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Comprendre la Bible
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chronique du 31 août 2012
 

Quoi de neuf dans la TOB 2011 ?

TOB 2010

Elle est sur le marché depuis plus d’un an, mais elle est moins démodée que les robes de la saison. Sur la couverture on lit tout simplement La Bible, en sous-titre Notes intégrales, Traduction œcuménique et le nouveau logo « tob », en bas de page les éditeurs : cerf – BibliO. Il s’agit de l’édition de base, une bible d’étude, toute équipée et en habit de gala. De là sortiront bientôt les éditions populaires: « notes essentielles », introductions simplifiées, format poche, gros caractères, illustrées, reliures variées, etc.

     Elle se présente en beauté mais sans luxe, la mère et future grand-mère de toutes ces éditions : la couverture de toile lisse est à peu près traditionnelle; la reliure est souple, munie de deux signets; le format « de table » (17 x 28 cm) convient mieux que ceux des anciennes Tob. La typographie m’a épaté : le choix de la police, de l’interligne, la teinte de gris ajustée à celle du papier bible, tout concourt à un grand confort visuel. C’est même par la typographie qu’on a résolu le problème délicat de la traduction des noms de Dieu dans l’Ancien Testament; voir en page 8!

     L’outillage de recherche rivalise sérieusement avec ses prédécesseurs. En commençant par la fin, on trouve huit pages de cartes en couleurs, au lieu des trois ou quatre minimales. Deux titres de ces cartes font réfléchir : la Palestine, c’est la région dont le nom évoque l’histoire depuis les Philistins, d’où vient le mot, et le territoire aux frontières encore contestées de nos jours. L’autre, c’est le Levant, une vaste région décrites par les voyageurs anciens, qui a fait rêver bien des poètes et autres. Suivent les plans de Jérusalem, puis la table des matières détaillée. Celle-ci est reprise en condensé sous la forme d’une carte plastifiée qui sert d’aide-mémoire. J’ai retrouvé avec plaisir la Liste alphabétique des notes principales, un outil de ma première Bible, qui initie à l’usage d’un Vocabulaire de théologie biblique, comme l’Index prépare à la Concordance. Ici les Notes remplacent l’Index et le Vocabulaire. Toujours en reculant, deux tableaux un peu mystérieux et les Tableaux chronologiques très précieux, très simplifiés par rapport à d’autres présentations. Enfin, une curiosité : entre les tableaux et les cartes, une dizaine de feuilles immaculées! Sans doute le surplus d’un feuillet qui pourrait servir à des notes personnelles ou à inscrire des événements familiaux. À l’autre bout du bouquin, pages 22-23, un autre tableau fort intéressant qui permet de comparer cinq canons de la Bible.

     Un nouveau système de référence! Pour séparer chapitre et verset, la virgule remplace le point, qui sert encore à indiquer différents versets d’un même chapitre. Attention à la différence entre le trait d’union (-) entre des numéros de versets et le tiret (–) plus long, qui relie des chapitres. Les renvois aux notes sont aussi différents : désormais l’astérisque (*) indique une note en bas de page et non le Vocabulaire comme dans bien d’autres éditions. Autre innovation : le signe de degré (˚) précède le mot concerné par les notes marginales. Exemples en page 8.

     Quant au contenu, textes et annotations, la grosse nouveauté c’est bien sûr le corpus des livres en usage dans la liturgie des principales églises orthodoxes. Mais il y a aussi plusieurs nouveaux paragraphes et retouches dans les introductions et surtout dans les notes en bas de page. La Préface et l’Avant-propos expliquent bien l’intention et les principes guides de cette édition vraiment spéciale. J’ai comparé scrupuleusement les Introductions à la Bible et à l’Ancien Testament de l’édition « intégrale » de 1980 et celles de 2011. Le plan général et la plus grande partie du texte du texte ont été conservés. Il y a tout de même des ajouts significatifs, surtout au début d’un nouveau point ; la nouvelle rédaction est toujours plus limpides ou plus précise. Il y a lieu de penser que la même pratique se poursuit tout le long du travail. La traduction elle-même a subi peu de retouches, dit-on en Avant-propos, seulement pour tenir compte de nouvelles découvertes en archéologie, en histoire ou en linguistique. Quelques exemples en pages 15 et 16 de traductions délicates: certains des noms et attributs divins comme Shaddaï, Dieu jaloux, le mot grec Ioudaï qui a quatre sens selon le contexte et prophétiser qui n’est plus compris comme avant. Tout ça nous donne un bouquin de 2700 pages; ce n’est pas un record, mais pas loin!

