Évangiles de l'ACÉBAC
© Éditions Bellarmin, 1983
Requête : Lc 7,36-50
| contexte
immédiat |
Mt 26,6-13; Mc 14,3-97 36 Un pharisien invitait Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez le pharisien et se mit à table.
t 37 Il survint alors une femme de la ville qui était une pécheresse. Elle avait appris que Jésus était à table dans la maison du pharisien. Elle portait un flacon de parfum.
38 Elle se plaça par derrière, tout en pleurs, aux pieds de Jésus; elle se mit à baigner de larmes ses pieds; avec ses cheveux elle les essuyait; elle les couvrait de baisers et les oignait de parfum.
39 En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même: « Si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche; il saurait ce qu'elle est: une pécheresse! »
40 Jésus prit la parole et lui dit: « Simon, j'ai quelque chose à te dire. » Celui-ci répondit: « Parle, maître. »
41 « Deux hommes devaient de l'argent à un prêteur. L'un devait cinq cents pièces d'argent, l'autre cinquante.
u 42 Comme ils n'avaient pas de quoi rembourser, il supprima leur dette à tous deux. Lequel des deux l'aimera le plus? »
43 Simon répondit: « Je pense que c'est celui auquel il a remis la plus grande dette. » Jésus lui dit: « Tu as bien jugé. »
v 44 Jésus se tourna vers la femme et dit à Simon: « Tu vois cette femme? Je suis entré dans ta maison, tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds; elle, au contraire, elle m'a arrosé les pieds de ses larmes, et elle les a essuyés avec ses cheveux.
45 Tu ne m'as pas donné de baiser; elle, au contraire, depuis que je suis entré, elle n'a cessé de me couvrir de baisers les pieds.
46 Tu ne m'as pas répandu d'huile sur la tête; elle, au contraire, elle a répandu sur mes pieds du parfum.
47 À cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés lui sont pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu. »
w 48 Jésus dit à la femme: « Tes péchés sont pardonnés. »
x 49 Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: « Qui est il, celui-là qui remet jusqu'aux péchés? »
50 Jésus dit à la femme: « Ta foi t'a sauvée. Va en paix! »
y
t 36-50 Ce récit illustre la réflexion que faisaient les témoins de la résurrection opérée à Naïn: « Dieu a visité son peuple » (7,16). - Par Jésus, la miséricorde divine remet à une pauvre femme ses nombreux péchés (v. 47). - Le baptême de conversion administré par le Baptiste préparait à une telle visite de Dieu en Jésus (3,3; 7,29-30). - L'épisode montre aussi comment s'opère en Israël le partage des esprits que Siméon avait prédit: « Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël » (2,34). Un pharisien qui paraît pourtant bien disposé (il appellera Jésus « Maître », v. 40) butte sur le fait que Jésus se laisse toucher par une pécheresse (v. 39). Avec une certaine assurance qui révèle chez lui une grande confiance en ses vues personnelles, le pharisien conclut que Jésus n'est pas un prophète (v. 39). Ainsi, un chef spirituel de la nation ne discerne pas la miséricorde divine à l'oeuvre en Jésus, alors qu'une pauvre pécheresse découvre que Jésus peut remettre les fautes et qu'en lui se réalise le plan de salut conçu par Dieu (v. 30). Grâce à sa foi (v. 50), une pécheresse devenait, à la place du savant pharisien, l'un de ces enfants de la sagesse (v. 35) qui ont reconnu à ses oeuvres, en Jésus, la Sagesse divine qui sauve.
u 41-50 Cette parabole prolonge le récit antérieur, en expliquant le comportement de la pécheresse et celui du pharisien. - Un fait est à l'origine de la parabole: tous les hommes sont débiteurs à l'endroit de Dieu; tous sont insolvables. La conscience de son péché - d'où naît le besoin de la miséricorde divine - et le sentiment de son incapacité personnelle à s'en purifier, devraient être le fait de tous les croyants d'Israël (Lc 18,10-14).
v 43-46 Ces versets décrivent les marques d'amour (v. 42b) que la pécheresse prodigue à Jésus. Elles contrastent vivement avec l'attitude tout au plus correcte qui avait été celle du pharisien scandalisé que Jésus se laisse toucher par une pécheresse (v. 39). - La description des gestes de la pécheresse répond à la question que posait Jésus: « Lequel des deux (débiteurs) aimera le plus (son créancier)? » (v. 42b). - Le comportement de la pécheresse manifeste de toute évidence que de nombreux péchés (v. 47) lui ont été remis. Tandis que l'attitude simplement correcte de l'hôte pharisien laisse voir qu'il n'a pas conscience qu'une grosse dette pourrait lui être remise. Il se sait juste (18,11-12); il est quitte avec Dieu. En quoi aurait-il besoin de miséricorde, surtout de la part de cet invité qui n'est sûrement pas un prophète?- Toutefois, Jésus ne s'attendait pas à recevoir de son hôte toutes les marques d'amour que la pécheresse lui a prodiguées. Elle a fait du superflu, au point de vue des exigences strictes de l'hospitalité.
w 47 Ce verset soulève un problème délicat: l'amour est-il, chez la pécheresse, la cause ou le fruit du pardon qui lui est accordé? Il est l'un et l'autre, de fait. D'abord, comment la conscience de son péché et la douleur de l'avoir commis naîtraient-elles chez le pécheur que l'amour n'aurait nullement remué? Ensuite, le pardon doit engendrer un amour proportionné à la faute remise (v. 42; Mt 18,23-35).
x 48 La parole de Jésus confirme le pardon que Jésus avait déjà accordé, comme il le laissait déjà deviner en acceptant les marques de l'amour humble et repentant de la pécheresse.
y 50 Par la foi, la femme avait découvert les raisons d'aimer Jésus.