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Justice sociale
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chronique du 20 novembre 2009
 

Les murs qu’il reste à abattre

On vient de fêter le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, le fameux rideau de fer qui, depuis la deuxième guerre mondiale, séparait l’Europe en deux blocs ennemis. Mais on nous occulte que depuis 1945, 40 murs, clôtures, barrières se dressent toujours sur des frontières entre pays.

     Dans un climat d’insécurité face au terrorisme après le 11 septembre 2001, 20 murs de contention ont été érigés dans le monde par l’Arabie saoudite (5), la Birmanie (1), le Botswana (1), Brunei (1), la Chine (1), l’Égypte (1), les Émirats arabes unis (1), l’Inde (3), l’Iran (1), Israël (2), la Jordanie (1,) le Kazakhstan (1), le Pakistan (1), la Thaïlande (1) et le Turkménistan (1). Si on mettait bout à bout tous ces murs, ils mesureraient 26 000 kilomètres, de quoi ceinturer la planète terre.

Le mur de la frontière États-Unis/Mexique

Le mur de la frontière États-Unis/Mexique
(photo © AFP)

     Ces murs sont construits dans le but d’exclure un voisin. Étanches, ils ont pour fonction de rassurer une population qui se sent menacée par l’arrivée des « barbares ». L’Union européenne se transforme en forteresse qui cherche par tous les moyens à bloquer l’entrée d’immigrants clandestins, de demandeurs d’asile venus d’Afrique ou d’Asie. Le plus long de ces murs est celui que les États-Unis construisent sur la frontière du Mexique : 1130 kilomètres de béton, de barbelés, de clôtures électrifiées, le tout muni d’instruments électroniques sophistiqués, construits au prix de 70 millions de dollars au kilomètre. L’économie mondiale prône le libre-échange, mais on dresse partout des barrières pour empêcher les gens de circuler.

     Ceci est sans compter les murs qui séparent les populations d’un même pays : à Chypre entre Grecs et Turcs;  à Bagdad en Irak, entre sunnites et chiites; à Paris pour isoler la cité de la Fouilleuse en banlieue, à Buenos Aires entre les bidonvilles de San Fernando et les riches quartiers de San Isidro. Les gated communities se multiplient partout en Amérique latine, en Afrique du Sud et aux États-Unis : des quartiers isolés par des murs et protégés par des agents armés. Et puis, il y a ce mur invisible, cet abîme infranchissable qui sépare  partout dans notre monde les riches et les pauvres!

Texte biblique : Lettre de Paul aux Galates, chapitre 2, 14-22

« Car c'est le Christ lui-même qui nous a apporté la paix, en faisant des Juifs et des non-Juifs un seul peuple. En donnant son corps, il a abattu le mur qui les séparait et en faisait des ennemis.  Il a annulé la loi juive avec ses commandements et ses règlements, pour former avec les uns et les autres un seul peuple nouveau dans l'union avec lui ; c'est ainsi qu'il a établi la paix.  Par sa mort sur la croix, le Christ les a tous réunis en un seul corps et les a réconciliés avec Dieu ; par la croix, il a détruit la haine. Le Christ est donc venu annoncer la Bonne Nouvelle de la paix à vous les plus lointains comme aux plus proches.  C'est en effet par le Christ que nous tous, Juifs et non-Juifs, nous pouvons nous présenter devant Dieu, le Père, grâce au même Saint-Esprit.

Par conséquent, vous les non-Juifs, vous n'êtes plus des étrangers, des gens venus d'ailleurs ; mais vous êtes maintenant concitoyens des membres du peuple de Dieu, vous appartenez à la famille de Dieu. Vous êtes intégrés dans la construction dont les fondations sont les apôtres et les prophètes, et la pierre d'angle Jésus-Christ lui-même.  C'est lui qui assure la solidité de toute la construction et la fait s'élever pour former un temple saint consacré au Seigneur.  Dans l'union avec lui, vous faites partie vous aussi de la construction pour devenir avec tous les autres la maison que Dieu habite par son Esprit. »

Commentaire

     Paul de Tarse, affirme que le mur symbolique qui séparait les Juifs des autres nations a été abattu par le Christ ; il considère que tous les peuples forment désormais sur la terre une seule et grande famille. « Vous n’êtes plus des étrangers ni des immigrés. »

     Le ministère du Christ, exercé par ses disciples, en est un de réconciliation. Shaoul de Tarse, ce rabbin juif dont le nom grec était Paul, pharisien de stricte observance, déclare  vaillamment que le Christ « a annulé la loi juive avec ses commandements et ses règlements, pour former avec les uns (les Juifs) et les autres (les païens) un seul peuple nouveau dans l'union avec lui ; c'est ainsi qu'il a établi la paix. » Il entreprend d’abattre le mur qui séparait le peuple juif du reste de l’humanité. Il prêche un Christ ressuscité, qui a donné sa vie pour éliminer ces barrières invisibles. Aux Galates qui sont tentés de reprendre l’observance des prescriptions juives, Paul écrira avec indignation : «Insensés que vous êtes! Il n'importe plus que l'on soit juif ou non juif, esclave ou libre, homme ou femme ; en effet, vous êtes tous un dans la communion avec Jésus-Christ. » (3,28)

     L’évangélisation passe par la réalisation de la fraternité universelle. La maison de Dieu, c’est l’humanité réconciliée, la paix universelle. Toutes les lettres de Paul ont pour objectif de garder l’unité, la fraternité et la diversité dans et entre les communautés. Pour lui, l’Église de Dieu est l’anticipation d’une nouvelle ère où il n’y aura plus d’étrangers ni d’immigrants. La terre pacifiée deviendra le sanctuaire de Dieu.

     Le discours sécuritaire qui domine dans le monde depuis le 11 septembre 2001 met à l’agenda le resserrement des frontières. Pourtant la menace terroriste n’est qu’un prétexte pour justifier la lutte contre la contrebande et l’immigration illégale. Car la plupart des attentats terroristes ont été planifiés et exécutés par des gens habitant les territoires frappées.  Ces murs comportent des coûts sociaux et violent les droits fondamentaux des personnes enfermées. «Nous érigeons des murs, croyant nous défendre, mais ces murs génèrent la peur en rendant invisibles ceux qui se trouvent de l'autre côté», note le géographe David Newman. Une jeune Palestinienne raconte que lors de la première intifada, le temps pour se rendre à l’école est passé de dix à quarante-cinq minutes en raison des barrières et des postes de contrôle.

     L’Église d’aujourd’hui, qui se réclame de Paul, devrait d’urgence réviser sa conception d’une Église-enclos où sont gardées les bonnes brebis. Il y a là aussi des murs invisibles, murs de la loi maudite qui tue. Nous ne bâtirons pas la paix en dressant des murs et nous refermant. Alors mettons-nous à l’ouvrage et abattons les murs et les barrières, visibles ou invisibles, qui divisent et excluent des personnes ou des groupes dans nos sociétés. Un autre monde est possible.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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