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Justice sociale
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chronique du 22 janvier 2010
 

Haïti va s’en sortir…

Magalie Marcelin

Magalie Marcelin a trouvé la mort dans le séisme qui a secoué Port-au-Prince. Exilée à Caracas sous le régime Duvalier dans les années 80, elle obtenait par la suite un doctorat en droit à l’Université du Québec à Montréal. Après la chute du dictateur en 1986, elle retournait se mettre au service de la cause des femmes haïtiennes.

     Elle fonde alors la Maison de la femme (Kay fanm) pour la défense des droits des femmes victimes de violence. C’est une maison refuge où les femmes violentées peuvent être accueillies pour un court séjour. Magalie les écoute et prend leur défense juridique. Avec son aide, les femmes dénoncent leur agresseur qui est poursuivi en cour. Par ses plaidoyers, elle réussira à faire criminaliser la violence faite aux femmes jusque là banalisée.

     Militante, son action est de tous les niveaux. Elle accompagne personnellement les femmes et les défend au tribunal,  rédige des projets de lois qui seront approuvés au parlement, soutient les travailleuses du secteur populaire. Son dernier projet de loi voulait qu’on autorise Kay Fanm à représenter les jeunes filles de moins de 18 ans victimes de viol qu’elle héberge dans la maison Revivre.

     « Une toute petite femme avec une grosse voix grave, qui parlait lentement et avec conviction. Mais quand elle s’enflammait, c’était une véritable bombe qui secouait l’auditoire et soulevait l’adhésion des gens. Une femme de feu », me confie Annie, une militante du Comité de Solidarité/Trois-Rivières, partenaire de Kay Fanm.

     Haïti s’en sortira. « Pitit sé richès maléré » dit avec aplomb le proverbe : les enfants sont la richesse du pauvre. Des Magalie Marcelin, il y en a des milliers dans ce petit pays. Des femmes et des hommes qui luttent au quotidien aux côtés des paysans et paysannes de l’arrière-pays, qui alphabétisent, mettent sur pied des médias alternatifs, travaillent à améliorer le sort de la petite paysannerie, à reboiser les mornes. Ce sont des géantes et des géants de la solidarité. Ensemble, ils sont invincibles. C’est sur de telles personnes que l’on doit compter pour la reconstruction. Magalie vit pour toujours!

Claude Lacaille, pour la Gazette de la Mauricie.

Texte biblique : Juge 4, 4-23 

À cette époque, Débora, femme de Lapidoth, qui était prophétesse, rendait la justice en Israël. Elle siégeait sous un palmier, appelé ensuite palmier de Débora, entre Rama et Béthel, dans la région montagneuse d'Éfraïm. C'est là que les Israélites venaient la consulter. Un jour, Débora convoqua Barac, fils d'Abinoam, de Quédech dans le territoire de Neftali. Elle lui dit : « Voici ce que le Seigneur, Dieu d'Israël, t'ordonne : «Va recruter dix mille hommes dans les tribus de Neftali et de Zabulon et conduis-les sur le mont Tabor . J'inciterai Sisra, chef de l'armée de Yabin, à venir au torrent de Quichon pour t'attaquer avec ses chars et ses troupes, et je le livrerai en ton pouvoir.» » Barac répondit à Débora : « Si tu viens avec moi, j'irai, mais si tu ne viens pas, je refuse de m'y rendre. » — « Je t'accompagnerai donc, déclara-t-elle, cependant tu ne tireras aucune gloire de cette expédition, car c'est à une femme que le Seigneur livrera Sisra. »

(Voir tout le chapitre)

Commentaire

     Le livre des Juges nous fait connaître des prophétesses et prophètes de la période où Israël était encore une simple coalition de tribus, reliées entre elles par une alliance renouvelée chaque année.

     La Palestine était alors une mosaïque de petits états dirigés par des rois enfermés dans leur ville citadelle. Toute la population entourant la ville était pratiquement en état de servage et travaillait à alimenter le palais et l’armée.

     Les tribus des Hébreux vivaient en marge de ces villes-états et ne se soumettaient pas aux impôts, aux corvées et au service militaire. Les Israélites vivaient dans les montagnes, cultivaient leurs champs en commun, prêtaient main forte à leurs alliés en danger. Il n’y avait pas de rois parmi eux et ils étaient jaloux de cette liberté.

     Cependant, ces petites communautés paysannes vivaient toutes sortes de conflits et se trouvaient régulièrement attaquées par des rois voulant les soumettre. Le livre des Juge est témoin de cette période où Dieu mène une lutte sans merci à tous ces ennemis de la liberté de son peuple et suscite chaque fois des prophètes pour faire prévaloir la justice. En pensant à Magalie Marcelin de Port-au-Prince, je me suis aussitôt référé à Débora, la prophétesse qui rendait justice en Israël.

     N’attendons-nous pas toujours que ce soient les grands de ce monde, les Barak Obama, les Harper, les Sarkozy, etc. qui ont le pouvoir de sauver les gens de la misère. La grande crise économique dont on fait accroire qu’elle est terminée nous prouve bien le contraire. Les grands changements de l’histoire ne viennent jamais des puissants qui courent après le pouvoir et l’argent.

     Ce sont les petits eux-mêmes, les Déboras, les Samsons, les Gédéons, les Amos, les Jésus de Nazareth, de petits prophètes vanupieds qui sauvent leur peuple par leur courage et leur foi.  Dans le récit du chapitre 4, Débora donne une bonne leçon au chef Barac qui a peur de ses ennemis : « Je t’accompagnerai donc, cependant tu ne tireras aucune gloire de cette expédition, car c’est à une femme que le Seigneur livrera l’ennemi. » Et vlan! Elle aura pour complice Yaël, une femme de bédouin, qui cachera l’ennemi en fuite dans sa tente et le tuera avec ruse.

     Oui, ce sont les luttes menées par les petits de ce monde, par les groupes de femmes, les gens qui sont au bas de l’échelle, qui peuvent changer le monde, du moment que ces personnes prennent conscience de leur force en étant unies. Magalie Marcelin est l’une de ces personnes qui donnent leur vie par solidarité. Haïti s’en sortira.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Copenhague : pouvons-nous encore sauver le monde?

 

 

 

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