caractères ma main trace à votre intention » (Ga 6,11). En d’autres mots : Paul écrivait mal. Lui-même estimait grossière sa calligraphie. Tellement, qu’il préférait faire écrire ses épîtres par quelqu’un d’autre.

     Il faut se rappeler que dans l’Antiquité, seule une minorité de la population savait écrire. Dans le monde juif, on valorisait la lecture des Écritures saintes, alors l’apprentissage de la lecture était sans doute assez répandu. Mais savoir écrire, c’était réservé à une classe d’érudits qu’on appelle les scribes, ou secrétaires. Ils étaient les spécialistes de l’écriture.

Scribe romain

Scribe romain avec son stylet et sa tablette.
(Wikimedia Commons)

     Pour écrire ses lettres, Paul faisait donc appel à des scribes. On connaît le nom d’au moins deux des scribes de Paul. Tertius, pour la lettre aux Romains, et Sosthène, mentionné au tout début de la première lettre aux Corinthiens (1 Co 1,1).

     Comment procédait-on? Paul dictait le contenu de la lettre qu’il voulait faire rédiger, pendant que le scribe prenait des notes, sur une tablette de cire par exemple. Ensuite le scribe s’installait avec tout son matériel d’écriture, et écrivait la lettre de Paul. À la fin de la lettre, Paul pouvait ajouter de sa propre main un petit mot qui avait la valeur d’une signature, une façon de dire : ce n’est pas moi qui ai écrit la lettre, mais j’en approuve le contenu.

     On peut lire une notice de la sorte à la fin de la deuxième lettre aux Thessaloniciens : « Ce salut est de ma main, à moi Paul. C’est le signe qui distingue toutes mes lettres. Voici mon écriture. » (2 Th 3,17) Dans ce cas-ci, par contre, ce n’est probablement pas Paul qui a rédigé cette notice. La deuxième épître aux Thessaloniciens est deutéro-paulinienne, elle a été rédigée après la mort de Paul vraisemblablement par un de ses disciples. Cette notice a été ajoutée à la lettre afin de lui donner de la crédibilité.

Chrystian Boyer

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