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Les 12 petits Prophètes (7/9)
 

Abdias et Aggée

L’activité prophétique d’Habaquq et Nahoum (au VIIe siècle) nous laissait déjà entrevoir l’ascension des Chaldéens (Babylone) aux dépends de l’Assyrie (Ninive), l’ennemi d’hier qui avait notamment détruit le Royaume du Nord. Mais si Nahoum, par son livre, se réjouissait de la chute du royaume assyrien, cette nouvelle puissance mondiale (Babylone) qui lui succédera n’agira guère avec plus de délicatesse envers le peuple de Dieu. L’empire babylonien envahira et détruira Jérusalem et son Temple et déportera une partie de la population de Juda à Babylone. C’est la période de l’Exil.

Abdias, le frère maltraité

     Outre Ézéchiel et le second Isaïe, grandes figures prophétiques associées à l’épreuve de l’Exil, il convient peut-être de rattacher également à cette période l’un de nos « petits » prophètes, le plus court des écrits prophétiques de la Bible, Abdias 1. Bien que la datation du livre soit incertaine et que son unité soit débattue 2, il reste que ce livre fait directement référence aux événements de la conquête babylonienne. L’originalité d’Abdias est de semoncer un frère pour son attitude opportuniste de « charognard » lors des malheurs qui touchaient Juda. Le frère en question, c’est le peuple d’Édom 3, voisin de Juda, qui a profité de la faiblesse de ce dernier pour étendre son territoire et prendre sa part de butin lors du sac de Jérusalem. Abdias entrevoit la punition qui attend les Édomites pour avoir ainsi traité un peuple frère lors de la venue du Jour de Dieu. Jour de Dieu qui verra aussi le consolant rétablissement de la montagne sainte, Jérusalem.

C’est à cause des violences exercées contre ton frère Jacob que te couvre la honte, que tu es exterminé à jamais… le jour où des étrangers le vidaient de sa force, où des barbares pénétraient dans ses portes et jetaient le sort sur Jérusalem, toi aussi, tu étais comme l’un d’eux. (Ab 10-11)

Le difficile retour d’Exil

     Le retour d’Exil – nous l’avons dit précédemment – sera pénible. Période de restauration pour un peuple qui revient sur sa terre et qui doit tout reconstruire : sa ville sainte, son Temple, ses institutions. Si, d’après ce que nous raconte le livre d’Esdras (Esd 3,1-9), le premier groupe des rapatriés aménage assez vite un autel temporaire sur les lieux du premier temple détruit pour que reprenne le culte des sacrifices, si on achète déjà des matériaux et on jette les bases du nouveau Temple, les travaux s’interrompront néanmoins pendant quelques années, faute de ressources et parce que, toujours d’après Esdras, des Samaritains, ennemis de Juda, mettront des bâtons dans les roues au projet (Esd 4,1-5). C’est là, après quelques années de léthargie, qu’intervient Dieu par l’entremise du prophète Aggée.

Aggée, le motivateur

     Le livre d’Aggée retient quatre sermons du prophète prononcés en trois jours différents entre les mois d’août et décembre de l’an 520 av. J.-C. Il y a maintenant quelques années que nous sommes rentrés d’exil, les Judéens ont commencé à retrouver un certain confort, s’étant construit, à Jérusalem, des maisons lambrissées alors que le Temple, lui, est encore en ruine,  ce qui révolte Aggée. Or, il appert qu’en cette année 520, les récoltes furent maigres et décevantes. Le message d’Aggée est d’une simplicité désarmante : vous ne serez pas bénis de Dieu, dans votre prospérité et vos récoltes, tant que vous laisserez à l’abandon le Temple du Seigneur. Rebâtissez le Temple et vous verrez de nouveau refleurir le pays car le Seigneur sera avec vous : Vous attendiez beaucoup et maigre fut la récolte… Pourquoi donc? – oracle du Seigneur, du tout-puissant : À cause de ma Maison qui, elle, est en ruine, alors que chacun de vous s’affaire auprès de sa propre maison. (Ag 1,9).

     Aggée est d’un optimisme contagieux quant à l’avenir. On lui doit d’avoir secoué les autorités de son temps et redémarré le chantier de construction du second Temple qui conduira à sa dédicace cinq ans plus tard (515 av. J.-C.).

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1À part son nom, on ne connaît rien de la personne d'Abdias.

2 Bien que ne comprenant que 21 versets, l'unité du livre, c'est à-dire l'attribution à un même auteur de ces versets ou leur rédaction dans une seule période, est objet de discussion par les spécialistes.

3 Ils sont dits « frères » de par leur origine. Isaac avait eu deux fils jumeaux, Esaü l'aîné et Jacob. Par subterfuge, Jacob usurpa le droit d'aînesse d'Esaü (Gn 25, 19-34) ainsi que la bénédiction paternelle (Gn 27, 1-40). Israël se voyait comme la descendance de Jacob, le fils béni, et assimilait le peuple d'Édom à la descendance d'Esaü. On attribuait l'origine de l'hostilité de toujours entre les deux peuples à la lutte d'autrefois entre les deux frères.

 

Patrice Bergeron, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2249. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Les 12 petits Prophètes - Habaquq et Nahoum

 

 

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