INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
Vingt-troisième dimanche ordinaire B - 7 septembre 2003
 
Effata. Ouvre-toi!

Guérison d'un sourd-muet (Marc 7, 31-37)
Autres lectures : Isaïe 35, 4-7a; Ps 145(146); Jacques 2, 1-5

 

Ce court récit de miracle présente plusieurs traits curieux : l'étrange itinéraire attribué à Jésus (v. 31), la mise en scène de la guérison (vv. 32-35), l'apparition soudaine d'une foule qui réagit à l'événement (vv. 36-37).

Jésus en territoire de la Décapole

     Les commentateurs se sont demandés pourquoi Jésus, voulant aller de Tyr au lac de Galilée, faisait un long détour par Sidon, située plus au Nord. Aucune solution satisfaisante n'a jamais été trouvée à ce problème. L'important n'est pas de reconstituer en détail la route suivie par Jésus - opération à jamais impossible - mais de noter que la scène à laquelle on va assister se passe en territoire de la Décapole, donc chez les païens. Dans la perspective de l'évangéliste, l'infirme dont il va être question et les gens qui le présentent à Jésus ne sont pas des membres du peuple juif. Comment ont-ils entendu parler de Jésus? Nul ne sait. Mais le récit de miracle qui va suivre va acquérir une portée symbolique: les païens eux-mêmes peuvent être bénéficiaires de la bonté de Dieu.

Le récit de guérison

     Le récit de miracle (vv. 32-35) se déroule selon le modèle classique : présentation du cas (v. 32), intervention de Jésus (vv. 33-34), résultat (v. 35). On ne dit pas pourquoi le sourd-muet a besoin de quelqu'un pour le conduire à Jésus ni qui sont ces personnes qui se chargent de le faire. Marc suppose qu'il est normal d'être conduit à Jésus par quelqu'un d'autre; le rôle des intermédiaires est toujours important dans la rencontre avec Jésus, même si ces intermédiaires restent dans l'ombre.

     Ce récit est étroitement apparenté à une autre histoire de guérison, celle de l'aveugle de Bethsaïde (Mc 8, 22-26), autre épisode propre à Marc. Ces deux textes en quelque sorte jumeaux montrent Jésus accomplissant la prophétie d'Isaïe (Is 35, 5-6). Ne pas oublier que Marc a déjà raconté, en 2, 1-12, une guérison de paralytique : ainsi se trouve complétée la série des prodigues annoncés par le prophète. En redonnant aux infirmes l'usage de leurs sens et de leurs membres, Jésus montre clairement qu'il est venu pour faire échec aux forces du mal, conséquences du péché, et pour établir le Royaume de Dieu.

     Du fait que le bénéficiaire de cette guérison est vraisemblablement un païen, ce récit devient comme une anticipation de la mission universelle qui ne débutera qu'après la résurrection de Jésus. Après la fille de la syro-phénicienne (Mc 7, 24-30), cet habitant de la région de la Décapole (en gros, le nord de la Jordanie actuelle) est le deuxième non-juif à bénéficier d'un miracle de Jésus. On peut risquer une interprétation symbolique de l'événement : sa guérison le rend capable d'entendre la Parole de Dieu et de la proclamer à son tour.

La consigne du silence

     Le lecteur est en droit de se demander à qui s'adresse la consigne de silence du v. 36 puisque Jésus s'est éloigné de la foule avec le malade, du v. 33. Il s'agit d'une composante habituelle des récits de miracle dans l'évangile de Marc. Jésus ne veut pas être reconnu simplement comme un guérisseur plus habile que les autres, il voudrait que les témoins de ses miracles en profitent pour approfondir le sens de sa mission et qu'ils découvrent sa véritable identité. C'est pourquoi il insiste tellement sur la discrétion à observer après chacune de ses interventions miraculeuses, consigne qui est régulièrement violée (v. 36).

     L'acclamation de la foule: tout ce qu'il fait est admirable (v. 37) fait référence à Gn 1, 31 : Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voilà (que cela était) très bon. Par son intervention, Jésus participe à l'œuvre créatrice de son Père; en restaurant les capacités physiques d'une personne malade, il lui permet de vivre pleinement sa dignité d'enfant de Dieu.

Jérôme Longtin, ptre, bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1935. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Figures du passé... pour aujourd'hui