La pourpre et le jasmin
ou le roman de la reine Esther
Michèle Kahn
Monaco, Rocher, 2000, 267 p.
Au Ve siècle avant le Christ, le Croissant fertile est dominé par lempire perse. Les Juifs exilés à Babylone ont eu lautorisation de retourner à Jérusalem et de reconstruire le Temple mais les travaux ne progressent guère. Mardochée et sa nièce Esther quittent Babylone pour retrouver Jérusalem en ruines. Mardochée décide alors de sétablir à Suse, capitale de lempire perse, pour y établir une académie juive.
On rejoint ici la trame du récit du livre dEsther. Mardochée obtient ses entrées à la cour royale. La reine Vashti est condamnée pour avoir désobéi au roi Assuréus. Les plus belles jeunes filles du royaume sont emmenées au palais pour que le roi se choisisse une nouvelle épouse. Parmi elles, on retrouve Esther qui dissimule son origine juive sous le conseil de son tuteur. Lorsquelle est présentée devant le roi, il en fait sa favorite et pose le diadème sur son front.
Sous le conseil dEsther, le roi nomme Mardochée à un poste important. En étant plus proche du roi, il réussit, avec la complicité dEsther, à contrer un complot contre Assuréus. Les instigateurs sont pendus et un nouveau vizir est nommé mais il veut éliminer Mardochée et la nation juive. Cest donc le moment pour la jeune reine de divulguer son secret au souverain, au péril de sa vie, et dimplorer la clémence royale en faveur de son peuple. Esther puise son courage dans le souvenir de Joseph, vendu par ses frères, qui a malgré tout sauvé sa famille lorsque survînt une famine. Le dénouement du récit correspond à celui du récit biblique et les Juifs sont épargnés. Le roman semble ainsi adopter la même visée que le livre dEsther en expliquant lorigine de la fête juive des Pourim qui rappelle, chaque année, la victoire des Juifs alors quils étaient menacés dextermination.
Le roman est basé sur le livre dEsther (versions hébraïque et grecque) et sur une recherche documentaire pour camper le récit dans un contexte historique crédible. Dans la bibliographie que lon retrouve en annexe, on retrouve des classiques comme les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe et de grands noms de la recherche sur le Proche-Orient ancien comme Jean Bottéro, Georges Contenau et André Parrot. Malgré cette recherche historique, on sent que la romancière se réserve toute la liberté nécessaire pour écrire un roman captivant qui fait revivre une figure biblique peu connue dans le monde chrétien.
Sylvain Campeau
Bibliste, Laval