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Comprendre la Bible
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chronique du 19 mars 1999
 

Comment lire l'Apocalypse ?

Question de Simon Gosselin

D'abord, qu'est-ce que l'Apocalypse? L'Apocalypse est-elle un livre qui nous décrit le scénario de la fin des temps? Non, on n'y est pas. Un livre de science-fiction alors? Encore moins. L'Apocalypse est un écrit de circonstances qui fut rédigé dans le contexte historique bien précis : l'instauration du culte de l'empereur romain et la persécution des chrétiens. C'est dans ce contexte qu'il faut d'abord chercher son sens.

Le livre de l'Apocalypse est donc avant tout un message d'exhortation, de consolation et d'espérance pour une période particulièrement troublée.     Quelle intention poursuit donc son auteur? Il veut tout d'abord, comme prophète, donner la signification des événements qui se déroulent en son temps. La persécution sévit certes, mais elle ne saurait durer indéfiniment, car le chrétien sait, dans la foi, que la victoire du Christ sur ses ennemis est déjà acquise dans sa mort et sa résurrection, et il sait aussi que cette victoire se manifestera pleinement à la fin des temps.

     Et c'est pourquoi, au nom de la foi l'auteur dit à ses lecteurs: malgré la détresse du temps présent, la victoire du Christ est déjà assurée, l'Agneau égorgé est vainqueur, et bientôt il va révéler sa puissance à ses ennemis. Au nom de la foi donc, l'auteur entretient l'espérance des persécutés, ranime le courage des tièdes et sollicite la conversion des égarés.

Un monde d'images et de symboles

     Les auteurs d'apocalypses aiment employer des images grandioses, hallucinantes et de nombreux symboles pour transmettre leur vision et leur interprétation de la réalité. C'est un style qui convient aux périodes troublées, quand les forces du mal semblent totalement déchaînées, semant partout la souffrance et la mort. L'utilisation d'images évocatrices fait ressentir profondément, mieux que ne sauraient le faire des idées abstraites, la gravité du moment présent et de l'enjeu où sont impliqués les hommes aux prises avec la souffrance et la persécution.

     On ne saurait prendre au pied de la lettre toutes ces images, ou toutes ces scènes grandioses. Il ne faut pas essayer de les concrétiser en tableaux, de les imaginer visuellement. Comment pourrait-on se représenter l'Agneau aux sept cornes et aux sept yeux (5,6)? Ou encore la Bête qui a sept têtes et dix cornes (13,1)? Il ne faut pas non plus se choquer de ces descriptions bizarres, mais bien essayer d'entrer dans le jeu de l'auteur et de transcrire en idées les symboles qu'il décrit sans se préoccuper de leur incohérence.

     L'auteur de l'Apocalypse nous donne lui-même l'équivalence de certains symboles qu'il utilise. Ainsi, une étoile représente un ange; un candélabre est la représentation d'une Église particulière (1,20); les sept têtes de la Bête peuvent représenter les sept collines de Rome, ou sept rois (17,9-10); le lin d'une blancheur éclatante symbolise les bonnes actions des fidèles (19,8).

     D'autres symboles sont empruntés à la tradition prophétique et sont facilement perceptibles pour quiconque lit régulièrement la Bible. Une femme représente le peuple (12,1-6.13-17), ou une cité (17,1-7.18); des cornes évoquent la puissance (5,6; 12,3), et en particulier la puissance impériale (13,1; 17,3); les ailes font penser à la mobilité et les trompettes à la voix divine (1,10; 8,2). L'épée effilée représente la parole de Dieu qui juge et punit (1,16; 2,12.16).

     Les couleurs elles-mêmes ont une valeur symbolique. Le blanc est symbole de victoire, le rouge de violence, le noir de mort, le verdâtre de décomposition (6,1-8), et l'écarlate de luxe et de débauche (17,4).

     Les nombres prennent également une valeur symbolique. 616 signifie César-Dieu. Sept symbolise la plénitude, la perfection, et six -- sept moins un -- représente l'imperfection. Douze est le chiffre d'Israël, ancien et nouveau; quatre, celui du monde créé, et mille évoque une très grande quantité. Ce qui est dit des chiffres vaut aussi de leur carré, ainsi 144 000, qui est le carré de douze multiplié par mille, ou douze fois douze mille, symbolise les prémices du peuple élu, des saints (7,4-8; 14,1-5).

     Il y a encore d'autres symboles, et il serait fastidieux de tous les énumérer. Il n'est pas utile d'ailleurs de tous les connaître avant de commencer la lecture du livre de l'Apocalypse. Mais il faut savoir, pour faire une lecture intelligente et fructueuse de ce livre, que l'Apocalyptique se meut dans un univers particulier d'images et de symboles, et se reporter aux notes mises au bas des pages d'une bonne édition du Nouveau Testament pour en comprendre le sens.

Pour bien lire l'Apocalypse

Quiconque veut faire une lecture fructueuse de l'Apocalypse doit connaître :

  • Les circonstances dans lesquelles ce livre fut écrit

    Ce livre fut écrit alors que sévissait en Asie mineure et à Rome la persécution de Domitien (vers 90-95). Les chrétiens étaient persécutés parce qu'ils refusaient de reconnaître l'empereur comme seigneur et dieu et de lui rendre un culte.

  • L'intention que poursuit l'auteur en écrivant son livre

    L'auteur veut donner à ses lecteurs chrétiens la signification des événements qui se déroulent en son temps à la lumière de la victoire acquise par le Christ sur ses ennemis dans sa mort et sa résurrection, et qui se manifestera à la fin des temps. Il veut, au nom de la foi, soutenir l'espérance des persécutés, ranimer le courage des tièdes et stimuler la conversion des égarés.

  • Le genre littéraire « apocalyptique »

    Les auteurs d'apocalypses ont une façon de s'exprimer bien à eux. Ils utilisent volontiers des images, des symboles, des techniques qu'il faut apprendre à connaître en lisant les notes mises au bas des pages dans nos bibles.

     Pour faire une lecture fructueuse de l'Apocalypse, il faut surtout avoir le courage... de se mettre à la lire!

Gérard Rochais
Professeur à l'Université du Québec à Montréal

Source: « Un cri pour un monde nouveau : Le livre de l'Apocalypse » dans Les carnets bibliques de SOCABI, Série 1, p. 12,15 et 17-18

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Dans quelle langue fut écrite la Bible?