     On a six nouveaux livres avec introductions, pour un total de 116 pages. Selon l’usage adopté par la Tob, les livres deutéro-canoniques déjà reconnus sont regroupés à la fin de l’Ancien Testament, précédés d’une substantielle introduction au livres deutérocanoniques plus Les canons de l’Ancien Testament. Suivent les textes reconnus par les catholiques et les protestants, chacun précédé d’une introduction; puis les Autres livres deutérocanoniques admis par les orthodoxes et leurs introductions : ce sont ces nouveaux que nous voulons vous présenter plus particulièrement. Quatre sont imposants car ils font de 16 à 38 pages; il vont par deux : 3e et 4e livre d’Esdras, 3e et 4e Maccabées. S’y ajoutent deux belles prières : celle de Manassé, une bonne page et le psaume surnuméraire, dit 151, sept versets.

     Les livres d’Esdras sont particulièrement intéressants. Il faut d’abord démêler le personnage Esdras, il y en a eu au moins deux; le nom Esdras utilisé comme titre de livre et le texte qui se trouvent sous ces titres. Par exemple, le 3e livre d’Esdras que nous avons ici est nommé 1er Esdras dans certaines compilations parce qu’il raconte au début des événements antérieurs à ceux de notre Esdras, qui passe au numéro 2; notre Néhémie est compté ici comme Esdras 2, etc. Tout cela est bien expliqué dans les introductions. Esdras 3 apporte peu de nouveau par rapport à ce que nous trouvons dans 1 et 2 Chroniques, mais quand même il confirme certaines données dont les Chroniques étaient les seuls témoins. Il exprime une position très sympathique aux « Perses ». Cet Esdras, comme le nôtre, est de lignée sacerdotale et agit comme grand-prêtre, dans un monde où le culte et le temple dominent la vie religieuse. Le style ample, distingué, très grec; est très agréable. Esdras 4 c’est tout autre chose; l’homme, le livre et l’époque n’ont rien en commun avec les précédents Esdras ou Néhémie. D’abord c’est une apocalypse, pas une chronique, que l’on connaît sous le nom d’Apocalypse d’Esdras; cet Esdras-là est un prophète et non un prêtre; il évoque la destruction de Jérusalem par les Romains en 70 A.D. comme un souvenir pénible et décrit la succession des Césars. C’est donc un écrit de la période chrétienne destiné aux juifs persécutés par les Romains. Il fait partie des sources littéraires de notre Apocalypse de Jean, qui en a repris le plan de base, sept grandes visions, et plusieurs images. Tous nos travaux savants sur l’Apocalypse canoniques réfèrent à ce texte, jusqu’à présent inaccessible au monde ordinaire. Comparé à l’Apocalypse canonique, celui d’Esdras se présente sous forme de discours et de discussions suivies d’explications par l’archange Uriel. Par le style, il ressemble plutôt au livre de Job. Comme Jean, l’auteur veut consoler et encourager ses coréligionnaires, des juifs pieux en attente d’un Messie libérateur dans un monde hostile.

     Les livres 3 et 4 des Maccabées n’ont pas beaucoup en commun avec les 1er et 2e Maccabée; ils n’en sont ni la suite ni une reprise. Ce serait plutôt des produits dérivés comme les versions filmées d’un roman ou les « Nouvelles aventures de… ». Ils s’inspirent des événements et des personnages de ces livres et veulent renforcer leur message pour un lectorat d’une époque différente. L’histoire racontée dans 3Maccabées est « largement fictive mais se fonde sur une situation réelle». Mais le message est le même : une invitation à la résistance au pouvoir politique quand il est devenu abusif. 4 Maccabées se présente sous la forme d’un discours philosophique : thèse, arguments, objections, réfutations comme l’a enseigné Aristote (-350), orné d’images, symboles, oppositions et autres procédés. Comme il cite la Septante (-330), il lui est certainement postérieur. C’est un plaidoyer pour démontrer que la sagesse grecque est conforme à la Loi de Dieu.

     La Prière de Manassé se rattache à 2Chroniques 30 et 2Rois 21 qui racontent le règne du roi impie à qui est attribuée cette prière. Exilé à Babylone pour trahison, il y aurait retrouvé la foi au vrai Dieu et composé cette magnifique prière de repentir et de conversion. Elle est utilisée dans les liturgies monastiques orientales et comme « la règle de la prière est la règle de la foi », il a bien fallu la réintégrer. Le psaume 151 appartient aussi à cette tradition monastique et détient la même dignité traditionnelle.
Pour conclure : Oui, la Tob 2011? – Elle est de toute beauté!

NDLR : Ce texte a été écrit par André Pelletier pour les Actualités bibliques, publication des Services francophones de la Société biblique canadienne, qui nous ont permis de vous les offrir.

André Pelletier

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