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L'Évangile selon saint Jean (2/8)
 

La date de composition et le milieu d'origine

 

La tradition a toujours attribué le 4e évangile à Jean. Mais les recherches de l’exégèse moderne ont remis en question cette donnée de la tradition, en s’appuyant par exemple sur le fait que le 4e évangile est si différent des évangiles synoptiques qu’il n’a pu être écrit par un témoin oculaire de la vie de Jésus. On suppose alors que l’évangile fut écrit au 2e siècle par un chrétien ayant le souci d’adapter l’Évangile de Jésus à la mentalité grecque.

     Plusieurs indices laissent voir que l’évangile de Jean mit un certain temps à être reçu dans les communautés apostoliques, probablement à cause des divisions doctrinales qui ont affecté les communautés johanniques. Dans la première moitié du 2e siècle, les Pères apostoliques Ignace d’Antioche, Polycarpe de Smyrne et Justin n’en rapportent aucune citation textuelle, même si on reconnaît qu’il a eu une certaine influence sur leurs écrits.

     Toujours au 2e siècle, Irénée de Lyon prend soin de le lire à la lumière de la Première lettre de Jean, et le Canon de Muratori le mentionne dans sa liste des livres du Nouveau Testament. On sait cependant, grâce à deux papyrus (Ryland 457 et Egerton 2), que l’évangile était en circulation en Égypte et probablement en Asie mineure.

     À partir de 150, les affirmations sont de plus en plus catégoriques sur l’identité de Jean l’apôtre comme auteur du 4e évangile. Irénée de Lyon (vers 180) est originaire d’Asie Mineure où il a été un disciple de Polycarpe qui lui-même avait été disciple de Jean. Ayant émigré en Gaule, il devient évêque de Lyon. Irénée est ainsi un témoin privilégié à la fois de l’Église d’Orient et de l’Église d’Occident. Il a laissé ce témoignage à propos de l’auteur du 4e évangile: «Ensuite Jean, le disciple du Seigneur, le même qui reposa sur sa poitrine, a publié lui aussi l’évangile pendant son séjour à Éphèse». On trouve d’autres mentions de Jean comme auteur du 4e évangile chez Clément d’Alexandrie et Tertullien.

     Il sera toujours difficile de préciser avec exactitude l’identité des évangélistes. Devant cette incertitude, on peut toujours s’en remettre aux témoignages de la tradition ancienne. Il ne fait pas de doute, d’après Jean 19, 35 et 20, 24-29, que le 4e évangile est l’œuvre d’un témoin oculaire, membre du groupe des apôtres, en l’occurrence le disciple bien-aimé: Celui qui a vu rend témoignage... pour que vous aussi croyiez (19, 35). L’auteur a une connaissance précise de la Palestine et des mœurs de ses habitants. Il connaît les opinions des sectes juives, les principales fêtes juives et leurs rubriques liturgiques. Sa pensée et son style sont proprement sémitiques, même s’il écrit en grec. Par exemple, la structure de ses phrases a souvent recours au parallélisme, comme dans les psaumes. Enfin, plusieurs détails géographiques, chronologiques et historiques, absents chez les Synoptiques, se retrouvent chez Jean. Il les mentionne non seulement pour le simple plaisir de raconter mais surtout pour situer dans le temps et l’espace l’activité du Fils de Dieu, le Verbe fait chair, à un moment précis de l’histoire et dans un espace bien délimité.

Le milieu d’origine

     Disons maintenant un mot sur le milieu d’origine de l’évangile de Jean. Plusieurs analyses savantes ont tenté d’en percer le mystère. On y a décelé des points de contact avec la pensée juive du premier siècle, certaines affinités avec les documents de Qumrân et des confrontations avec les courants philosophiques du monde grec. Il n’y a pas lieu d’entrer ici dans tous les détails avancés par les hypothèses de recherche. Sachons toutefois que la pensée théologique à laquelle l’évangéliste est parvenue, après une lente maturation, cache l’histoire assez mouvementée des communautés chrétiennes qui se rattachaient à lui.

     La rédaction finale de l’évangile de Jean date sans doute des débuts du 2e siècle. Elle est le résultat d’additions successives dont le but était de préciser la foi au Christ et de lutter contre ceux qui remettaient en question soit sa nature humaine soit sa nature divine. On retrouve l’essentiel de ces débats dans les trois lettres attribuées à saint Jean, mais qui, en réalité, proviennent des responsables de communautés où l’on est divisé quant à la nature du Christ Jésus.

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2312. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
L'Évangile selon saint Jean - Qui est l'auteur du quatrième évangile ? (1/8)

 

 

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