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Jésus
et les bonnes actions
« Je
travaille actuellement à préparer une émission radio
sur les nouvelles formes d'évangélisation. Je cherche une
image dans le Nouveau Testament qui montrerait que toutes actions faites
par un coeur pur sont bonnes aux yeux de Dieu... Est-ce que Jésus-Christ
a dit quelque part que toutes bonnes actions est digne aux yeux du Père
et non seulement celles des fidèles d'une église? Qui peut
prétendre agir selon les voies de Dieu? » Question de
P. Beauchesne.
Je
pense qu'il faut prendre garde de ne pas faire de Jésus un humaniste
en dehors des cadres du judaïsme de son temps. À l'époque,
l'aumône, le jeûne et la prière communautaire étaient
les gestes religieux les plus pratiqués et par conséquent,
les plus commentés par les scribes et autres spécialistes
de la religion. L'héritage spirituel des prophètes comme
Jérémie en particulier, amenait les fidèles du judaïsme
à purifier leur intention pour que ces actions extérieures
correspondent aux sentiments d'amour et de recherche de la justice qu'ils
ressentaient à l'intérieur d'eux-mêmes. Jésus
est allé dans le même sens lorsqu'il a dénoncé
le formalisme de certains pharisiens qui agissaient plus pour être
vus que pour se conformer à l'alliance du coeur. Imaginer une religion
purement intérieure, faite de sentiments très saints habitant
l'intime de la personne, cela n'existait pas à l'époque.
Un juif «non-pratiquant» à ce moment de l'histoire était
impensable. Si on l'était, on était vu comme un apostat,
du moins si on se fie aux textes écrits de l'Antiquité.
L'être humain contemporain de Jésus et des apôtres
est quelqu'un qui fait des gestes religieux avec une qualité variable
de motivation intérieure. Les intellectuels qui vivent la religion
au niveau purement cérébral sont pratiquement inexistants
au 1er siècle.
Jésus est venu pour les brebis perdues
de la maison d'Israël, c'est-à-dire ceux qui faisaient des
actions répréhensibles et qui avaient des motivations confuses.
Il n'a pas dévalorisé l'appartenance à une religion
organisée comme le judaïsme, sa présence dans les synagogues
et au temple le montre bien. Il n'a pas enseigné une religion purement
intellectuelle ou intérieure malgré certaines paroles qui
peuvent le faire croire. Il faut en juger d'après l'ensemble de
sa vie et de sa doctrine.
Cependant il a valorisé les actes
conformes à la volonté de Dieu qui sont accomplis discrètement
et pas nécessairement dans le programme d'une association religieuse.
Nous pensons à la parabole du jugement dernier en Matthieu: le
critère pour entrer au ciel n'est pas de croire ou d'appartenir
à un groupe de disciples mais bien d'avoir donné à
manger à celui qui a faim, à boire à celui qui a
soif...etc (Matthieu
25). Un texte important de saint Paul qui montre une reconnaissance
de la valeur de ceux parmi les païens qui vivent une vie droite est
un extrait d'une épître: « Tout ce qu'il y a de
noble, de juste, de pur, d'aimable, d'honorable, tout ce qu'il peut y
avoir de bon dans la vertu et la louange humaine, voilà ce qui
doit vous préoccuper. » (Philippiens 4, 8) On comprend
que le paganisme de l'Antiquité, malgré son approbation
de l'esclavage, véhiculait de belles valeurs humanistes.
Pierre Bougie, PSS
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